Dans une entrée de mon Petit dictionnaire de Dieu, j'affirme que Dieu ne se démode pas, car il n'est pas une idole que l'on fabrique au gré des campagnes de publicité et dont l'apparition suscite la frénésie. Il faut sans cesse dépasser la conception que l’on se fait de Dieu. On dirait aujourd’hui que c’est là le plan de marketing de l’enseignement biblique. Le culte est dû à Dieu seul et non à une idole qui tente de le remplacer : l’argent, le pouvoir, le sexe, le jeu, l’ambition, le succès… En d’autres mots : où va mon amour ? Désirer vouloir prier Si Dieu est mon amour, je prendrai du temps dans la prière pour lui parler, l’écouter, le rencontrer, demeurer en sa présence. Le dialogue fait partie de l’amour, c’est ainsi que dans la prière nous parlons à Dieu de nos besoins et nous nous ouvrons à son action en s'y abandonnant...
Le blogue de Jacques Gauthier
Vous ai-je déjà dit que l'Avent est le temps liturgique que je préfère? La prière proposée par l'Église est faite de désir, d’attente et d’espérance. "Viens, Seigneur Jésus"! Cela montre bien que la liturgie est mémoire de l’Église, tradition vivante de la Parole, identité du chrétien. En faisant mémoire de la parole de Dieu, le silence n’est pas vide et l’espérance se transmet à même la mémoire de nos pères et mères dans la foi : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur » (Jérémie 33, 14). L’Avent m’invite à passer du besoin illusoire qui ne comble pas au désir d’aimer qui fait vivre. Je trouve là mon identité profonde d’enfant de Dieu, créé à son image et à sa ressemblance. Le corps priant de l’Église Dans nos sociétés occidentales, la personne est souvent figée dans l’instant, sans mémoire, coupée de ses racines, ignorant son histoire, incapable de se...
Dès que j'arrive à Paris, et que l'horaire me le permet, il me faut gravir la colline de Montmartre, comme si j'étais attiré par une pierre d'aimant. Au sommet de la butte, je prends quelques minutes pour admirer la ville et le quartier, puis je m’engouffre dans la basilique du Sacré-Cœur, poussé par une force intérieure. Je me recueille pendant une heure au moins pour une autre contemplation, l’adoration eucharistique. Je brode de l’éternel avec le temps qui passe. Je me sens bien petit sous le plafond de l’abside, décoré d’une superbe mosaïque, la plus grande de France, qui représente le Sacré-Coeur de Jésus ressuscité. Ses bras ouverts m’accueillent tel que je suis. Je ne résiste pas à ce cœur doux et humble. Les yeux fermés, je vois autrement. Conduit par l’Esprit Saint, je répète intérieurement et sans effort le nom de Jésus. Mes pensées se calment, le silence m’attend. Je suis...
L’exercice de la présence de Dieu est un moyen simple qui unit prière et vie. Cette pratique fut popularisée par un carme cuisinier, le frère Laurent de la Résurrection (1614-1691). Elle consiste à s’entretenir familièrement avec le Père, Jésus ou l’Esprit Saint, à tout moment de la journée, comme on le fait avec un ami. Pour frère Laurent, l’exercice de la présence de Dieu est le chemin le plus direct pour arriver à la sainteté. Il en témoigne dans une lettre : « J’ai quitté toutes mes dévotions et prières qui ne sont pas d’obligation et je m’occupe qu’à me tenir en sa sainte présence, en laquelle je me tiens par une simple attention et un regard général et amoureux en Dieu, que je pourrais nommer présence de Dieu actuelle ou, pour mieux dire, un entretien muet et secret de Dieu avec l’âme ». (Écrits et entretiens sur la pratique de la Présence de...
"Mettons-nous en présence de Dieu et adorons-le". Qui n'a pas entendu cette formule, à l'église ou dans un groupe de prière, avant de réciter un chapelet ou une autre prière? Dieu ne nous est-il pas toujours présent? Oui, mais sommes-nous présents à sa présence? Se mettre en présence de Dieu veut dire : s’arrêter un moment, se recueillir, prendre conscience de sa présence en nous. Qu’importe si nous ne la ressentons pas lorsque nous prions, l’important est « d’être » en sa présence. C’est dans la foi profonde que nous rencontrons Dieu, au-delà de tout sentiment. Il réalise sa présence en nous, au présent. Un cœur qui écoute Si je me mets en présence de Dieu, ce n’est pas d’abord pour être bien dans ma peau, mais pour écouter ce que Dieu veut me dire. Cette écoute attentive se résume à un appel à aimer et à me laisser aimer au cœur même de...
