Le bon père Benoît Lacroix est entré dans la vie le 2 mars et les témoignages d’affection continuent d’affluer dans les journaux, réseaux sociaux, blogues… Il a beaucoup aimé le peuple du Québec, l’accompagnant dans ses passages, l’invitant à ne pas oublier ses racines, sa devise : « Je me souviens ». On se rappelle donc de lui avec tendresse ces jours-ci. Hier, des centaines de personnes ont défilé devant sa dépouille exposée en chapelle ardente dans l’église du couvent Saint-Albert-le-Grand à Montréal. François Gloutnay en donne un bon compte-rendu dans le média Présence. En ce 10 mars, jour de ses funérailles, la communauté se rassemble autour de Benoît pour entendre la Parole de Dieu, prier en silence, célébrer l’Eucharistie, remercier le Seigneur pour tout ce qu’il a fait de merveilleux dans sa vie. Ce sera plus une action de grâce qu’un hommage. Ma foi me dit que l'enfant de Bellechasse, le fils de...
Le blogue de Jacques Gauthier
Mon livre Récit d’un passage vient de paraître en France aux éditions Parole et Silence. Édité également par les éditions Novalis, il sera en librairie au Canada vers la fin avril. C’est une nouvelle édition de 190 pages de Fraternelle souvenance, ouvrage épuisé depuis quelques années. Pour vous donner une idée, voici le premier paragraphe du livre : « Il s’appelait Gilles, il était mon beau-père, et je l’aimais. Il est décédé à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska le 10 novembre 2006 à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Nous lui avons fermé les yeux pour que les nôtres s’ouvrent sur sa naissance. Il n’est pas parti, il est arrivé. Il n’est pas disparu, il est apparu dans le mystère qui l’a tant séduit. Il n’a pas été enlevé, mais accueilli. Il ne s’est pas éteint, mais allumé à un autre feu. Son enterrement fut un enciellement. Pourquoi parler au passé, qu’il soit composé ou simple ? Il s’appelle...
Voici la deuxième partie de mon article sur le poète de Saint-Denys Garneau, en écho à la biographie de Michel Biron: De Saint-Denys Garneau. Montréal, Éditions du Boréal, 2015, 450 pages. Pour relire la première partie, cliquez ici. Garneau et La Tour du Pin En terminant la lecture de la fascinante biographie de Biron, je suis frappé par la parenté d’âme qui existe entre Garneau et un autre poète de son âge, Patrice de La Tour du Pin. Loin des milieux littéraires lui aussi, il a mené sa quête de beauté dans le Loiret en France, créant des jeux qui puisaient aux sources de l’enfance. Est-ce que Garneau a lu La Quête de joie (1933) de La Tour du Pin qui a tant marqué les poètes ? Gaston Miron avait ouvert ce recueil par hasard dans une librairie de Montréal, en 1948, et avait lu ces deux vers qui orienteront sa vocation poétique : «...
« René Angélil est décédé ce matin à sa résidence de Las Vegas après un long et courageux combat contre le cancer », écrivait Céline Dion sur Twitter le 14 janvier. Est-il mort dans ses bras comme il le souhaitait ? Une chose est sûre, ils se sont aimés jusqu’au bout, généreusement, avec beaucoup de sensibilité. Il aura tout donné pour elle dès la découverte de son talent en 1981, elle l’aura accompagné jusqu’à la fin, l'aidant à se nourrir. Leur amour quotidien, tissé d’admiration et de respect, demeure une source d’inspiration. Plus que le succès planétaire de Céline, c’est son histoire d’amour avec René qui me touche. Je les appelle par leurs prénoms tant ils font partie de la famille au Québec. Rares sont les artistes qui se maintiennent au sommet des étoiles sans se brûler les ailes. C’est d’autant plus exceptionnel quand ils forment un couple. René et Céline ont choisi...
Le 22 octobre 1978, Karol Wojtyla était solennellement intronisé sous le nom de Jean-Paul II. L'Église a choisi ce jour pour célébrer la mémoire liturgique de ce grand pape missionnaire, décédé le 2 avril 2005. Il s'est opposé à toutes les formes d'idéologie qui aliènent la personne, mettant la miséricorde au coeur de son pontificat. Canonisé le 27 avril 2014, il demeure l'un des plus grands témoins d'espérance du XXe siècle. Je lui ai écrit ce poème-prière au moment de son entrée dans la vie éternelle. Mon épouse et moi l'avons choisi comme le patron de notre couple. La photo représente notre rencontre avec lui à Rome le 23 octobre 2003, où je lui ai présenté mon livre J'ai soif, quelques jours après la béatification de Mère Teresa. Le voyageur en blanc Il portait le monde, l’évêque en blanc, chapelet à la main, miséricorde au coeur, dos courbé sous le poids...
