Ce saint français, contemporain de Louis XIV, a eu une grande influence sur bien des gens. Peu d’hommes ont travaillé autant que lui à répandre la dévotion mariale. Il a ouvert le chemin d’un authentique culte marial.

Saint Louis de Montfort

Le 13 octobre 2000, Jean-Paul II avait confié aux membres du 8e Colloque international de Mariologie, réunis à Rome pour réfléchir sur la possibilité que Grignion de Montfort soit proclamé docteur de l’Église : « Pour moi, saint Louis-Marie Grignion de Montfort constitue une figure de référence significative, qui m’a éclairé dans des moments importants de ma vie » (zenit.org). Sa devise Totus tuus s’inspirait de la célèbre formule du grand apôtre de Marie : « Tout à Jésus par Marie. »

Un désir brûlant pour Jésus et Marie

Louis-Marie Grignion est né à Montfort-sur-Meu, près de Rennes, en 1673, dans une famille très chrétienne et pauvre. Élève des jésuites de Rennes, il entre au séminaire de Saint-Sulpice, près de Paris. Il suit en même temps des cours de théologie de la Sorbonne. Il se fait déjà remarquer par sa foi ardente et son amour des pauvres. Ordonné prêtre en 1700, il travaille comme aumônier de l’hôpital de Poitiers. Trois ans plus tard, il fonde, avec Marie-Louise Trichet, une congrégation hospitalière, les Filles de la Sagesse, qui deviennent vite populaires auprès des enfants pauvres.

Louis-Marie brûle d’un grand zèle pour Jésus et Marie. Il entreprend un pèlerinage à pied jusqu’à Rome où Clément XI lui confère le titre de « missionnaire apostolique » et lui donne le crucifix. Il devient missionnaire itinérant. Il évangélise l’Ouest de la France en utilisant des méthodes peu courantes à l’époque. Il se sert de tout ce qui parle aux sens pour élever l’âme à Dieu : images, tableaux, bannières, calvaires, rosaires, mises en scène, cantiques religieux sur des airs profanes. Il est vite entravé dans ses initiatives apostoliques par des jansénistes, des libertins et des chrétiens conservateurs. Mais cette catéchèse vivante plaît aux gens. Il fait réciter le rosaire et prêche « la vraie dévotion à la sainte Vierge », son « secret » consistant à se donner « tout entier en esclave d’amour à Jésus par Marie ». Il réunit des bénévoles qui l’aident à catéchiser pour fonder la Compagnie de Marie.

À l’exemple de saint Paul, il fait de la folie de la Croix le pivot de son itinéraire spirituel. Crucifié avec le Christ pour ressusciter avec lui, il rencontre incompréhensions et contradictions, même de la part d’évêques, à qui cependant il reste toujours obéissant. Rien ne peut arrêter ce prêtre enflammé qui se voit comme un apôtre marial des derniers temps.

Grignion de Montfort meurt à 43 ans, le 28 avril 1716, au cours d’une dernière mission, à Saint-Laurent-sur-Sèvres. Le petit noyau de la Compagnie de Marie se développera en deux directions : une congrégation religieuse de prêtres (Pères montfortains) et une congrégation de frères enseignants (devenue Frères de Saint-Gabriel au xixe siècle). Béatifié en 1888, Louis-Marie est canonisé en 1947.

De Marie à la Trinité

Louis-Marie de Montfort a écrit quelques livres, dont le Traité de la vraie dévotion à la Vierge. Avant d’être une élaboration théologique, sa doctrine part d’une expérience vécue. Pour lui, tout vient du Père et tout retourne au Père. Au cœur de ce trajet spirituel, il y a Marie, Épouse de l’Esprit et Mère de la Sagesse, qui conduit à Jésus, Sagesse incarnée, qui nous mène au Père. Marie, Mère de Dieu, devient le meilleur chemin pour aller au Christ. Elle obtient de lui tout ce qu’elle veut et elle donne son Fils à qui le lui demande. C’est sa façon d’être mère pour nous. Grignion de Montfort expérimente au jour le jour la puissance de l’intercession de Marie.

Il est important de comprendre que Marie est toute relative à Dieu. Bérulle (1575-1629) a montré que sa maternité divine est liée à la paternité divine, puisque le Père engendre éternellement le Verbe. Lorsque nous accueillons Marie dans notre vie, le Christ se forme en nous. Marie, le Christ et l’Esprit nous introduisent au cœur même du mystère trinitaire qui est relation d’amour.

