Un jour de mes vingt ans, j'avais décidé d'aller en Californie sur le pouce avec un ami pour mieux connaître des Jesus peoples vus à la télévision. La police américaine nous ramena au Québec. J’avais demandé à Dieu : « Si tu existes, révèle-toi à moi. » Le 2 juin 1972, il me répondit par Marie et une communauté de jeunes à Drummondville. À la prière du soir, j’ai récité trois Je vous salue Marie avec d’autres jeunes ; j’ai basculé dans la joie et retrouvé le Dieu de mon enfance. J’ai été touché par le Christ, blessé par sa miséricorde; mon cœur ne s’est pas refermé. Depuis ce jour, la joie est pour moi la couleur de Dieu, l’essence même du christianisme, avec l’amour. Raconter mon aventure de conversion, c’est l’inscrire dans une histoire biblique qui crée du sens et dévoile ce qui est caché à l’interprétation. L’Esprit Saint m’a insufflé un grand amour...
Le blogue de Jacques Gauthier
L’exhortation apostolique Amoris Laetitia (La joie de l’amour) fera couler beaucoup d’encre. François a choisi le bon ton : il dépasse la polémique pour s’intéresser aux cas et aux exemples concrets. Son propos est traversé par un souffle pastoral : il veut une Église soucieuse de la fragilité humaine qui dépasse le code du permis et du défendu. J’ai parcouru rapidement en ligne les 325 numéros, mais il faudra les approfondir, selon le souhait du pape, « morceau par morceau » (no 7). Priorité à la conscience On reconnaît tout de suite le style François : concret, libre, ouvert, nuancé, personnel. Il s'investit lui-même en parlant souvent au "je". Dans une sorte de « programme » de vie pour les familles d’aujourd’hui, le pape fait confiance. Il invite les personnes à l’exercice d’une liberté responsable, à l’accueil et au respect de l’autre, à l’éducation des enfants dans la liberté, à la miséricorde en tout temps, loin de toute...
Le père Louis Cesbron, chapelain du sanctuaire Sainte-Thérèse à Paris, m'a envoyé ce texte que je trouve très beau. Il exprime l'indicible espérance de la vie nouvelle offerte au jour de Pâques. Je vous le partage, après lui avoir demandé son accord. Prêtre de la congrégation du Saint-Esprit, j'ai connu le père Louis en septembre 2015 alors que j'étais invité à donner des conférences sur Thérèse de Lisieux lors de la Semaine Thérésienne à Paris, en lien avec les Apprentis d'Auteuil. Je le remercie pour ses mots de foi en la Trinité qui soutiennent notre silence et notre prière. J'en profite pour vous souhaiter de joyeuses Pâques: Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité. Qui me dira ce qu’il en est ?Quand mes yeux se seront fermésA la lumière de ce monde.Quand mon soupir se sera tuAux bruissements de la natureQuand le sang aura cessé d’irriguerMon corps, mort ! Qui me dira ce qu’il en est ?Quand reposera...
Les Mages ont marché longtemps à la recherche de l'Emmanuel, Dieu avec nous, que nous avons célébré à Noël. Notre quête du Christ se vit aussi sur la route, pas à pas, dans ce grand pèlerinage de la vie. Mais c’est à l’intérieur de notre être que nous pouvons mieux trouver le Seigneur, dans cet espace vierge de notre âme créée à l’image de Dieu. La foi est l’étoile qui nous guide sur la route de notre coeur. Notre foi est don et lumière, expérience et vie, écoute et réponse, regard et toucher, combat et engagement. Les Mages croyaient s’être perdus, lorsque l’étoile réapparut dans le ciel. Une grande joie les inonda. Leurs pas devinrent plus légers, leurs corps plus aériens, leurs visages plus jeunes, comme si l’Enfant de Bethléem rayonnait déjà sur eux. Lorsqu’ils le virent avec Marie et Joseph, ils se prosternèrent devant lui pour l’adorer avec toute leur humanité. Épiphanie, "manifestation"...
Le mot Avent vient du latin Adventus qui désigne l'acte d'arriver. C'est le commencement d'un nouveau cycle liturgique. Ce temps d’attente et de conversion nous prépare à accueillir Celui qui est, qui était et qui vient. Nous célébrons l’arrivée de la lumière à Noël qu'est l’avènement de Notre Seigneur Jésus Christ. Nous célébrons également à l’avance sa venue prochaine dans la gloire, que ce soit à la fin de notre vie ou à la fin des temps. Pour mieux prier en Église ce temps de l’Avent, soyons des êtres de désir et d’espérance, de joie et d’éveil, avec Isaïe, Jean le Baptiste, Marie et Joseph. Aménagement d’un coin de prière Dans mon coin de prière ou dans un endroit visible de la maison, je place un calendrier de l’Avent, une couronne de quatre chandelles que je vais allumer chaque dimanche en chantant Venez divin Messie ou un autre cantique. Cette petite liturgie peut...
