Skip to main content

Le blogue de Jacques Gauthier

École de prière (1): le désir

Qui n'a pas prié au moins une fois dans sa vie? La prière est constitutive de notre être depuis des millénaires, comme le désir, l'amour, la poésie. On y revient sans cesse sous diverses formes et formules, seul ou en groupe, avec des mots ou en silence. Il y a autant de chemins de la prière qu’il y a d’êtres humains. Plus qu’un rite à accomplir ou un exercice à faire, elle reste surtout une expérience de foi à vivre au quotidien.

J'ai écrit huit livres sur la prière. Elle est au centre de ma vie, au coeur de mon coeur. Je prie comme je respire, sans  habit ou signe extérieur qui le manifeste, pensant à Dieu avec amour, lui parlant comme à un ami. Il était donc tout naturel que la prière se retrouve sur mon blogue. J'ai affiché mes couleurs dès le premier article Commencement, qui se termine ainsi : "On peut créer des hyperliens avec Dieu d’un simple clic, d’autres peuvent zapper et passer à autre chose, tel est le pouvoir de notre liberté. Mais pour moi, il n’y a pas de bogue avec Dieu, seulement des conversions, et des interfaces aussi, surtout dans la prière. On s'en reparlera dans l'un de ces blogues". 

Voilà, c'est fait. La prière est ce simple clic sans fil qui me permet d'être en lien direct avec moi-même et avec Dieu. J'en ai déjà parlé directement à deux reprises dans ce blogue: une réaction à un article paru dans Le Devoir, Méditation, prière et silence, et ma réponse à un lecteur, Je n'ai pas appris à prier. Je suis étonné de voir que ces deux textes sont parmi ceux qui sont les plus lus sur le blogue. Probablement que ça répond à un besoin d'intériorité et de spiritualité, d'où l'intérêt pour les monastères, sanctuaires, maisons de prière, centres de santé naturelle et de jeûne, espaces de silence et de solitude. Dans ce monde où tout va si vite, on ressent le besoin de s’arrêter, de trouver la paix intérieure, d’émerger à notre désir profond, de «boire l’eau de notre propre puits», selon la belle expression de saint Bernard. 

Je donne régulièrement des retraites et des conférences sur la prière, spécialement l'oraison, appelée aussi prière contemplative. Cette forme de prière intérieure se vit dans le secret du coeur, vrai lieu de la prière et sanctuaire de la présence de Dieu. L’oraison chrétienne consiste à se mettre en présence de Dieu dans le silence et la solitude. 

Avec ce blogue, je veux partager mon expérience de la prière, surtout de l'oraison, avec vous chers internautes, en créant un espace virtuel, "École de prière", mais non moins réel. Je dis bien "partager", comme on le fait entre amis autour d'une table, n'ayant pas la prétention de vous apprendre à prier. Jean Climaque, moine au mont Sinaï, décédé vers 649, affirmait : "Personne n’apprend à voir. On voit naturellement. Ainsi en est-il de la prière. La « belle prière », on ne l’apprend pas d’un autre. Elle a en elle-même son propre maître. Dieu fait le don de la prière à celui qui prie" (L’Échelle du paradis, no 28). D'où cette demande des apôtres à Jésus que nous pouvons reprendre sans cesse: « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples » (Luc 11, 1).  

Une école du désir

Tenter de définir cette réalité qu’est la prière, c’est aussi définir la personne qui prie et l’Autre auquel la prière s'adresse. Tel n'est pas le but de cette petite école de prière qui se veut pratique, pédagogique. Je veux seulement vous accompagner sur votre propre chemin de prière. Si je vous ouvre le "menu" de ma prière, c'est pour éveiller en vous le désir de prier et suggérer quelques outils qui vous aideront à persévérer dans ce cœur à cœur amoureux avec Dieu.

École de prière pour "enseigner" comment être disponible à la prière, pour initier à différentes "techniques" de prière, pour inviter à se laisser guider par l’Esprit Saint, le maître intérieur de toute prière. N’est-ce pas là tout l’art de la prière que de bien s’y préparer et d’y persévérer? Pour reprendre l’expression de saint Benoît dans le prologue de sa Règle, c’est « une école où l’on apprend à servir le Seigneur », c’est-à-dire à devenir disciple de Jésus, par le désir et la prière. "Nous espérons établir cette école sans y rien instituer de pénible, rien d’accablant… Mais à mesure que l’on progresse dans la vie vertueuse en même temps que dans la foi, le cœur se dilate, et avec une inexprimable douceur d’amour on presse le pas dans la voie des commandements de Dieu" (Saint Benoît).

Prier, c’est un "je" qui rencontre un "Tu", disait le grand priant que fut Jean-Paul II. Il désirait tellement que "le christianisme se distingue avant tout dans l’art de la prière" et que les communautés chrétiennes deviennent de "véritables écoles de prière" (Au début du nouveau millénaire, no 32). Mais dans ce domaine, nous sommes toujours des étudiants, des débutants, des "recommençants", car nous ne savons pas prier comme il faut, nous dit saint Paul: "L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables. Et Dieu, qui voit le fond des cœurs, connaît les intentions de l’Esprit : il sait qu’en intervenant pour les fidèles, l’Esprit veut ce que Dieu veut" (Romains 8, 26-27).

Désirer prier, c’est déjà un début. "Ton désir, c’est ta prière", affirmait saint Augustin. On peut donc prier sans cesse. Mais il faut faire le passage du désir à l’acte pour que la vie soit prière et que la prière soit vie. C’est en priant qu’on apprend à prier. "Dieu veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à nous donner. Nous serons d’autant plus capables de le recevoir que nous y croyons avec plus de foi, nous l’espérons avec plus d’assurance, nous le désirons avec plus d’ardeur" (Saint Augustin, Lettre à Proba sur la prière).

Dans les prochains carnets de cette école de prière, j'aborderai ces questions: pourquoi prier, comment, quand, où? Ensuite, nous regarderons les principaux obstacles que nous rencontrons sur ces chemins sinueux de la prière. Comme l'écrivait si bien le saint ermite suisse Nicolas de Flue: "La prière, on y va parfois comme à une danse, parfois comme à un combat".

Pour aller plus loin, je vous suggère: Guide pratique de la prière chrétienne (Presses de la Renaissance, 323 pages); Expérience de la prière (Parole et Silence, 140 pages). 

 

École de prière (2): Pourquoi prier?
Le tabou de l'avortement

Sur le même sujet:

 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
dimanche 3 novembre 2024

Image Captcha

En acceptant, vous accéderez à un service fourni par un tiers externe à https://www.jacquesgauthier.com/