Jésus fait preuve d’une grande originalité et d’une profonde familiarité avec Dieu en le nommant Abba. Cette expression araméenne utilisée par les enfants pour appeler leur père est l’équivalent de « papa ». C’est peut-être le plus beau nom de Dieu, même si son mystère est impénétrable. Le Père parle toujours en son Fils Jésus, même lorsque nous pensons qu’il se tait. « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé » (Matthieu 6, 8).

Nous avons besoin de mots, de noms, pour traduire qui est Dieu : El, mot hébreu qui évoque la puissance et qui donne « le Très-Haut » ; YHWH, nom imprononçable qui désigne l’être et le devenir, traduit par « Seigneur », « l’Éternel » ou « Yahvé ». Que ce soit ThéosDeus, Dieu, Abba est peut-être le nom qui dit le mieux ce qu’il est : amour. 

priere eglise

Notre Père

En apprenant à ses disciples à prier, Jésus les invite à appeler Dieu « notre Père ». Le Père appartient à ses enfants. En osant dire « Père », nous touchons Dieu en plein cœur. La prière de Jésus nous inclut dans l’unité trinitaire et nous communique la vraie liberté des enfants de Dieu, pour que nous rayonnions de son amour dans le monde. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jean 17, 21).

L’image terrestre la plus fidèle de cette paternité divine n’est-elle pas celle de Joseph, l’époux de Marie, le premier à qui Jésus a dit « Abba» ? Par sa vie et ses paroles, le Christ nous dit ce qu’est le Père pour lui et ce qu’il est pour nous. C’est ce qui fait la spécificité chrétienne : connaître le Père en son Fils, dans l’Esprit. « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba! », c’est-à-dire : Père ! » (Romains 8, 15)

Une nouvelle traduction

Une nouvelle traduction du Notre Père est entrée en vigueur depuis un certain temps. Quelle belle occasion de réciter cette prière essentielle avec encore plus de conviction et de recueillement. Nous ne disons plus : « ne nous soumets pas à la tentation », mais « ne nous laisse pas entrer en tentation ». Cette traduction n’est pas parfaite, mais elle a le mérite de montrer que ce n’est pas Abba qui nous tente, comme le rappelle ce texte de saint Jacques : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. » (Jacques 1, 13-14) 

 La demande « ne nous laisse pas entrer en tentation » rappelle celle de Jésus à ses disciples qui se sont endormis au jardin de Gethsémani : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation » (Marc 14, 38). Qu’on le veuille ou non, il y aura toujours des épreuves et des tentations dans nos vies, comme Jésus lui-même l’a vécu. Avec lui et en toute confiance, demandons au Père de nous délivrer du Mal, ou du Tentateur, comme le propose la Traduction œcuménique de la Bible. En priant Abba, notre Père, le Malin s’enfuit et le règne de Dieu arrive.

Article paru dans Prions en Église Canada, 28 juillet 2019, p. 33-34.

Pour aller plus loin: Petit dictionnaire de Dieu (Novalis); La prière chrétienne, guide pratique (Presses de la Renaissance).