Le philosophe Sören Kierkegaard avait écrit : « Dieu n’a qu’une seule joie : communiquer… Il n’a qu’une passion : aimer et vouloir être aimé ». Est-ce aussi notre joie, notre passion ? Dieu n’est que joie et amour, et nous sommes créés à son image et à sa ressemblance, c’est pourquoi « la joie de notre cœur vient de lui » (Ps 33, 21). Dans mon Petit dictionnaire de Dieu (Novalis), j’ai écrit ceci au mot « joie » : « La joie est assise au secret de mon silence. Elle s’installe et je me laisse envahir, impuissant à compter mes mérites. Vouloir la posséder, c’est la laisser faire. Plus elle se cache, plus elle m’appartient. Plus elle disparaît, plus je la connais. Cette joie est fragile comme tout ce qui commence ; une joie d’aube qui ne fait pas de bruit, une joie intérieure pleine de promesses, une joie mystique plus forte que la mort. « Joie,...
Voilà! En ce lendemain de veille à l'Esprit Saint, j'aurais bien aimé qu'on prolonge d'une semaine la Pentecôte, comme on le fait pour Pâques avec l'octave pascale. Mais n'est-ce pas tous les jours le temps de l'Esprit? Je me suis rappelé l'entretien que saint Séraphim de Sarov avait eu avec le laïc Motovilov à la fin novembre 1831. Cet entretien témoigne de la transfiguration qu’opère l’Esprit Saint dans la totalité d’une personne devenue lumière, chaleur, douceur, paix et silence. Mais avant de lire des extraits de l'entretien, voici un bref rappel de la vie de Séraphim de Sarov pour qui le but de la vie chrétienne consistait à acquérir le Saint-Esprit. L'ermite de Jésus Prokhor Mochnine est né à Koursk, au sud de Moscou, en 1759. Son père meurt alors qu’il n’a que trois ans. Dans la vingtaine, il entre au monastère de Sarov. Novice pendant huit ans, il reçoit l’habit monastique...
Lumière au froid tombeau de pierre,éveil d'un chant nouveau sur terre,Christ est ressuscité!Alléluia! Enfance au passage du vivant, joie d'un jour nouveau sur les temps, Christ est ressuscité! Alléluia! Renaissance au jardin de gloire, fruit d'un vent nouveau sur l'histoire, Christ est ressuscité! Alléluia! Fresque de l'église du monastère des Petits frères de la Croix dans Charlevoix au Québec. Tiré de mes Prières de toutes les saisons (Bellarmin / Parole et Silence).
Rencontre avec Bernard Perroy pour la revue française Feu et Lumière , no 337, avril 2014, p. 10-11. Le titre de l'article: "Jacques Gauthier. Une prise de parole au coeur de la cité". Jacques Gauthier, Québécois, est connu pour ses livres et ses conférences sur la petite Thérèse, la famille, les âges de la vie… Époux, père, grand-père, théologien, enseignant, essayiste et poète, il témoigne pour F&L de sa vie de foi et de son engagement de chrétien au coeur de la cité. F&L : Quel est le secret d’une telle activité ? Jacques Gauthier : Je fais oraison tous les matins depuis vingt ans et Anne-Marie, mon épouse, également de son côté. Le secret de la fécondité est là, dans ce cœur à cœur fidèle, même si c’est dans la foi, dans la sécheresse ; il y a une sorte de transfusion qui s’opère… Et c’est l’oraison qui féconde la « prise de...
Heureux qui se lève tôt pour chercher la sagesse,il la trouve assise à sa porte. Heureux qui se consacre à l’inutile gratuité,il entre en vacances chez Dieu. Heureux qui prend le temps d’exister simplement,il croise l’Auteur du septième jour. Heureux qui plonge dans les racines de son être,il sent la source sourdre en lui. Heureux qui se reconnaît mendiant d’absolu,il nomme l’appétit de son cri. Heureux qui découvre son visage intérieur,il bascule dans la joie. Heureux qui regarde l’autre comme Dieu le voit,il devient ce qu’il contemple. Heureux qui se repose en Dieu,il ne fatigue pas les autres. Écrit à l'occasion de la fête liturgique de l'ermite saint Antoire le Grand, 17 janvier, dans mon florilège Prières de toutes les saisons, p.72.
