La vie est souvent représentée comme un pèlerinage et la mort un passage. Les âges de la vie sont des étapes que nous traversons au gré des saisons. Nous marchons sur des chemins de joie et de douleur, mais nous savons que nous allons vers la gloire, puisque la mort a été vaincue par la résurrection du Christ, lui qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14, 6).

Saint Jacques de Compostelle

En marche vers Dieu

Nous sommes des pèlerins ici-bas, nous marchons vers Dieu qui n’est qu’amour et lumière. Parfois, nous nous arrêtons. Une parole nous tire alors de notre torpeur et nous fait prendre la route. L’étoile de la foi nous guide, à l’exemple des mages, et nous habitons notre cœur, éclairés par la Parole de Dieu.

Cette marche se vit concrètement sur les chemins de différents pèlerinages. Celui de Compostelle, souvent qualifié de « chemin d’étoiles », est le plus célèbre. L’Association québécoise des pèlerins et amis du Chemin de Saint-Jacques aide les pèlerins, quelles que soient leurs motivations, à mieux se préparer physiquement, mentalement et spirituellement pour entreprendre une telle aventure. Vous pouvez trouver des informations sur leur site Web.

Tous n’ont pas l’occasion, l’argent ou le temps de « faire » Compostelle. D’ailleurs, la moyenne d’âge des pèlerins est surtout entre 50 et 70 ans, donc plusieurs sont à la retraite. Il y a au Canada des mini Compostelle, comme celui du Sanctuaire des Saints Martyrs Canadiens à Midland en Ontario, ceux de la Gaspésie et du Saguenay, de l’Outaouais. Les gens partent à pied pour se rendre vers un lieu sacré, une église, un sanctuaire. Il y a surtout au Québec le Chemin des Sanctuaires qui s’étend sur plus de 820 km et relie plusieurs grands sanctuaires comme l’Oratoire Saint-Joseph, Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine et Sainte-Anne-de-Beaupré.

Un voyage intérieur

Lors d’un reportage à l’émission Le Jour du Seigneur à Radio Canada, on avait suivi quelques pèlerins qui étaient partis de la cathédrale d’Ottawa pour se rendre à l’Oratoire Saint-Joseph, en passant par Rigaud. Diverses raisons motivaient un tel pèlerinage. Pour certains, c’était un dépassement, un défi, une rupture avec le quotidien. Plusieurs affirmaient qu’ils n’étaient plus les mêmes après ce voyage intérieur sur « Le chemin des Outaouais ». La route avait fait son chemin en eux et leur avait donné une direction. Voici quelques-uns de leurs commentaires :

« On part en groupe, mais on marche seul. On se retrouve soi-même. On vit un jour à la fois ». « Au début, je marchais assez vite, puis j’ai pris mon temps ». « Mentalement, il faut ralentir, regarder la nature ». « C’est un défi pour aller au bout de soi ». « On est accueilli par des gens chaleureux ». « La région est tellement belle ». « J’ai trouvé la paix ».

Que l’on parte en pèlerinage ou non, nous sommes déjà des pèlerins sur cette terre. L’amour est le seul bagage qui vaille la peine d’apporter. Le vrai sanctuaire vers lequel nous marchons est celui de notre cœur où Dieu demeure. La route sacrée qui mène à ce Dieu caché est l’autre à aimer, mon prochain. Pas besoin de partir bien loin pour vivre ce pèlerinage de l’amour, le quotidien s’en occupe. Ainsi, il peut arriver que partir pour Compostelle ou ailleurs peut devenir une fuite du « vrai de la vie », selon l’expression de Thérèse de Lisieux, la sainte des petits pas.

Mon article est paru dans le Prions en Église Canada, 23 août 2015, p. 35-36.
Pour aller plus loin sur les chemins de Dieu, voir mon Petit dictionnaire de Dieu.