Petit garçon couché sur le ventre,si semblable à mon bambin d’hier,quand ses doigts tachés d’encredessinaient la terre et la mer,un jardin de rêves à cultiver. De quel carré de sable es-tu le jeu,que tu apparaisses seul sur la plagedans ce lit mouillé qui n’est pas le tien,en quête de maison et de pays? Le grand large a pris ton dernier souffle,les vagues ont bercé ton corps silencieux,tel Ulysse reposant à côté du sommeil. L’eau salée s’est retirée avec la marée,larmes amères sur les plaies de l’histoire.Elle t’a laissé tes vêtements et tes souliers,pour que tu te lèves en un éclair à l’aube,que tu naisses tout sourire dans l’éternité. Ta photo-icône remue les peuples,ouvre les consciences et les frontières,rapproche les pas qui s’éloignaient du cœur,réveille cette part d’enfance permanente,latente en nos solitudes blessées. L’image inouïe nous suit dans la nuit éteinte.La mise au monde reste cachée à nos yeux,se fait entendre en résonance dans l’espace,familles d’accueil, visages...
Daniel Guénette, L’école des chiens, Montréal, Triptyque, 2015, 268 pages. Attristé par la perte de mon Tom (voir le billet du blogue C’était un bon chien), L’école des chiens a été un baume sur mon deuil. Ce beau récit du poète Daniel Guénette évoque, avec pudeur et humilité, les onze années vécues auprès de Max qu’il a dû faire euthanasier à cause d’un cancer. Ils sont rares de tels livres qui traitent si tendrement de la relation entre un homme et son animal de compagnie. Ça parle de vie et de mort, d’attachement et d’amitié, d’enfance et de solitude. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Je lui ai donné, il m’a remis au centuple. Il est venu et j’ai vécu, autrement, beaucoup mieux » (p. 87). L’auteur apprivoise lentement son deuil en remontant le fil des souvenirs et des promenades, un peu à la manière de Jean-Jacques Rousseau. L’ami...
Au Québec, l’expression « mon chien est mort » signifie qu’il n’y a plus rien à faire, qu’on a perdu tout espoir de réaliser ce qu’on désirait. Aujourd’hui, je l’emploie au sens littéral. Ceux et celles qui ont perdu un animal de compagnie peuvent comprendre la douleur de la perte, le vide causé par l’absence. Mon chien est mort, de vieillesse. Il marchait difficilement, dormait beaucoup, fixait le mur. Alors, je l’ai fait euthanasier. Après quinze ans de présence chaleureuse dans la famille, ce n’était pas une décision facile à prendre. Quand j’ai téléphoné à la SPCA de Gatineau, la réceptionniste m’a répondu qu’ils ne faisaient pas d’euthanasie, sauf pour les animaux de leur refuge, mais qu’ils offraient le service de crémation individuelle. Bref, pour tuer mon pitou, je devais acheter une urne au prix d’environ 300$. Je ne voulais pas ses cendres, encore moins une urne, mais qu’il meure sans douleur. J’ai...
Les livres nous attendent. Nous pouvons les lire n'importe où et n'importe quand, même plusieurs années après leur parution. Ils n’ont pas de date de péremption. Mon épouse a lu récemment le livre de Christiane Singer, Derniers fragments d’un long voyage. (Albin Michel, 2007). Elle m’a dit : « Lis cela ! Tu vas aimer ». En effet, j’ai beaucoup aimé. Je connaissais déjà cette auteure d’une vingtaine de livres, femme de lumière et de paix, amoureuse de la langue française qu'elle maîtrisait d'une manière remarquable. Elle écrit : « Et si j’ai occupé dans la vie de certains une place lumineuse, le sens de l’aventure est désormais de le remplir vous-mêmes : soyez ce qu’en moi vous aimez » (p. 32). Christiane Singer raconte les derniers moments de sa vie. Atteinte d’un cancer, le médecin lui confie qu’il ne lui reste plus que six mois à vivre. Ce livre est le carnet de bord de ses jours...
Instrument de supplice réservé aux condamnés à mort, la croix est devenue un signe de bénédiction par la mort et la résurrection du Christ. C’est un baiser sur nos fronts, une fierté au cœur de tout baptisé, comme il est dit à l’antienne d’ouverture de la fête de la Croix glorieuse, le 14 septembre : « Que notre seule fierté soit la Croix de notre Seigneur Jésus Christ. En lui, nous avons le salut, la vie et la résurrection; par lui, nous sommes sauvés et délivrés ». Ce bois de vie nous a ouvert la porte du paradis, ainsi nous pouvons rendre gloire au Père tout-aimant, « car tu as attaché au bois de la croix le salut du genre humain, pour que la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort et que l’ennemi, victorieux par le bois, fût lui-même vaincu sur le bois, par le Christ, notre Seigneur » (Préface de la...