Le 9 août 2013, le pape François écrivait sur Twitter: « Nous sommes tous des vases d’argile, fragiles et pauvres, mais dans lesquels se trouve le trésor immense que nous portons ». Ce trésor, n’est-ce pas la présence de Dieu ? Que nous soyons conscients ou non de sa présence, « c’est en lui qu’il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d’exister » (Actes 17, 28). Nous retrouvons cette présence de Dieu chez tous les êtres humains, puisque nous sommes ses enfants, créés à son image et à sa ressemblance. Dieu est présent en nous comme un grand amour, ici et maintenant. Le croyant nomme cette présence de différents noms, selon sa religion. Mais ce qui différencie surtout le croyant du non-croyant, c’est qu’il expérimente la présence de Dieu comme une réalité intérieure, bienfaisante, qui rejoint son cœur et le transforme progressivement. On pourrait dire également que l'attachement au Christ est ce qui caractérise...
Nous avons un chien à la maison qui s’appelle Tom. Lorsque je sors, il se couche au pied de la porte. Il reste là sans rien faire. Il veille le temps qu’il faut, même s’il s’endort. Je ne sais pas s’il s’ennuie, mais je l’entends gémir lorsque j’approche, comme s’il n’attendait que ce moment. Il se lève alors d’un bond, tout joyeux du retour de son maître. Il est totalement présent à cet instant de bonheur, c’est sa récompense. Comment ne pas penser à cette parole de Jésus : « Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller » (Luc 12, 37). L’attente fidèle de mon chien devant la porte m’apprend que l’essentiel dans l'oraison, appelée aussi prière contemplative, est de rester en présence de Dieu dans la confiance et l'espérance et de se laisser aimer par lui. Le Curé d’Ars disait que sa manière de lutter contre...
Il m'arrive de recevoir ce qu'on appelle une « chaîne de prière » envoyée à plusieurs. On me demande de prier pour une intention spéciale : guérison d'un enfant, libération d'un otage, paix dans tel pays... À quoi ça sert ? Je dirais d'abord à m'unir à une communauté, à être en communion avec d'autres. C'est dans cette perspective que le pape François avait demandé de prier et de jeûner pour la paix en Syrie le 7 septembre 2013. Qu'on pense aussi à toutes ces personnes qui vont en pèlerinage dans les sanctuaires pour demander l'intercession de la Vierge Marie, par exemple. Il ne s'agit pas ici de ces demandes de prières que l'on retrouve sur Internet, comme avoir du succès, de l'argent, où l'on exhorte à ne pas briser la chaîne, sinon personne ne sera exaucé. Là, on tombe dans la superstition et la pensée magique. Prier, ce n'est pas...
Tous les alibis sont bons pour ne pas persévérer dans la prière. Qui n'a pas déjà entendu ces remarques? "J'aide les autres, c'est mieux que de perdre son temps à prier. Mon travail, c'est une prière, cela me suffit. Je suis plus de tempérament actif que contemplatif." Aimer les autres et faire de son travail une prière, c’est bien, mais pourquoi cela nous éloignerait de la prière personnelle et silencieuse? Si on on consacre un temps quotidien à l'oraison, par exemple quelques minutes le matin, notre travail portera encore plus de fruits et notre action ne dégénérera pas en agitation. Saint Benoît avait visé juste en prenant pour devise : Ora et labora (« Prie et travaille »). Le temps que nous prenons pour Dieu dans la prière sera d’autant plus fécond si nous avons la volonté de vivre le reste de la journée dans une attitude de prière, c’est-à-dire d’accueil de l’autre...
« Dès que je me mets en présence de Dieu au début de l’oraison, les distractions arrivent tout de suite. Est-ce normal » ? Oui, c’est un signe que tu es vivant et que ton imagination fonctionne. Tous les priants connaissent les distractions, que ce soit durant la prière vocale, liturgique, ou durant la méditation, l’oraison. Thérèse d’Avila a montré qu’en entrant dans le silence de Dieu, on renonce délibérément à l’activité de nos sens. « L’âme recueille toutes ses puissances et rentre en elle-même avec son Dieu » (Chemin de la perfection, 28). On se met volontairement dans la nuit, nous dit de son côté Jean de la Croix : nuit des sens, nuit de la raison, nuit de la foi, nuit de Dieu. Cet état est déroutant pour nous qui cherchons à tout contrôler, à tout comprendre, alors qu’il s’agit de s’abandonner, de se laisser prendre par l’amour de Dieu. Pour Thérèse d’Avila, les distractions...
