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Le blogue de Jacques Gauthier

L'appel universel à la sainteté

L’appel à la sainteté vient de Dieu lui-même. Cet appel est déposé au plus intime de notre être. Il prend différentes expressions : plénitude de vie, perfection dans l’amour, aspiration au bonheur, plus grande humanisation, dépassement de soi, désir de faire le bien… C’est là le plan d’amour du Père pour chacun de ses enfants, fils et filles adoptifs par Jésus Christ. Le pape François mentionne cette vraie vie dès le début de l’exhortation Gaudete et Exsultate :

Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. (1)

Le concile Vatican II a mis la sainteté à l’honneur en affirmant que « tous sont appelés à la sainteté ». Le pape Jean-Paul II a actualisé cet appel en plaçant la sainteté comme le fondement de tout programme pastoral dans sa lettre apostolique Au début du nouveau millénaire. Le pape Benoît XVI s’est situé en droite ligne de ce programme pastoral. Il a donné, de 2006 à 2011, plusieurs catéchèses du mercredi sur les Apôtres, les Pères de l’Église, les saints et saintes du calendrier liturgique.

Dans son exhortation sur la sainteté, le pape François montre que la sainteté est l’accueil de l’amour de Dieu dans nos vies.

Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. (no 14)

Alliance

Vivre le baptême reçu

Tenter de définir la sainteté, c’est vouloir cerner le mystère de Dieu et, par conséquent, le mystère de l’homme. Dieu s’est fait parole dans le monde et visage en l’être humain. Quelle image pourrait bien le représenter, sinon celle qu’il a déjà livrée, l’homme et la femme, créés à son image (Gn 1, 27)? C’est après avoir créé Adam et Ève qu’il se reposa le septième jour, car il avait trouvé en leur cœur le lieu de son repos.

Mais le cœur humain est compliqué. Il est libre d’être le rival de Dieu ou son partenaire, de l’ignorer ou de l’aimer, de le voir comme un Père tendre ou comme un Dieu vengeur. Créés à l’image du Dieu trois fois saint, nous sommes appelés à lui ressembler. « Soyez saints pour moi, car moi, le Seigneur, je suis saint » (Lv 20, 26). Saints, ne le sommes-nous pas depuis le jour de notre baptême, où nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, participant ainsi à la sainteté même de Dieu ? Saint Paul nous le rappelle dans ses lettres : « À vous qui êtes appelés à être saints » (Rm 1, 7) ; « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » (Ep 1, 4) ; « vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu. » (Ep 2, 19)

Si nous sommes déjà saints par le baptême, comment le devenir dans la vie de tous les jours ? Je répondrais spontanément : en vivant le baptême reçu. « Deviens ce que tu es », disent les philosophes. Pour les chrétiens, l’ancien adage peut se formuler ainsi : deviens Dieu, que tu as reçu au baptême. Ce devenir humain et chrétien passe par le Christ, vrai Dieu et vrai homme. Il est le Saint de Dieu qui a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Il envoie l’Esprit qui nous donne le souffle nécessaire pour vivre les Béatitudes, charte de la vie chrétienne et de la sainteté. 

Devenir une œuvre d’amour

Devenir soi-même, devenir chrétien, devenir saint, c’est tout un. C’est réaliser pleinement et en toute liberté ce qu’il y a de meilleur en nous, de plus beau et de plus vrai. Ce travail d’humanisation et de divinisation est l’un des fruits de l’Esprit Saint. La sainteté est son œuvre d’art. Il peint en notre âme le visage du Christ quand nous aimons, prions, pardonnons, témoignons avec audace et courage de l’amitié de Dieu. Il nous apprend l’art de vivre l’Évangile, qui est la vie en plénitude. Il fait en nous une œuvre d’amour quand nous servons le Christ dans les plus souffrants. 

Sainteté, accueil et hospitalité vont ainsi de pair. Et cela commence entre nous, avec nos enfants, notre conjoint ou conjointe, nos sœurs et frères, nos voisins, tous les autres, qu’ils soient au bureau et à l’usine, dans les centres commerciaux et les salles de classe, les hôpitaux et les prisons. 

Devenir saint, c’est devenir la personne que le Père a voulu que nous soyons en nous créant dans son Fils. C’est réaliser la mission qu’il nous destine en union avec le Christ. C’est ne pas désespérer de l’humanité, puisque Dieu lui-même s’est incarné en elle. Les saints nous y aident en libérant le saint qui est caché en nous.

Les saints sont ceux en qui Dieu fait tout, et ils ne sont pas nécessairement sur les autels. Les saints connus de Dieu seul ne sont d’aucun calendrier officiel. Ces saints du réel quotidien, on les retrouve souvent dans nos propres familles : ces ancêtres qui nous ont précédés dans le Royaume; ces pères et mères de famille qui, en se donnant à leurs enfants jour et nuit, ont bâti l’Église; ces jeunes de nos villes qui n’ont souvent que leurs blessures pour y faire jaillir l’eau vive de l’Esprit. Ce sont aussi ces prêtres, religieux et religieuses, laïcs et missionnaires, qui ont enfanté les autres à la foi au Christ ressuscité. Le souvenir de leur témoignage nous inspire la route à prendre pour arriver à bon port. Cette liste de saints anonymes et magnanimes, jeunes et vieux, blessés et aimés, faibles et vulnérables, heureux et malheureux, est dressée au carrefour des chemins du monde. Ce sont des icônes du Royaume qui nous révèlent la beauté et la joie de Dieu.

Cet article est tiré du premier chapitre de mon livre Devenir saint. Petit mode d'emploi (Emmnuel/Novalis).
Lire aussi cet article précédent du blogue: Devenir saint.
Pour aller plus loin, mon florilège Les saints, ces fous admirables, Novalis/Béatitudes, 2018.

Deuxième vidéo de 30 minutes de la retraite sur la sainteté  dans ma chaîne YouTube.

La sainteté des gens ordinaires
Devenir saint: petit mode d'emploi

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samedi 20 avril 2024

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