"Je ne meurs pas j'entre dans la vie", avait écrit Thérèse de Lisieux quelques semaines avant sa mort au carmel le 30 septembre 1897 à l'âge de 24 ans. Son ami, Mgr Guy Gaucher, est allé la rejoindre le 3 juillet 2014 à l'âge de 84 ans. "Tout est grâce", se sont peut-être dit ces deux êtres de désir en se saluant dans l'amour du Christ. "Tout est grâce", c'est en lisant ces mots à la fin du Journal d'un curé de campagne du romancier Georges Bernanos, que le jeune Guy Gaucher, âgé de 18 ans, va être guidé vers Thérèse. Il sera un spécialiste de l'un et de l'autre, prêchant même une retraite en 2004 dans un carmel sur les affinités entre le grand Georges et la petite Thérèse ("Tout est grâce", Cerf, 2009). Bernanos avait repris ces mots de Thérèse, son maître spirituel, mais que Guy Gaucher trouvait fleur bleue...
Lumière au froid tombeau de pierre,éveil d'un chant nouveau sur terre,Christ est ressuscité!Alléluia! Enfance au passage du vivant, joie d'un jour nouveau sur les temps, Christ est ressuscité! Alléluia! Renaissance au jardin de gloire, fruit d'un vent nouveau sur l'histoire, Christ est ressuscité! Alléluia! Fresque de l'église du monastère des Petits frères de la Croix dans Charlevoix au Québec. Tiré de mes Prières de toutes les saisons (Bellarmin / Parole et Silence).
Tout au long de l’année liturgique, Dieu vient à nous et nous allons à lui. Nous célébrons son amour plus fort que la mort. Ce mystère de salut culmine à ce que les premiers chrétiens appelaient « la Grande Semaine », qui va du Dimanche des Rameaux jusqu’à Pâques. Durant cette semaine sainte, l’amour se concentre sur trois jours comme en un point lumineux, un feu divin qui irradie de l’intérieur et qui envahit tout : le Triduum pascal. Sommet de l’année liturgique, le Triduum commence le soir du Jeudi saint pour se terminer au dimanche de Pâques. Il ne s’offre pas à nous comme un spectacle, mais comme une rencontre avec le Christ. Nous suivons Jésus dans les derniers moments de sa vie, nous faisons nôtres ses sentiments, nous célébrons sa Pâque, c’est-à-dire son passage de ce monde à son Père. Voici quelques gestes que l’Église propose dans sa liturgie et qui...
- La Bible. Traduction officielle liturgique. Fleurus-Mame. Conférence des évêques catholiques du Canada.Le carême est un temps par excellence pour lire la Bible, méditer la Parole de Dieu. Voici la traduction officielle liturgique qui est le fruit de 17 années de travail par un groupe de 70 experts. Louis-André Naud, directeur de l’Office national de liturgie, a déjà parlé de cette Bible dans un reportage au Jour du Seigneur. Cette traduction complète de la Bible sera celle qu’on va utiliser dans nos liturgies, à mesure que les lectionnaires seront révisés.- Les Évangiles. Marc. Matthieu. Luc. Jean. Traduction par soeur Jeanne d’Arc, Desclée de Brouwer.Cette très belle traduction des quatre évangiles par soeur Jeanne d’Arc est déjà parue il y a près de vingt-cinq ans. C’est réédité en quatre volumes chez DDB. Ça demeure un coup de coeur pour moi. Le texte français colle au texte grec. On perçoit le rythme de la phrase, la poésie...
Personne n’aime souffrir et tout le monde souhaite mourir dans la dignité. Pour la personne gravement malade, il y a des jours où rester en vie devient un dur labeur. Il est alors tentant de dire « non » au terrible devoir de vivre. Quand le personnel médical n’arrive pas à trouver le bon dosage de médicaments, quand le malade concentre toute son énergie à se survivre, à retrouver son identité, je peux comprendre qu’on pense à l’euthanasie. Il s’agit de ma liberté, dit-on, mais à quel prix? Une pente glissante À ce jour, trois pays européens et deux États américains seulement ont légalisé l’euthanasie. On n’ouvre pas impunément cette boîte de Pandore sans de possibles dérives, comme on le voit actuellement en Belgique. On rapporte des décès par euthanasie sans la demande ou le consentement du patient. Le 12 décembre 2013, une nouvelle étape a été franchie avec le vote...
