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Expérience de la prière

Experience de la priereExpérience de la prière, Paris, Parole et Silence, format poche, 140 pages, 2016, 8€, 14,95$.

La experiencia de la plegaria, traduction espagnole de San Pablo Mexico.

Extraits de l'introduction 

Réalité commune à toutes les religions et sagesses, la prière est loin d’être démodée dans nos sociétés sécularisées. Des enquêtes montrent qu’à certains moments de leur vie les gens prient, pas nécessairement en public, mais dans le secret de leur coeur. D’ailleurs, les livres sur la prière et la méditation ne manquent pas. Il suffit d’entrer dans une librairie pour s’en rendre compte. J’en ai moi-même écrit plusieurs, dont cinq guides parus aux Presses de la Renaissance dans la collection Les chemins de la prière.

Les livres sur la prière qui me parlent le plus sont ceux qui sont portés par une expérience et une écriture. Leurs auteurs sont avant tout des témoins qui révèlent l’aventure de la prière à travers le prisme de leur expérience, comme si leurs mots étaient brûlés de l’intérieur. Ils n’enseignent pas cette expérience comme on transmet un savoir, car les chemins sont différents pour chaque personne. Ils en témoignent simplement en toute humilité, suggérant ici et là quelques pistes. Le pape Paul VI écrivait avec justesse : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (L’évangélisation dans le monde moderne, no 41).

Le journaliste allemand Peter Seewald demanda un jour au cardinal Ratzinger combien de chemins menaient à Dieu, la réponse du futur pape ne se fit pas attendre : « Autant de chemins qu’il y a d’êtres humains[1]. » Il en est ainsi de la prière. Ce livre propose une expérience de la prière, la mienne, puisée à la source de ma vie et à celle des grands priants. Il me semble que cette expérience personnelle peut toucher les chercheurs de sens de notre temps.

J’ai toujours prié depuis que je suis jeune. La prière a grandi avec moi et a épousé les méandres de ma vie; elle est indissociable de mon amour du Christ. Par la prière, je cherche le Christ et je me laisse chercher; je l’aime tout en me laissant aimer par lui. Je recommence sans cesse chaque matin, car dans ce domaine de la prière nous sommes toujours des « recommençants ». Elle est devenue encore plus importante depuis que je donne des retraites sur l’oraison, autant aux prêtres qu’aux laïcs, aux religieux et religieuses. À la fin de l’une de celle-ci, donnée à des Franciscains de Montréal en octobre 2008, on m’affubla de ce titre qui me va comme un gant : le tisonnier de l’oraison. Si je peux remuer la braise du cœur pour attiser le désir de la prière, afin que celle-ci prenne au corps, mon amour n’en sera que plus ardent.

Il en est de la prière comme de la vie, c’est en l’aimant qu’on peut mieux la vivre. Je dis bien « la » prière et non « des » prières. La prière est un état qui englobe toute la vie; c’est une manière d’être qui est plus proche du silence amoureux que des formules à réciter, plus près du cœur que de la tête. Gandhi disait qu’il valait mieux mettre son cœur dans la prière sans trouver beaucoup de paroles que de dire des paroles sans y mettre son cœur. François d’Assise fait allusion à cet esprit de prière dans une lettre à Antoine de Padoue :

« Il me plaît que tu enseignes aux frères la sainte théologie, à condition que ceux qui se livrent à cette étude n’éteignent pas en eux l’esprit de sainte oraison et de dévotion »[2].

Il s’agit ici « d’être » prière, et de le devenir de plus en plus au milieu des occupations quotidiennes. Cela ne se fait pas en une saison, il faut la maturation du temps, la patience d’une vie et beaucoup d’amour. Pour transmettre cette prière de vie, le témoignage s’avère d’un grand secours. Il s’exerce surtout par la transfusion d’une parole qui crée du sens et par le rayonnement d’une vie qui est présence d’amour. « Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons contemplée, et nous portons témoignage » (1 Jn 1, 2).