Grignion de Montfort affirmait que lorsque l’Esprit Saint voit Marie dans une âme, il y bondit. Le secret est donc d’être tout à Marie. Comment? Par le Saint Esclavage, répond Louis-Marie, c’est-à-dire en se consacrant tout entier à Marie, en faisant toute chose avec Marie, en Marie, par Marie et pour Marie. Il invite les chrétiens à demeurer en Marie; j’ajouterais, comme on habite une maison aimée. Marie devient ainsi notre espace vital, notre air bienfaisant, notre lieu de prédilection où il fait bon vivre, respirer, aimer. Il écrit au no 47 du Secret de Marie:

"Il faut faire toutes choses en Marie, c’est-à-dire qu’il faut s’accoutumer peu à peu à se recueillir au dedans de soi-même, pour y former une petite idée ou image spirituelle de la sainte Vierge. Elle sera à l’âme l’Oratoire pour y faire toutes ses prières à Dieu, sans crainte d’en être rebutée; la Tour de David pour s’y mettre en sûreté contre ses ennemis; la Lampe allumée pour éclairer tout l’intérieur et pour brûler de l’amour divin; le Reposoir sacré pour voir Dieu en Elle et avec Elle. Marie enfin sera à cette âme son unique Tout auprès de Dieu et son recours universel. Si elle prie, ce sera en Marie; si elle reçoit Jésus par la sainte Communion, elle le mettra en Marie pour qu’il y prenne ses complaisances. Si elle agit, ce sera en Marie; et partout et en tout elle produira des actes de renoncement à elle-même".

Consécration à Jésus par Marie

Le mot « esclavage » utilisé par Grignion de Montfort heurte nos sensibilités. C’est un peu la même chose lorsque Thérèse de Lisieux parle d’être « victime » d’amour. Les saints sont tellement enracinés dans leur époque qu’ils utilisent des mots de leur temps pour dire leur expérience, tout en donnant à ces mots un sens profond. Certains mots vieillissent mal. En employant les termes « esclave » et « victime », Louis-Marie et Thérèse nous disent ceci : laissez-vous envahir par l’amour de Dieu qui veut tout consumer en vous, un amour qui respecte votre liberté, qui s’abaisse pour vous transformer et qui demande votre « oui ».

Nos « oui » ne sont-ils pas ceux de l’Esprit Saint en nous? Ils s’ajoutent au fiat de Marie, réponse de Dieu à tous les « non » de l’histoire. La résurrection de Jésus et l’Assomption de Marie sont le « oui » définitif du Père devant la mort vaincue.

En vivant avec Marie l’aventure de la foi, dans l'action et la contemplation, le Christ s’enfante en nous et nous l’aidons à naître chez les autres. Chaque matin, à la fin de mon temps d'oraison silencieuse, j'aime reprendre l'acte de consécration à Marie, inspiré de saint Louis-Marie Grignion de Montfort:

Je te choisis, aujourd’hui, ô Marie,
en présence de toute la cour céleste,
pour ma mère et ma reine.
Je te livre et consacre,
en toute soumission et amour,
mon corps et mon âme,
mes biens intérieurs et extérieurs,
et la valeur même de mes bonnes actions
passées, présentes et futures,
te laissant un entier et plein droit
de disposer de moi,
et de tout ce qui m’appartient sans exception,
selon ton bon plaisir,
à la plus grande gloire de Dieu,
dans le temps et l’éternité.
Amen.

Pour aller plus loin: Les saints, ces fous admirables.

Pour lire tous les articles de ma neuvaine à Marie, donnée au Sanctuaire Marie-Reine-des-Coeurs de Chertsey, du 14 au 22 août 2021: cliquez ici.

Vidéo ajoutée le 8 septembre 2021, qui est la cinquième conférence de la neuvaine à Marie donnée au Sanctuaire Marie-Reine-des-Coeurs de Chertsey, au Québec. Je présente la vie et la spiritualité de saint Louis-Marie Grignon de Montfort.

Dernière vidéo de la neuvaine, ajoutée le 27 septembre 2021, sur le sens de la consécration à Jésus par Marie selon Grignion de Montfort. Pour voir la liste de toutes les vidéos de la neuvaine, cliquez ici.