Voici le dernier de six entretiens d'une retraite sur saint Joseph. Vous pouvez la suivre dans ma chaîne YouTube en visionnant les 6 vidéos de 25 minutes.  

La vie de Joseph, comme celle de la Sainte Famille, est d’abord cachée en Dieu. Jésus, Marie et Joseph mènent une vie très simple à Nazareth en effectuant avec amour les petites choses du quotidien. Plusieurs de ses paraboles sont probablement inspirées de sa vie à Nazareth. Lorsqu’il parle de semailles et de moissons, du bon grain et de l’ivraie, du figuier sans figues, des ouvriers de la vigne, du bon samaritain, il a peut-être d’abord vu ces réalités dans son village

Le silence de la foi

Il y aurait beaucoup à dire sur cette vie cachée à Nazareth où, en voyant agir ses parents, Jésus apprend l’accueil de l’autre, le don de soi, le souci des pauvres, la solidarité envers les exclus. Mieux vaut garder silence, comme Joseph l’a si bien fait, un silence d’humilité et d’émerveillement, un silence d’écoute et d’accueil. Paul Claudel écrivait : « Saint Joseph est silencieux comme la terre à l’heure de la rosée. » C’est l’homme des lentes germinations intérieures.

Que peut dire Joseph devant le mystère de l’enfant qui lui échappe ? Ses gestes et ses actions tiennent lieu de parole. Son silence est celui de la foi et jaillit d’une vie contemplative profonde. C’est un cœur qui écoute. Le silence de Joseph est intérieur ; il est communion au mystère. Il fallait que cet homme ait une vie intérieure très riche pour écouter les anges, habiter ses silences, laisser la place à Marie, vivre la chasteté avec elle, partager son intimité au-delà de la reproduction biologique, demeurer dans une attention amoureuse à Dieu. 

L’amour paternel de Joseph a influé sur son fils et l’amour filial de celui-ci a reflué vers son père. Ils ont vécu une relation singulière qui ressemble beaucoup à la vie d’oraison, appelée aussi prière contemplative, qui est un cœur à cœur amoureux fait de silence et d’écoute, un entretien intime où l’on se sait aimé par Dieu, même si l’on ressent assez souvent de la sécheresse et de l’ennui. L’amour de Dieu aide à vivre cette aridité en l’offrant. 

Thérèse d’Avila, grande pédagogue de l’oraison, a compris que suivre Joseph, c’est communier au Christ ; c’est entrer dans le langage que Dieu préfère, le silence. Elle conseillait de prendre saint Joseph comme maître d’oraison : « Que celui qui n’a pas de maître dans l’oraison, prenne ce glorieux saint pour guide, il ne risquera pas de s’égarer. »

Le pape François écrit dans sa lettre apostolique sur saint Joseph, Patris Corde: "La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil, de cette réconciliation, qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande, un sens plus profond."

Saint Joseph mort

Patron de la bonne mort

L’Évangile ne nous parle pas de la mort de Joseph, ni celle de Marie. Nul ne sait à quel moment Joseph est décédé, mais c’est sûrement avant la mission publique de Jésus. Il s’efface comme il est venu, il disparaît dans la lumière. Comme le patriarche Jacob avait eu la joie de voir grandir son fils Joseph, le charpentier aura eu la joie de vivre dans le voisinage de son fils, le couvrant d’affection et le voyant devenir un homme. Joseph fut épargné de voir son fils flagellé, couronné d’épines, crucifié. Aurait-il pu supporter une telle violence ? Il a probablement vécu une belle mort entre Jésus et Marie. Ils lui ont fermé les yeux, lavé son corps, l’enveloppé dans un linceul. 

Joseph peut nous aider à nous préparer à vivre aussi ce grand passage de la mort à la vie éternelle en toute sérénité. S’il est invoqué comme patron de la bonne mort, c’est d’abord qu’il fut assisté dans sa mort par Jésus et Marie. Si Marie est la mère de l’Église, son époux Joseph en est le patron officiel. Et il nous accompagne fidèlement jusqu’au jour de notre mort où nous verrons Dieu face à face. 