La prière est un long chemin que l'on fait en priant. On y va parfois avec entrain, mais aussi à reculons. Il arrive si souvent qu'on ne ressente rien, que l'ennui nous tenaille, mais cela ne veut pas dire qu'il ne se passe rien, comme je l'indiquais au blogue précédent. Un religieux me disait l'autre jour: "Prier, c'est ennuyant". Qu’est-ce qui t’ennuie ? Les formules toutes faites que l’on répète et qui assèchent le cœur. Le fait que tu sois là, dans le vide, dans l’attente d’un Dieu qui ne vient pas, que tu n’aies rien à lui dire. Ou que le temps ne passe pas assez vite et que tu aies mille choses intéressantes à faire. Pourtant, il ne s’agit pas ici de quelque chose à faire, mais de Quelqu’un à aimer et à écouter. Et puis, les Écritures donnent les mots de Dieu lorsque nous trouvons les nôtres trop ennuyeux. Avant...
Il est normal parfois de ne rien ressentir dans la prière, puisque toute émotion vient des sens et que Dieu est au-delà du sensible. C’est ce que le poète mystique Jean de la Croix appelle « la nuit obscure » : nuit par les sens et la raison qui sont privés de goût, nuit par la foi elle-même qui nous fait croire ce que nous ne voyons pas, nuit par Dieu lui-même qui est au-delà de tout ce qu’on pourrait en dire et comprendre. Ce Dieu, que «nul n’a jamais vu» (Jean 1, 18), mais que Jésus est venu révéler comme Père, est «un Dieu caché» (Isaïe 45, 15). Consolons-nous, tous les grands spirituels ont connu cette épreuve de l’aridité dans la prière. Dans la sécheresse spirituelle, Dieu semble absent, indifférent, caché dans un lourd silence. Ce sentiment d’être abandonné de Dieu est ressenti comme un vide intérieur, une solitude aride, un manque existentiel....
Anne Ricou, journaliste au mensuel Panorama, m'a interviewé pour me demander comment je prie dans les transports. Voici ma réponse que l'on retrouve aussi dans le no 500 de Panorama, septembre 2013, p. 36-37. Pour moi, la prière c'est la vie, et les moyens de transport font partie de la vie. Un bus, un train, un tram, c'est comme un oratoire ambulant. Dans les transports, je suis là pour un temps. Ce temps merveilleux m'est donné! Je n'ai rien dans les mains et je descends souvent en moi-même en fermant les yeux. Le recueillement est la porte d'entrée de mon "château intérieur", selon l'expression de Thérèse d'Avila. Contre les distractions, je répète intérieurement le nom de Jésus. Le train est aussi une belle occasion d'action de grâce et de louange, car les fenêtres d'un wagon sont comme un livre ouvert où je vois la nature défiler. Je prie avec le paysage...
À la fin d'une conférence sur la prière, un jeune homme m'a dit: « Si je pouvais avoir plus de silence pour prier, me retirer dans un lieu calme, être loin de la maison, ça prierait mieux. De plus, je n’ai pas le goût de prier ». Après réflexion, je lui répondrais ceci. Prie donc là où tu es, avec ce que tu vis. Certes, il est bon de réunir les meilleures conditions pour prier, mais la prière qui te convient est celle que tu vis aujourd’hui. Dieu donne la prière dont nous avons besoin au moment même où nous prions. C’est une question de foi et de confiance. Tu auras beau réunir les conditions idéales pour prier, il y aura toujours des obstacles comme la fatigue, les distractions, la paresse, le manque de foi. Même si tu fuis jusqu’au désert le plus éloigné, tu t’apercevras bien vite que le principal...
Jésus se retire souvent à l’écart pour prier. Même si son être filial est constamment uni au Père, il a besoin de prendre un temps précis pour prier son Père dans le secret et continuer la relation qu’il a avec lui. Le Père l’engendre en permanence comme il le fait pour chacun de nous. Nous pouvons ainsi dire qu’en Jésus nous prions sans cesse puisque nous sommes dans le Père comme ses fils et filles bien-aimés. Que dire à Jésus dans notre prière, sinon que nous l’aimons. « Je ne luis dis rien, je l’aime », disait la petite Thérèse un mois avant son entrée dans la vie. "Mon Fiancé ne me dit rien et moi je ne lui dis rien non plus sinon que je l’aime plus que moi, et je sens au fond de mon cœur que c’est vrai car je suis plus à Lui qu’à moi! (Thérèse de Lisieux, OEuvres...
