Les anges existent-ils vraiment? C’est la question que les éditions Novalis m’ont posée pour cet opuscule de 32 pages, publié dans la collection « La vie en questions ».
Ces êtres spirituels, non corporels, sont tellement présents dans la Bible et la tradition chrétienne, que pour l’Église leur existence est une vérité de foi. Deux jours leur sont consacrés au calendrier liturgique : La fête des Archanges, le 29 septembre, et celle des anges gardiens, le 2 octobre.
La recherche théologique et spirituelle sur les anges m’a amené à me poser d’autres questions. Quel est leur rôle dans le plan de Dieu ? Les anges que l’on retrouve dans le rayon « ésotérisme » des librairies sont-ils les mêmes que ceux de la tradition catholique ? Comment nous protègent-ils et intercèdent-ils pour nous auprès de Dieu? Quelle est leur place dans la liturgie de l’Église, l’Eucharistie et la vie spirituelle?
Je réponds brièvement à ces questions, et à bien d’autres que nous nous posons couramment sur les anges, en montrant l’importance qu’ils ont dans la spiritualité catholique et l’expérience des saints. Je propose également des pistes pour bien les honorer dans nos pratiques spirituelles.
Ce fut un défi d'écrire en si peu de pages tout ce que j’ai découvert sur les anges. Un livre plus substantiel de 120 pages sera publié, en avril 2020, en France aux éditions de l’Emmanuel et au Canada chez Novalis : En présence des anges.
De pures créatures spirituelles
Les chrétiens professent dans le Symbole des apôtres que Dieu est « le Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. S’il y a des anges, c’est parce qu’il y a un Dieu, et s’ils sont saints, c’est parce qu’il est la source de toute sainteté.
Chaque ange est créé unique et original, mais qui sont-ils vraiment? Le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique en donne cette définition éclairante : « Les anges sont de pures créatures spirituelles, incorporelles, invisibles et immortelles, êtres personnels doués d’intelligence et de volonté. Contemplant sans cesse Dieu face à face, ils le glorifient, le servent et sont ses messagers dans l’accomplissement de la mission du salut pour tous les hommes. » (no 60)
Les anges sont très présents dans l’Ancien Testament, et un peu moins dans le Nouveau. Ils annoncent la naissance de Jésus aux bergers (Lc 2, 11-14). À son entrée dans la vie publique, ils le servent au désert, après qu’il a subi les assauts de Satan et triomphé des tentations : « Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. » (Mt 4, 11) Ils le réconfortent dans son agonie (Lc 22, 43), même s’il aurait pu être sauvé par eux (Mt 26, 53).
Les anges roulent la pierre du tombeau et apparaissent aux femmes leur annonçant la Bonne Nouvelle de la Résurrection (Mt 28, 1-3; Mc 16, 5; Lc 23, 4-6). Ils témoignent du Christ à Marie Madeleine, tout en pleurs, près du tombeau (Jn 20, 12). On les voit aussi au début de l’Église, chez certains Pères de l’Église, puis au Moyen Âge chez des mystiques et théologiens. Au 19e siècle, la montée de l’âge industriel et du rationalisme renvoie l’ange à la nostalgie d’un monde perdu.
Le retour des anges
L’écrivain anglais Chesterton disait avec humour : « Si les anges volent, c'est parce qu'ils se prennent eux-mêmes à la légère. » On peut dire qu’aujourd’hui ils ne pèsent pas lourd dans la balance du scepticisme et du nihilisme ambiants. Ils suscitent un sourire moqueur, car pour certains ils appartiennent à un monde mythique et imaginaire. Pour d’autres, ils sont bien réels, mais on les retrouve plus sur Internet et dans des boutiques de santé que dans l’Église et les institutions religieuses. Les théologiens ne s’intéressent guère à eux. Les prêtres les ignorent dans leurs sermons, à part quelques exceptions.
Dans les années 1960, L’ange revêt les habits du Nouvel Âge et des mouvements ésotériques. À l’ère du Verseau et du Peace and love de la génération lyrique, plusieurs sentent le besoin de vivre la spiritualité autrement, sans lien avec le clergé traditionnel. Ils se bricolent des croyances à la carte, à leur mesure, dans une perspective écologique et mondiale. Déçus par la science et la politique, ils s’ouvrent aux expériences surnaturelles et aux phénomènes paranormaux.
Dans cette mouvance, des documentaires et des livres racontent l’histoire de personnes de tous âges qui ont été protégées et sauvées par leurs anges gardiens. On relève également des expériences de mort imminente, où à la suite d’un traumatisme, l’esprit survole le corps blessé, traverse un tunnel, voit une lumière au bout, rencontre un ou des anges qui les changent pour le reste de leur vie.
Des films hollywoodiens s’approprient aussi l’image de l’ange pour en faire des fantômes d’amour ou des superhéros venus sauver la planète. Une exception : l’œuvre de Wim Wenders, Les Ailes du désir (1987), où il montre que les anges, pleins d’amour pour l’humanité, sont parmi nous, sans être de ce monde. À l’opposé, des films d’horreur, comme L’exorciste (1973), remettent au goût du jour la figure du diable et des démons, qui, eux aussi, avaient été un peu oubliés.
Devant ce nouvel attrait pour les anges, on comprend que des chrétiens ne sachent plus à quel ange se vouer. Ce questionnement apporte dans le milieu catholique de nouvelles publications.
Les anges existent-ils vraiment ? Novalis, 2020, 32 pages.
À paraître en France, le 8 avril 2020, aux éditions de l’Emmanuel, En présence des anges, dans la nouvelle collection Saintissime. Il sera publié plus tard au Canada aux éditions Novalis.