Personnelle est l’expérience de la prière, personnelle aussi la manière de l’exprimer. Les mystiques se sont butés à l’impuissance du langage à rendre compte du mystère divin qui les habitait. Comment trouver le ton juste pour dire cette expérience de la prière sans trop la trahir? Comment traduire en des mots limités la relation intime qu’entretient l’être humain avec son Dieu? Tout un défi, car nous touchons ici à la rencontre mystérieuse de la liberté et de la grâce. Le docteur mystique par excellence, saint Jean de la Croix, répondait à cette question de la transmission de l’expérience spirituelle dans le prologue de son Cantique spirituel :

Qui pourra manifester par des paroles les sentiments que [l’Esprit] leur donne, ou les désirs qu’il leur inspire? Personne assurément, pas même les âmes qui sont l’objet de telles faveurs. C’est pourquoi elles se servent de figures, de comparaisons et de symboles pour traduire quelques-uns de leurs sentiments et révéler quelques-uns des nombreux mystères dont elles ont le secret, au lieu d’en donner la raison. Il ne faut lire ces comparaisons qu’avec la simplicité de l’esprit d’amour et l’intelligence de la doctrine qu’elles renferment; sinon on les prendrait pour des extravagances plus que pour des paroles raisonnables [3].

Je parlerai donc de la prière non pas en termes généraux ou impersonnels, mais en me servant de figures, de comparaisons, d’analogies, de symboles, avec, je l’espère, « la simplicité de l’esprit d’amour ». La vie m’en offre des gerbes quotidiennement : une chanson, un tournesol, un chien, une toile, un livre, un soir de juillet, un arbre, le matin, le train, le désert, l’épouse, l’enfant, la souffrance, l’amour… Pour moi, l’expérience de la prière est essentiellement gratuité et vie, amour et liberté.

Cet ouvrage contient cinquante textes qui sont de courts billets ne dépassant pas deux pages. Je les ai classés en quatre parties : prier comme on vit, comme on attend, comme on souffre, comme on aime. Si certains sont inédits, d’autres ont paru dans le magazine français Prier, dans le Prions en Église canadien et son supplément Prière, dont j’ai été le rédacteur en chef durant cinq ans. Ils témoignent d’une prière intérieure qui est essentiellement accueil d’une parole et silence d’une présence, quête d’un visage et attente d’un amour, à la suite des apôtres qui posèrent cette question à Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier ». Mais que de déserts à traverser avant d’apercevoir la source!

Je n’ai pas la prétention d’enseigner à prier, cela est l’œuvre de l’Esprit Saint, le maître par excellence de la prière. On apprend à prier en priant. Je ne peux que saisir la mélodie de la prière dans ma vie, évoquer ses fruits et son feu, me rendre disponible à l’action de l’Esprit Saint, bref, en témoigner avec humilité, me rappelant sans cesse ce « savoir prodigieux qui me dépasse, / hauteur que je ne puis atteindre » (Ps 138 (139), 6). C’est un don de Dieu, rappelle Jean Climaque, moine au mont Sinaï, décédé vers 649 :

« Personne n’apprend à voir. On voit naturellement. Ainsi en est-il de la prière. La « belle prière », on ne l’apprend pas d’un autre. Elle a en elle-même son propre maître. Dieu fait le don de la prière à celui qui prie » [4]

Il en est de la prière comme…


[1]Le sel de la terre, Flammarion / Cerf, 1997, p. 8.

[2]Les écrits de saint François, traduction Damien Vorreux, éd. Franciscaines, 1975, p. 92.

[3] Jean de la Croix, Œuvres spirituelles, Seuil, 1948, p. 673-674.

[4] Jean de Climaque, L’Échelle du paradis, no 28.

