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Le blogue de Jacques Gauthier

La part d'infini qui nous échappe

Louis Cornellier, professeur de français au Cégep de Lanaudière, aime partager son bonheur de lire. Il est l’auteur de trois recueils de poèmes et d’une douzaine d’essais sur l’histoire du Québec, la foi chrétienne, la littérature et la langue. Il tient une chronique hebdomadaire dans Le Devoir depuis 1998 et dans le site spécialisé en information religieuse Présence Info depuis 2018. 

Je le lis avec intérêt depuis longtemps. Ses chroniques stimulent ma pensée et me font connaître des ouvrages récents. Je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’il écrit, ce qui est normal, mais j’apprécie son ton personnel, nuancé, au-delà des modes. Dans un style clair et fluide, il fait dialoguer les auteurs et leurs œuvres pour mieux comprendre le monde.  

Je n’ai jamais rencontré ce passeur de livres et d’idées, mais je me sens proche de sa quête, si ce n’est par sa manière de traquer la part d’infini qu’il entrevoit parfois dans les œuvres littéraires ou musicales, infini qui nous échappe sans cesse. Il ne craint pas de nommer Dieu quand il le faut. Lecteur humaniste et croyant sincère, il cherche dans la littérature « le sens spirituel et existentiel de l’expérience humaine », comme il écrit dans le liminaire de son livre Une affaire de sensEssais sur la littérature et la transcendance (Médiaspaul, 2022, 167 pages). Il reprend ici des chroniques parues dans Le Devoir et Présence Info. L’introduction et le texte sur le Dom Juan de Molière sont inédits.

Cornellier

L'auteur a forgé sa propre culture classique en fréquentant les œuvres majeures du patrimoine artistique, sans renier sa culture première. Il l’avoue en toute simplicité dans son chapitre sur le Mozart d’Éric-Emmanuel Schmitt : 

« Je suis, comme Fernand Dumont, un émigrant, passé de la culture première (villageoise, populaire, modeste) à la culture seconde (intellectuelle et savante). Je tiens à l’une (à la musique populaire, à la religion de l’église du village, à la simplicité des relations humaines, aux plaisirs de la grivoiserie) et à l’autre (à la littérature et à la musique savantes, aux discours théologiques subtils). » 

Dans Une affaire de sens, il visite une vingtaine d’œuvres importantes d’auteurs du Québec et d’ailleurs. Aucune femme dans ses inspirations classiques de la première partie du livre, sauf Yasmina Reza et Gabrielle Roy, que l'on retrouve dans la deuxième partie consacrée aux auteurs contemporains. Nous redécouvrons Houellebecq en poète métaphysique, Félix Leclerc et Gilles Vigneault en chrétiens attirés vers le haut, André Major et la transcendance horizontale de ses Carnets, Claude Jasmin en agnostique croyant qui écrit un « cinquième évangile » avec son roman Le rire de Jésus

Le critique littéraire recherche dans ces œuvres la dimension humaine qui nous aide à vivre et nous transforme de l’intérieur. Des textes comme Prière pour aller au Paradis avec les ânes de Francis Jammes, L’étudiant de Tchékhov ou La tempête de neige de Tolstoï, analysés finement par Cornellier, peuvent jeter une lumière nouvelle sur ce que nous vivons. Ces œuvres éveillent en l’âme des résonances bienveillantes qui consolent de la bêtise et des guerres, comme celle qui sévit en Ukraine et qui me brise le cœur.

Je me permets un commentaire plus personnel. Si la littérature émeut et peut nous inspirer un monde meilleur, ce sont surtout les écrits des mystiques qui me font vivre et qu’on ne lit plus beaucoup aujourd’hui. Je pense aux autobiographies de Marie de l’Incarnation, Thérèse de Lisieux et Dina Bélanger, aux œuvres spirituelles d’Augustin, Bernard de Clairvaux et Jean de la Croix, aux méditations bibliques de Charles de Foucauld, Maria Valtorta, Maurice Zundel, aux romans de Georges Bernanos, à la poésie de Patrice de La Tour du Pin… J’arrête ici, la liste est longue. 

À chacun ses lectures et son rythme sur le chemin de la transcendance. Louis Cornellier nous tend la main et nous propose ses essais qui nous accompagnent dans notre quête de sens et qui culminent dans une célébration de la vie, malgré la souffrance et la mort.

Pour lire d'autres articles du blogue consacrés à la littérature, cliquez ici.

Prier avec Charles de Foucauld
Le refrain des heures

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jeudi 18 avril 2024

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