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Le blogue de Jacques Gauthier

23 avril: Journée mondiale du livre

Le 23 avril a été déclaré Journée mondiale du livre et du droit d'auteur par l'UNESCO en octobre 1995.

Écrire et lire: deux moments de silence partagés. Quand on reconnaît la même voix, il y a rencontre. Temps pour écrire, temps pour lire ; temps pour se taire, temps pour parler. Même partage.

J'écris et je lis beaucoup. Il me faut une étincelle pour écrire un livre, pour que le feu prenne, pour que je sente le livre en moi. Il me faut le temps qui coule comme une rivière pour lire un livre. Écrire, c'est brûler; lire, c'est se baigner. Écrire en remontant à la source, lire en se laissant porter par le courant. Je vis ces deux aventures: auteur et lecteur.

L’écrivain est présent dans son œuvre, un peu comme Dieu, et invisible entre les lignes. Il loge dans les marges du silence. Il doute, efface, travaille, recommence. « Le métier d’écrivain n’est plus un métier, c’est une aventure, et d’abord une aventure spirituelle ». (Georges Bernanos, Correspondance, décembre 1945).

La lecture me transporte dans l’autre pays, celui de mes désirs et de mes rêves. Elle me fait voir des paysages de parole et de silence qui évoquent la vie inexprimable, celle que je ne connais pas : terre vierge de l’enfance, quête de joie, infini d’une ardente présence. Et si tout n’était que lecture, du début à la fin ? Dans un très bel essai, Suzanne Jacob écrit: « Au début, lorsque nous arrivons, nous sommes accueillis par des visages qui nous entourent de leur désir de nous lire. C’est comme ça que ça commence, notre arrivée au monde : par une histoire de lecture » (La bulle d’encre).

Nous achetons des livres, nous en recevons, et nous les lisons plus tard, car les livres, ces amis en papier, nous attendent aussi. Cette amitié commence dès la naissance, alors que parents et amis déchiffrent notre corps habillé de mots, jusqu’au jour où le livre nous tombe des mains. Et si toute notre vie était un livre où Dieu écrit pour nous parler ?

Dieu? Tout un personnage, qui transcende la littérature. Mais à quoi bon faire de la littérature devant lui ? « Ce n’est pas par la littérature qu’on arrive dans le voisinage de Dieu, on doit Lui parler avec des paroles appropriées, des paroles éprouvées. Les paroles peuvent être muettes. Le silence de la méditation parle » (Eugène Ionesco, La Quête intermittente).

« Ami, c’en est assez. Si tu veux lire encore / Va, et deviens toi-même et le livre et l’essence » (Angelus Silesius, Le Pèlerin chérubinique).

J'ai écrit ce billet à partir de quelques mots de mon Petit dictionnaire de Dieu.

Paru dans Le Devoir, 25 avril 2014, p. A 8.

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jeudi 7 novembre 2024

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