Le blogue de Jacques Gauthier
Au large de la mission (5e dimanche du temps ord. C)
Imaginons la scène de l’évangile de ce dimanche. Une foule se rassemble au bord du lac de Génésareth. Que fait-elle là? Elle se presse « autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu » (Luc 5, 1). Elle est si nombreuse que Jésus monte dans une barque appartenant à Simon. Il s’assoit et il enseigne. Que leur dit-il? Nous ne le savons pas. Il leur a peut-être parlé de l’amour du Dieu et du prochain, comme il l’a fait tant de fois. L’important est que son message soit entendu par le plus grand nombre possible.
Avance au large
Quand Jésus finit de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche » (Luc 5, 4). Simon est fatigué. Ses bras sont rompus d’avoir jeté et relevé le filet toute la nuit. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » (Luc 5, 5). Mais il aime Jésus, et par respect pour lui, il obéit : « sur ta parole, je vais jeter les filets » (Luc 5, 5).
Le lac est lisse sous le soleil, pas le moindre vent ne souffle à l’horizon. Pierre et ses compagnons jettent le filet. Après quelques minutes d’attente, la barque est secouée étrangement. À leur grande surprise, il y a tant de poissons que les filets semblent se déchirer. D’autres compagnons viennent à la rescousse : « Et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient » (Luc 5, 7).
Simon expérimente par tous ses sens la puissance de Jésus, il prend alors conscience de la distance qu’il y a entre lui et le Maître. Un grand effroi le saisit, de même que Jacques et Jean. Il tombe à genoux et dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur » (Luc 5, 8). Jésus lui répond : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Luc 5, 10). Alors, laissant tout, il le suit.
Envoie-moi
Isaïe avait eu la même crainte sacrée lors de sa rencontre avec Dieu, quand il le vit siéger sur un trône et les anges qui criaient : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire » (Isaïe 6, 3). Lui aussi se reconnaît pécheur : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures » (Isaïe 6, 5). Il s’engage quand même au service du Seigneur Dieu : « Me voici : envoie-moi ! » (Isaïe 6, 8)
Saint Paul rappellera à la jeune communauté de Corinthe la Bonne Nouvelle qu’il est venu annoncer, même s’il ne se trouve « pas digne d’être appelé Apôtre » (1 Corinthiens 15, 9). La vérité de l’humilité ouvre le cœur au salut. C’est par la faiblesse accueillie comme une grâce que la force de Dieu peut mieux se déployer. Paul transmettra l’essentiel de ce que nous devons croire : « le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze » (1 Corinthiens 15, 3-5).
Dieu appelle qui il veut à manœuvrer dans la barque « Église ». Si nous nous ouvrons à son action inattendue, nous découvrirons avec Pierre la joie d’avancer au large de la mission, l’audace de pêcher en eau profonde, sans peur, puisque Jésus libère en nos profondeurs un océan de confiance. Et c’est ainsi que, malgré les tempêtes, un souffle d’espérance continue à gonfler la voile de l’Église sur la mer du monde. L’appel retentit toujours, et la réponse de foi aussi : « Envoie-moi ».
Prière
Paru dans le Prions en Église Canada, 10 février 2019.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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