Le culte à saint Joseph

Aujourd’hui, saint Joseph a une place importante dans l’Église, mais il n’en fut pas toujours ainsi. Contrairement à son épouse Marie, la mère de Dieu et notre mère, son culte va se développer très lentement. Pourtant, il est certainement le plus grand des saints après Marie, puisqu’il est celui qui, avec Marie, s’est approché le plus près du Verbe fait chair. Il reçut de Dieu les dons nécessaires à l’accomplissement de sa mission, resplendissant de la lumière de son fils, le Soleil de justice.

Joseph fut d’abord vénéré en Orient à partir du IVe siècle, puis de quelques saints et saintes qui vont évoquer sa figure en Occident, à côté de celle de Marie. Même si on le prie peu jusqu’au XIIe siècle, le cistercien saint Bernard va évoquer sa grandeur, en lien avec la figure du Christ, ainsi que le franciscain saint Bernardin de Sienne. 

Il faut surtout attendre Thérèse d’Avila (1515-1582) pour que son culte se répande en Occident. Elle mettait sous sa bienveillance les carmels qu’elle fondait. Sa confiance envers ce grand protecteur était sans borne. Elle disait que si Jésus a fait tout ce que son père lui demandait sur la terre, il continue au ciel de lui obéir lorsque nous lui offrons nos intentions de prière. « Les âmes gagnent beaucoup à se confier à saint Joseph. Depuis plusieurs années que je lui demande quelque chose le jour de sa fête, il m’a toujours exaucée ; lorsque ma demande n’est pas tout à fait juste, il la redresse, pour mon plus grand bien ».

Au 17e siècle, la dévotion à la Sainte Famille et à saint Joseph sera très présente en France et en Nouvelle-France. Le jésuite Jean de Brébeuf confie ces pénibles voyages au « nouveau patriarche des Hurons ». Marie de l’Incarnation fait de même. Joseph va devenir un prénom très répandu parmi la population. Il sera le patron du Canada. L'Oratoire du Mont Royal demeure le plus grand leu de pèlerinage au monde consacré à saint Joseph.

Notons que le 7 juin 1660, saint Joseph est apparu sur un rocher à Cotignac, dans le sud de la France, à Gaspard Ricard, un jeune berger assoiffé. Il aurait dit : « Je suis Joseph, enlève le rocher et tu boiras. » Le berger enleva aisément le rocher et il but. Cette source coule encore aujourd’hui et attire les pèlerins. On peut y lire sur le rocher : « Source Saint Joseph. Puisez aux sources du Sauveur. 1660 ».

Ce n’est pourtant qu’en 1870, que Pie IX proclame saint Joseph patron de l’Église universelle et fera du 19 mars sa fête solennelle. En 1889, Léon XIII lui donne officiellement le titre de saint patron des pères de famille et des travailleurs. Il est ainsi fêté le 1er mai, jour de la fête du Travail, suite à une décision de Pie XII. Jean XXIII le fait ajouter à la liste des saints invoqués au Canon de la messe avant la consécration. Paul VI déclare saint Joseph « protecteur de la famille » le 19 mars 1971. Jean-Paul II lui consacre un texte important en 1989: Redemptoris Custos

Depuis le 1er mai 2013, la Congrégation pour le Culte divin a décrété "que le nom de Saint Joseph, Epoux de la Vierge Marie, soit désormais ajouté aux Prières eucharistiques II, III et IV de la troisième édition typique du Missel Romain, après le nom de la Bienheureuse Marie toujours Vierge".Le pape François publie en décembre 2020 une lettre apostolique sur saint Joseph intitulée Patris corde (Avec un cœur de père)

Prière

Joseph, compagnon du silence et de la Parole, 
apprends-nous cette attention intérieure du coeur 
qui nous rend disponibles à la présence de Dieu, 
malgré les maladies, les sécheresses, les épreuves.
Fais-nous entrer dans la contemplation du Christ 
pour que nous partagions comme toi son intimité. 
 

Cet article est tiré en partie de mon livre Saint Joseph, homme de foi, p. 50-70.

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Dernière vidéo de 25 minutes d'une série de six de la retraite sur saint Joseph, ajoutée le 25 mars 2021.