Dès le mercredi des Cendres, qui marque le début du Carême, Jésus met la table en exhortant ses disciples à pratiquer l’aumône, la prière et le jeûne, non pas pour se faire remarquer, mais pour le Père seul qui voit dans le secret. C’est possible en passant de la tête au cœur, du paraître à l’être. Le Père donne à ceux et celles qui prient, jeûnent et partagent, ce qu’il a de plus précieux : son Fils bien-aimé. 

Prie ton Père dans le secret

Plus on aime, mieux on prie. Avec le temps, on arrive à aimer prier, et à aimer un peu plus Dieu et les autres. N’est-ce pas ce que nous sommes appelés à vivre, spécialement durant le Carême, temps de conversion et d’espérance, où Jésus nous convie à prier au désert pour aimer et renaître avec lui ? 

Jésus ne fait qu’un avec le Père. Il m’invite à me retirer dans une pièce éloignée, à fermer la porte et à me recueillir, avec les inévitables distractions qui rendent plus humbles, dans l’aridité du désert ou non. Là, ancré à la Présence, je regarde Jésus dans la foi et je lui dis que je l’aime. C’est tout. L’oraison est ce simple échange de deux regards qui se consument en silence par amour, comme deux amoureux brûlés au même feu du cœur à cœur.  

Cette forme de prière est un don de Dieu ; ce n’est pas notre œuvre, mais celle de l’Esprit en nous. Nous ne pouvons que nous disposer librement à accueillir ce don par un acte de foi. 

Nous laisser conduire par l’Esprit

Dans la prière comme dans la vie, nous avons à faire confiance à l’Esprit Saint, le maître intérieur qui nous apprend à prier. Nous pouvons l’invoquer avec foi : « Viens, Esprit Saint! » Il nous guide vers le Père tout au long de notre montée vers Pâques, comme il a conduit Jésus au désert. C'est le thème du 1er dimanche du Carême: « Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert » (Luc 4, 1) Il est tenté pendant quarante jours par le démon; il lui résiste en méditant la parole de Dieu. Il se prépare ainsi à sa mission d’annoncer le Royaume.

Nous avons reçu l’Esprit à notre baptême. Il nous conduit au désert de la prière lorsque nous prenons le temps de lui parler, de l’écouter dans sa parole, de l’aimer en silence. Les tentations ne manquent pas : « Ce n’est pas pour moi, je m’ennuie, il ne se passe rien, je perds mon temps, Dieu est trop loin, il ne me répond pas… »

Les évangélistes montrent souvent Jésus priant seul la nuit ou tôt le matin. Il prie aussi les psaumes et le Notre Père avec ses apôtres. Un jour, il prend avec lui Pierre, Jean et Jacques, et gravit la montagne pour prier. L’évangéliste Luc écrit qu’il est transfiguré pendant qu’il prie, comme nous le lirons au 2e dimanche du Carême.

Dieu se manifeste parfois d’une manière sensible dans la prière. Cette expérience est passagère; nous avons à redescendre de la montagne et continuer notre mission dans la plaine du monde. 

Prier comme Jésus signifie dialoguer avec le Père, nous unir à son projet d’amour, ne pas nous évader de la réalité, assumer nos responsabilités dans la foi en son nom que l'Esprit répète en nous. « En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. » (Romains 10, 13)

Prière

Seigneur Jésus, durant ces quarante jours,
nous te demandons de réduire en cendres nos péchés
à la lumière du feu pascal.

Accompagne-nous tout au long de notre montée vers Pâques.
Que ta Parole nous aide à résister aux tentations,
pour la mission que tu nous appelles à vivre.

Envoie ton Esprit Saint. Qu'il nous donne la force de persévérer
dans le désert de la prière, où nous murmurons ton nom, 
pour la gloire du Père et le salut du monde. Amen.

Extrait de mon carnet de carême 2025, Les chemins de la prière (Novalis).
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Pour aller plus loin: La prière chrétienne. Guide pratique, format poche, Ephata, 2023, 408 pages.
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