Un prêtre du diocèse de Gatineau m’a demandé l’an dernier d’écrire le témoignage de ma vie de foi. L’article, qui a servi de méditation lors d’une rencontre diocésaine, est paru dans le Prions en Église du 31 mai 2020.

Ma foi et ma vie ne font qu’un; elles se nourrissent mutuellement. Je parle ici de la foi chrétienne, qui est un trésor enraciné dans le terreau de mon existence, une aventure commencée par les Apôtres et que je poursuis au cœur des réalités terrestres. Je ne peux que rendre grâce au Père pour cette richesse de la foi qui donne un sens à ma vie et à ma mort, fonde mon espérance dans le Christ et me rend joyeux dans l’Esprit. 

J.Gauthier 2 juin 2020

Aimé de Dieu

Il n’y pas de recettes pour vivre la foi, si ce n’est d’aimer, de se donner, à la manière de Jésus, en prenant le chemin des Béatitudes. Je crois en son amour miséricordieux, en sa présence en moi et dans les autres. Ma foi en sa résurrection est pour moi liberté de l’esprit et ouverture de l’intelligence. J’ose l’exprimer dans mes livres et retraites, en poésie ou non, sur mon blogue ou ailleurs, comme en ce moment dans cet article.

Je suis aimé de Dieu, voilà l’essentiel de ma foi. C’est un don qui passe par mes sens et la fidélité à ce que j’appelle « les cinq p » : parole, prière, pardon, pain, présence. J’écoute la parole de Dieu qui guide mes pas. Je m’exerce à le voir par une prière de silence qui me transforme. Je le touche par le pardon qui me guérit. Je goûte son pain descendu du ciel qui me nourrit. Je sens obscurément sa présence au-dedans, comme si je voyais l’invisible. Le Christ se transfuse en moi quand je demeure en son amour pour rendre le monde plus humain et la terre habitable.

Je tiens à vivre ma foi chaque jour en aimant mon épouse, mes enfants, les personnes que je rencontre, surtout les plus souffrantes. Je les aime imparfaitement, mais je veux aimer; même quand ça fait mal, lorsque le doute m’assaille dans la nuit du combat spirituel. Ma souffrance elle-même devient féconde en étant assumée dans l’amour et le pardon. Je porte tout cet amour en Église, en faisant eucharistie avec mes frères et sœurs, source et sommet de ma foi. 

Devenir saint

Ma foi est une écoute et une réponse, un regard et un toucher, une nuit et une lumière. Elle puise à la source biblique, à l’expérience de mon cœur et à celle des saints et saintes, surtout de Marie, la mère qui me console, m’encourage, me soutient. La foi mobilise tout ce que je suis et engage profondément mon existence dans l’instant présent.

Par la foi, je désire la sainteté, qui est Dieu en moi et moi en lui. C’est une question d’accueil et d’amour, non de perfection et de performance. La sainteté est la plénitude de la vie chrétienne, l’œuvre de l’Esprit Saint qui me configure au Christ, le Saint par excellence. « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Ga 2, 20) 

La parole de Dieu, la prière et les sacrements demeurent les moyens les plus simples et les plus directs pour devenir saint. Je n’ai qu’à m’unir à Dieu dans la foi, l’espérance et l’amour. Là est l’essentiel, me rappelle le pape François dans sa très belle exhortation sur la sainteté : Gaudete et exsultate, (Dans la joie et l’allégresse). « Le primat revient aux vertus théologales qui ont Dieu pour objet et cause. Et au centre se trouve la charité. Saint Paul affirme que ce qui compte vraiment, c’est la « la foi opérant par la charité » (Ga 5, 6). (no 60)

Pour aller plus loin: Devenir saint (Emmanuel / Novalis); L'aventure de la foi (Parole et Silence).
Voir aussi d'autres articles de blogue sur mon témoignage de foi.

Vidéo de cet article dans ma chaîne YouTube, ajoutée le 2 juin 2020.