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Le blogue de Jacques Gauthier

École de prière (51) Prier assis

Le mois dernier, nous avons vu dans un article de ce blogue que le corps peut être une aide dans la prière qui est une relation de foi, une rencontre d’amour au Seigneur qui nous attend. Prenons, par exemple, la position assise. Prier assis permet au corps de se reposer dans une position qui favorise le regard, l’écoute, l’échange. « Écoute ma fille, regarde et tend l’oreille » (Ps 44, 11). Le corps se concentre sur ce qu’il voit et entend. Il est à l’écoute, les yeux ouverts ou fermés.

Priere Humour

À l’écoute

La position assise est parfaite pour celui ou celle qui veut prier en silence ou en commun. Certes, la position idéale est celle où l’on se sent bien, c’est-à-dire celle qui détend le corps et qui favorise l’attention de l’esprit. Ce qui est en soi tout un défi, car le stress est partout présent aujourd’hui et le surmenage nous guette, d’où la difficulté d’habiter notre corps.

Des méthodes peuvent favoriser la relaxation par des exercices sensoriels très simples qui facilitent le contact avec soi-même. Les exercices de concentration permettent d’accroître l’attention et peuvent très bien préparer le temps d’oraison intérieure, appelée aussi prière contemplative. Savoir s’asseoir calmement, sans rigidité ni mollesse, apaise l’esprit au début de l’oraison, qui est un cœur à cœur amoureux et silencieux avec Dieu.

Bien s’asseoir

Un moine me disait que l’art de bien prier est l’art de bien s’asseoir. Lorsque nous prions assis, nous nous disposons à l’accueil de la parole de Dieu et au repos de la contemplation. Cette attitude fut surtout introduite au XVIe siècle avec l’installation des bancs dans les églises. C’est la position biblique du maître qui enseigne et aussi du disciple qui écoute. Nous retrouvons cette position dans le culte des Églises réformées, centré sur la prédication et l’écoute de la parole de Dieu.

Saint Luc nous montre Jésus qui, après avoir lu un extrait du prophète Isaïe dans la synagogue, referme le livre, le rend au servant et s’assoit pour enseigner (cf. Lc 4, 20-21). Par contre, Marie, sœur de Marthe et de Lazare, se tient assise aux pieds du Seigneur pour écouter sa parole, choisissant ainsi la meilleure part (cf. Lc 10, 39).

Une bonne manière de s’asseoir favorise l’éveil à Dieu et la paix intérieure. Par exemple, s’asseoir droit sur une chaise, le dos appuyé contre le dossier, aide le bassin à ne pas basculer vers l’arrière. Les genoux peuvent être légèrement écartés, les cuisses reposent sur toute la chaise, les pieds sont parallèles, bien posés sur le sol ou sur un coussin assez dur. Le dos est dans une position stable et l’abdomen est ainsi bien dégagé pour respirer naturellement, au rythme du silence.

On peut aussi s’asseoir sur les talons. Cette posture, dite des carmélites, exprime l’attente, l’accueil, l’écoute. Pour avoir une meilleure assise, les pointes de pied sont réunies et les talons sont légèrement écartés. Un coussin rond sous les pieds rend la position moins pénible dans les débuts. Cela demande une certaine pratique. S’il arrive que nous ressentions des crampes et des fourmillements, c’est normal, car il peux y avoir une moins bonne circulation du sang dans les jambes.

Nous pouvons utiliser un petit banc de prière, sorte de tabouret incliné où nous nous assoyons à cheval, genoux et talons écartés, les pieds sous le tabouret. Cette position favorise le recueillement.

Dans l’attente de Dieu

Cette forme d’ « assise » invite à l’immobilité et à l’intériorité. Le corps est détendu, l’âme est calme, l’esprit est réceptif, le cœur repose en paix. Le cœur, au sens biblique du terme, désigne la source d’amour d’où procède la vie spirituelle qui engage tout l’être. C’est le centre de la vie, le lieu du fond de l’âme.

Le corps bien assis favorise l’attente silencieuse du Seigneur dans une oraison de présence. Cette position assise nous enracine dans la beauté du Christ. Avec lui, nous vivons sous le regard d’amour du Père et nous nous remettons entre ses mains dans le silence de sa présence. Nous saisissons mieux alors le mystère que nous sommes. 

Dans la prière, toute position corporelle qui ne détend pas doit être vérifiée et corrigée. Il faut s’y exercer progressivement avec douceur, en souplesse, avant d’arriver à un certain bien-être. S’il y a stabilité et détente, c’est souvent le signe que la posture est correcte. Et la prière devient à son tour un facteur de détente, de joie et de paix.

Article paru dans le mensuel Magnificat, février 2017, p. 8-11.
Billet du blogue: Prier avec son corps, 21 janvier 2017.
Pour aller plus loin: Guide pratique de la prière chrétienne et Expérience de la prière.

Un souffle de fin silence
Le paradoxe chrétien

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jeudi 3 octobre 2024

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