C’est une sœur parfois bien douce, la mort, qui voyage invisible à nos côtés. Mystérieuse et non absurde, elle arrive à son heure, souvent la moins attendue. Elle fait son entrée sur la scène de notre vie et nous joue son tour de passe-passe. Ce n’est pas elle qui prend la vie donnée et accueillie. Thérèse d’Avila, femme de désir et d’oraison, le savait : « Ô mort, je ne sais pas comment on peut te redouter, puisque c’est en toi qu’est la vie ! » Pour le cinéaste Woody Allen, l’approche est différente : « Je n’ai pas peur de la mort, je désire seulement ne pas être là quand elle viendra ». Accepter sa mort Lors d’une conférence sur la mort en juillet 2008, je demandai aux participants ce qu’ils feraient s’ils leur restaient une heure à vivre. Les réponses furent diverses et pleines de vie. En voici quelques-unes :...
Père, regarde avec amour ton enfantqui est entré aujourd’hui dans ta vie. Nous lui avons fermé les yeux pour que les nôtres s'ouvrent sur sa naissance en Jésus. Il n'est pas disparu, il apparaît dans ton mystère. Il n’est pas parti, il est arrivé. Il n’est pas enlevé, il est accueilli dans tes bras. Il ne s’est pas éteint, il est allumé au feu de ton Esprit. Nous célébrons nos partages, tout ce qu'il reste de toi en lui. Ta miséricorde le prolonge et nous survit. Son prénom de baptême brûlé au cierge pascal résonne au milieu de nous, musique de ta présence, un appel à ne pas oublierle grain de blé qui germe. Un parfum d’encens monte en offrande. Le corps aspergé d’eau qui donne la vie nous rappelle la résurrection de ton Christ qui se lève victorieux sur nos cimetières. Jacques Gauthier, Prières de toutes les saisons, Bellarmin/Parole et silence, p. 154-155.Récit...
Je suis toujours très touché par ce franciscain polonais qui offrit sa vie à la place d'un autre prisonnier, père de famille. Cela me parle très fort: un prêtre qui donne sa vie pour un laïc. Saint Maximilien Kolbe, martyr du nazisme, est un bel exemple de la compassion divine. Par son don suprême à Auschwitz, survenu la veille de l’Assomption de Marie, c’est la victoire du Christ ressuscité que nous célébrons. Les deux couronnes Maximilien naît en Pologne, le 8 janvier 1894, de Jules et Marianna Kolbe, tisserands. Ses parents, tertiaires franciscains, auront une bonne influence sur leur deuxième garçon — ils en auront trois —, mais celui-ci est un peu trop turbulent à leur goût. Doué d’un naturel spontané et têtu, le jeune Raymond, qui ne s’appelle pas encore Maximilien, désespère sa mère. Un jour, elle le réprimande en lui demandant ce qu’il deviendra plus tard. Ce reproche provoque...
La tragédie à Lac-Mégantic a fait le tour du monde. L’image d’un train fantôme rempli de pétrole qui déraille de nuit en plein centre-ville d’une municipalité de 6000 habitants est saisissante. Explosions, feu, fumée, cris. Les journalistes interviewent des témoins, mettent des visages sur l’impensable, on veut tout voir, on veut surtout savoir. C’est leur travail, certains le font mieux que d’autres, avec plus de retenue. Imaginez la douleur quand on aura les noms et les photos des disparus, probablement plus d’une soixantaine, jeunes pour la plupart. C’est tout le Québec qui prendra vraiment la mesure de ce drame humain. Au-delà du voir et du savoir, des causes et des enquêtes, des questions de sécurité et des compagnies qui maximisent les profits en minimisant les dépenses, il y a ces victimes innocentes à ne pas oublier, des familles brisées, un village endeuillé. Il y aura le pénible retour à la réalité,...
Un jour, le directeur d'une revue consacrée à la prière m'a fait cette demande assez inusitée : "Quelle page d’Évangile aimeriez-vous annexer à votre testament pour vos enfants?" Tout un rappel à la réalité. En effet, je peux mourir n’importe quand, mes enfants aussi. Cette pensée donne une densité au temps qui passe. J’ai déjà accueilli ma mort comme une grâce. Pour le moment, elle ne me fait pas peur. J’en ai témoigné dans un livre consacré à la mort de mon beau-père Fraternelle souvenance et dans un recueil de poèmes L’ensoleillé. Je peux vraiment dire, à la suite de François d’Assise, « notre sœur la mort corporelle », puisque c’est par elle que je pourrai enfin voir le Dieu que j'ai tant cherché ici-bas, d’autant plus que le Chist a ouvert le chemin par sa mort et sa résurrection. En lui, la vie n’est pas détruite, mais transformée. Alors, quelle page d’Évangile ajouter à la fin...
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