La joie m'attend au carrefour. Elle est déjà assise dans mon silence. Seule sa manière de se révéler change ma façon de voir. Les bornes sont inutiles, les haltes sont dépassées. La fête de la joie ranime la braise de mes amours humains. Joie faite de rien, aiguisant mes sens spirituels. Joie qui me repose de ce que j’ignorais de moi. Joie qui demande l’abandon à la présence, non à la passivité. Joie de chanter le ciel donné. "J'ai arrêté de compter les étoiles quand j'ai compris que le ciel ne m'appartenant pas, on ne pouvait donc pas me le dérober" (Dany Laferrière, L'art presque perdu de ne rien faire). La joie est fille de l'Avent: on l'attend, on l'accueille. Il suffit d'être. Elle chasse les "ismes": le défaitisme, le négativisme, le relativisme. Le cœur voudrait tant exploser de joie, malgré les naufrages possibles. Vienne la neige dans l’espace, des cheveux d’anges...
Nous avons besoin de rêves, de poésie, de rites, de fêtes. C'est ce que donne le temps de l'avent qui marque le début d'une nouvelle année du cycle liturgique qui culmine à Pâques. Ce cycle n'enferme pas les croyants sur eux-mêmes, mais les entraîne comme une spirale dans la rencontre et le retour de leur Seigneur Jésus Christ. Promesse de bonheur L'avent, ce sont quatre semaines d'air frais avant Noël pour éviter de sombrer dans les flots du matérialisme. C’est le temps liturgique que je préfère. Ma prière, faite de désir, d’attente et d’espérance, trouve chaussure à ses pieds. En faisant mémoire de l'antique Parole, mon silence se trouve épousé et l'espérance se transmet à même la mémoire de mes pères et mères dans la foi : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur » (Jérémie 33, 14). Trois grandes figures bibliques traversent l'Avent comme des météores...
Le pape François vient de publier sa première exhortation apostolique, Evangelii gaudium, La joie de l’Évangile. Ce texte, écrit surtout au « je », est à l’image du pontificat de François : direct, simple, décapant. Conçu comme une feuille de route de l’Église, il couvre les champs de la vie en cinq chapitres et 288 numéros. On y retrouve le ton interpellant des homélies de l’évêque de Rome, et, dès le préambule, des formules phares comme « Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde » (3) ; « Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques » (6). Une expression revient comme un véritable leitmotiv : « Ne nous laissons pas voler… l’enthousiasme missionnaire (80), la joie de l’évangélisation (83), l’espérance (86), la communauté (92), l’Évangile (97), l’idéal de l’amour fraternel (101), la force missionnaire (109). Le Saint-Père évoque la joie d’évangéliser et invite...
François d’Assise fait l’unanimité autour de lui. Le cardinal Bergoglio l'a choisi comme patron pour son pontificat, devenant ainsi le pape des pauvres. Comme le Poverello d'Assise, le pape François a le sentiment d'être habité par le Christ et il fait bouger l'Église par sa simplicité évangélique. Il fait écho au désir si cher de l'humble franciscain : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. » Chevalier du Christ La vie de François est un long poème où alternent joie et souffrance, désir de Dieu et amour de Jésus. Né à Assise vers 1182, d’un riche marchand drapier Pierre Bernardone et de Dame Pica, sa jeunesse est marquée par les plaisirs de la vie. Chevalier, il participe à la guerre entre Assise et Pérouse, où il est fait prisonnier pendant un an. Malade, il est libéré. Il recherche de plus en plus la...
« Merveilles que tes œuvres, Seigneur, et merveille que je suis », lit-on au Psaume 138. Nous dépassons en dignité et en grandeur les plus belles merveilles du monde. Le savons-nous? La vie se déverse en nous à chaque âge et le battement de l’univers se mêle à notre sang. Nous faisons le moindre geste, et voilà des millions de cellules qui s’activent. Notre frère le corps n’est pas une machine que l’on a, mais un mystère que l’on habite intérieurement. Guérir de l'ennui S’émerveiller, c’est guérir de l’ennui et de la tristesse qui nous disposent parfois au découragement. On peut s’enfermer dans des habitudes et des horaires qui empêchent le soleil d’entrer; on peut aussi chercher à tout contrôler et diriger, alors que la vie nous appelle à un certain détachement et à la contemplation. L’antidote à cette déprime est de trouver chaque jour de quoi s’émerveiller : une plante, un repas, une...