Je suis branché sur Facebook et Twitter, mais ce n’est pas nécessaire de naviguer sur le Web pour rencontrer Dieu, car il est toujours en ligne dès que je le prie. La prière, c’est le sans fil haute vitesse sur la toile de ma vie, même dans les tunnels profonds et les montagnes éloignées. Contrairement aux téléphones intelligents, le courant passe partout, et pas besoin de rechargement ou de mise à jour. Aucun risque d’interruption d’électricité, d’épuisement de la pile, de logiciels trop anciens. Dieu est là en tout temps, accessible jour et nuit. La prière, c’est mieux que surfer, tweeter, skyper, c’est le contact immédiat avec Dieu, le désir de sa présence, le buzz d’être rejoint par lui là où l’on est. C’est l’aventure de la foi, la rencontre de deux soifs. Nous prenons conscience de sa présence en nous à la fréquence du cœur à cœur amoureux avec lui....
Saint Paul exhortait régulièrement les premiers chrétiens à persévérer dans la prière, à prier sans cesse. Bref, à prier comme on respire, pour que toute la vie devienne prière. « En tout temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père au Nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Éphésiens 5, 20). « Vivez dans la prière et les supplications ; priez en tout temps dans l’Esprit, apportez-y une vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints » (Éphésiens 6, 18). Nous sommes prière Bien sûr, il ne s’agit pas ici de rester en prière consciente toute la journée, mais de vouloir prier sans cesse, de vivre le désir de la prière qui fait de tout instant une prière. « Ton désir, c’est ta prière », disait saint Augustin. Et qu’est-ce que prier sans cesse pour un chrétien ? N’est-ce pas ce désir profond de vouloir vivre comme Jésus, de mettre toute notre vie sous le regard...
Regardons nos agendas. Tout va tellement vite aujourd’hui ! De plus, on ne sait plus attendre. Même l’ordinateur n’est jamais assez rapide. Le temps file et il n’y a plus moyen de l’arrêter. Les citadins s’agitent partout, avec ou sans téléphones mobiles, comme s’il y avait péril en la demeure. Time is money ! On veut tout, tout de suite. Pourtant, nous savons bien que le coffre-fort ne suit pas le corbillard. Bref, l’Homo urgentus est en train de déclasser l’homo sapiens. L’attente est devenue du temps perdu, ralentir un danger, flâner un délit, rêver un luxe, prier une perte de temps. Comment parler de la prière dans ce contexte où les gens manquent de temps ? Tout un paradoxe. Les priants apparaissent comme des résistants contre un temps continue, uniforme, tyrannique. Ils vivent dans la confiance, brûlant lentement du temps pour Dieu, comme l’encens s’élève vers le ciel. Ils ne sont pas...
Il m'arrive de publier dans mon blogue des extraits de lettres que je reçois, ainsi que mes réponses. Le soir de Noël 2012, j’avais partagé avec vous un courriel d’un homme de 91 ans qui me confiait : Je n’ai pas appris à prier. Voici des extraits d’un autre courriel, cette fois d’un homme de 67 ans qui trouve difficile de s’abandonner à Dieu dans la prière, comme si celle-ci « était juste à la surface ». J’ajoute ma réponse, en espérant que cela pourra vous éclairer, sachant bien que nous sommes des novices à l’école de la prière. Bonjour Monsieur Jacques Gauthier J’aime bien lire vos articles sur la prière. Cependant je n’arrive pas à mettre en pratique vos précieux conseils sur l’aridité de la prière. Souffrant du fameux mal du T.O.C et du T.A.G. suite à une longue dépression qui n’est toujours pas guérie, ma pensée va dans toutes les directions lorsque...
Depuis le début de cette école de prière sur mon blogue, j’insiste surtout sur la prière personnelle, que la tradition appelle « oraison », « prière du cœur » ou « prière contemplative ». Bien sûr, il y a aussi la prière communautaire comme l’eucharistie du dimanche et des jours de la semaine, la liturgie des Heures, le chapelet, mais tout cela risque de rester extérieur si nous ne vivons pas la prière de l’intérieur. Prière individuelle et prière communautaire se nourrissent mutuellement. Ne séparons pas ces deux paroles de Jésus : « Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. (Mt 6, 6); « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Que pouvons-nous donner à Dieu dans la prière,...
En acceptant, vous accéderez à un service fourni par un tiers externe à https://www.jacquesgauthier.com/