TABLE DES MATIÈRES

Introduction 

1. Prier comme on vit

Pour ce qu’il me reste de vivre

Présence de Marie

Mon premier missel

Un soir de juillet

La crise de la quarantaine

Notre naissance

Le livre de la création

La cloche et l’enclume

Le nom de Jésus

La liturgie des Heures

Musique de source

Le beau Dieu

2. Prier comme on attend

Une toile d’attente

Une musique silencieuse

Un modèle d’oraison

Le tabouret de prière

Prier le matin

La brûlure du désert

L’attente de l’Infini

Le tournesol de Dieu

Des aurores boréales

Confiance filiale

Demandez et vous recevrez

Dormir et prier

Prier dans la nuit

3. Prier comme on souffre

Le signe de la croix

La chaise vide

Le wagon-prière

Perdre la prière

Jeûne-prière-aumône

Un instant de compassion

En présence de Dieu

Devant la mer agitée

Une chanson désarmée

Paradoxe chrétien

L’arbre de la Croix

Habiter sa solitude

Le jogging spirituel

4. Prier comme on aime

Méditer la Parole

Un regard d’amour

Un souffle habité

Aimer et mieux prier

Le lieu du cœur

La cellule intérieure

La lyre de l’Esprit

Le génie de Blandine

Amour et vérité se rencontrent

Voir et toucher

Aimer l’Eucharistie

Le silence de l’adoration

Conclusion

LA PRESSE EN PARLE

"Prier comme on vit", tel est le credo de l'auteur qui, dans cet ouvrage, relie l'expérience de la prière à son quotidien. Notamment un voyage en train (p. 79. "Le wagon-prière"). Des petites méditations de deux ou trois pages qui nourrissent une prière tout simple." D'autres sont présentes sur son "blogue" accessible sur son site.
Anne Ricou, Panorama, no 500, septembre 2013, p. 36-37.

En une cinquantaine de méditations, Jacques Gauthier s'ingénie à nous présenter la prière comme une "affaire de coeur". Car c'est avant son plaisir à faire oraison que l'universitaire et écrivain canadien cherche à nous communiquer plus que ses difficultés et ses aridités. D'où le ton chaleureux, aux accents poétiques, de ses chroniques dont plusieurs sont inédites et d'autres parues dans Prier et diverses publications chrétiennes. Et l'on se laisse guider volontiers sur les sentiers de l'aventure intérieure. Quitte à recevoir cet appel à la prière comme une invitation toute personnelle.

 Christine Florence, Prier, Paris, novembre 2009, p. 33.

« J’ai envie de prier mais je n’y arrive plus, je suis coupée. » « Je ne sais pas prier, je pense toujours à autre chose. » Face à la prière, nous sommes tous plus ou moins Monsieur ou Madame tout le monde. Avec ces instants de joie où elle nous habite naturellement au long de nos journées, et ces moments arides où dix fois nous remettons l’ouvrage sur le métier et ne semblons plus capables d’être en prière.

Jacques Gauthier, père de famille, auteur de nombreux ouvrages sur la prière, part de cette expérience vécue universellement, pour partager avec nous sa pratique de la prière « attitude intérieure ». A sa suite, nous entrons dans la prière accueil de l’Autre, la prière silence ou mouvement, qui part toujours de notre désir d’aimer. Une prière qui peut devenir la joie du partage constant avec Dieu de tous ces petits instants qui font notre vie. Prier comme on vit, Prier comme on attend, Prier comme on souffre, Prier comme on aime : chacun se reconnaîtra à un moment ou à un autre à travers l’un ou l’autre des 50 courts billets que nous offre Jacques Gauthier. Et s’en trouvera peut-être apaisé. 
Lucienne Bittar, Choisir, janvier 2010, site Web, cliquer: http://www.cedofor.ch/spip.php?article2878

Voir cet article du journal La Croix, "Les écoles de prière se développent partout en France", dans lequel le livre est recommandé, cliquer:

http://www.la-croix.com/Les-ecoles-de-priere-se-developpent-partout-en-France/article/2402708/4078

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