Je suis sorti dans la nuitpour rentrer en moi-même.Il n’y avait presque riensous le ciel d’encre,si ce n’est ma foi en toi, mon Dieu. J’y ai lu tes beautés : le silence des étoiles,la caresse de la brise légère,le clair-obscur de la lune,le chant de la source. La joie est montée comme une vague,à la fine pointe de l’âme,je me suis noyé en elle,je me suis perdu en toi,j’ai retrouvé le chemin du retour. La musique de ton nomm’a maintenu à flot,la douceur des larmesm’a tenu éveillé jusqu’à l’aube,au creux d’une oraison silencieuse. Merci mon Dieu de naître en moi chaque matin. Jacques Gauthier Paru dans Prions en Église, Montréal, 16 décembre 2012, p. 33. Pour d'autres prières du même genre, voir mon livre Prières de toutes les saisons.
Je marche avec toi,ô Marie, ma joie,toujours là, en secret,pas à pas dans l’intime,au bras des heures. Tu me visites en chemincomme jadis sur les collineschez ta cousine Élisabeth.Mon coeur bondit de gratitudeavec son poids de vie. J’égrène ton nom sur la route,ma prière en fleurs de mai,tu m’aides à méditer la Parolequi épouse mon silenceà la table basse des enfants. Tu me donnes du souffle,je me sens bien avec toi,tu me conduis au Fils bien-aiméqui nous comble de sa présence,ô Marie, ma joie. Première version dans Jacques Gauthier, Prières de toutes les saisons, Bellarmin/Parole et Silence, 2007, p. 55.
Le Père s’est compromis en son Fils qui a partagé notre douleur et notre histoire. Il a risqué notre humanité. Mais peut-on dire que Dieu a souffert et qu’il souffre encore? Oui, dans le Christ et les membres de son corps. Les conciles d’Éphèse et de Chalcédoine ont défini qu’il y a dans le Christ une seule personne, mais deux natures, humaine et divine, ce qu’on appelle l’union hypostatique. Pas facile à comprendre ce mystère, je l’avoue. Si le Dieu de la foi chrétienne souffre, ce n’est pas comme nous. Sa souffrance est liée à la nature humaine du Verbe fait chair qui culmine dans la résurrection, la victoire de la vie sur la mort. Dieu est heureux Même si Dieu souffre, il reste fondamentalement heureux. Sa compassion n’altère en rien sa joie profonde. La joie de Noël ne s’efface pas devant le scandale du Calvaire. Dieu est un Dieu de...
Qui ne recherche pas le bonheur? Les sociétés marchandes exploitent ce désir fondamental de l’être humain en créant des besoins et en exacerbant les passions. Leur credo se résume ainsi : consommer toujours plus, jouir tout de suite, être le plus fort. Cette tyrannie du plaisir fait miroiter les promesses d’une euphorie perpétuelle que l’argent ne peut pas tenir. Le chemin du retour L’enfant prodigue se laisse aveugler par ce miroir aux alouettes lorsqu’il demande sa part d’héritage, comme si son père était déjà mort. Tiraillé entre des besoins égoïstes et le désir d’aimer, il cède aux appels des sirènes «en menant une vie de désordre» (Luc 15, 13). L’angoisse le rattrape assez vite lorsqu’il touche le fond de l’insatisfaction. Il descend en lui-même, consent à sa nuit, s’ouvre au désir de vivre et retourne, contrit, vers son père. Son manque lui fait prendre un chemin de conversion. Qui n’a pas pris ce chemin du retour...
L'horreur. Du déjà vu. Un homme de 20 ans entre de force dans une école primaire de Newtown, au Connecticut, et tue vingt-six personnes, dont vingt enfants de six ou sept ans, tous atteints de plusieurs balles d'un fusil semi-automatique. Comme bien des parents et grands-parents, j'ai pensé tout de suite à mes enfants et à mes deux petites-filles. Quel drame! Quelle douleur! Cette tragédie m'en a rappelé une autre, celle de la Polytechnique de Montréal, survenue le 6 décembre 1989. J'avais rencontré l'une des quatorze victimes quelques mois auparavant, la souriante Annie St-Arneault de La Tuque, soeur de mon ami Serge, missionnaire d'Afrique. Vingt-trois années déjà, et on se souvient toujours. Les commémorations continuent, comme cette Soirée de poésie tenue le 6 décembre à La Tuque en mémoire d'Annie. Comment oublier l'inoubliable? Le traumatisme ne s'efface pas facilement du coeur des amis et des familles qui sont proches des victimes. Ce devoir...
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