Le blogue de Jacques Gauthier
La petite voie avec Thérèse de Lisieux
Qui n'a pas déjà entendu parler de Thérèse de Lisieux (1873-1897), connue aussi sous le nom de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus? Son Histoire d'une âme a embrasé le cœur de millions de lecteurs à travers le monde. Il ne s'agit pourtant pas d'une histoire à l'eau de rose. Thérèse a su trouver Jésus par la petite voie de l'enfance spirituelle. Elle indique cet itinéraire lumineux à tous les chercheurs de Dieu.
Je parcours brièvement son itinéraire dans un opuscule, format de poche et à bas prix, La petite voie avec Thérèse de Lisieux, publié aux Éditions Artège. Je présente en quarante courts chapitres la petite voie de confiance et d’amour de Thérèse, que l’on peut lire et méditer comme une retraite de quarante jours.
L’itinéraire spirituel de la petite Thérèse nous rappelle que nous sommes tous appelés à la sainteté. Cet appel fait partie de notre ADN baptismal depuis le jour où nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ, participant ainsi à la sainteté même de Dieu. Nous marchons tous vers ce but, parfois à cloche-pied, en faisant confiance au Seigneur qui sait ce qu’il y a en nous. Thérèse nous y invite à sa manière en nous proposant sa petite voie de sainteté où l’on prend l’ascenseur de l’amour que sont les bras de Jésus.
Une voie pour tous
Par la découverte de sa petite voie, Thérèse démocratise la sainteté. Devenir sainte, pour elle, c’est s’ouvrir aux flots de tendresse qui sont renfermés en Dieu, s’abandonner à sa miséricorde infinie, consentir à se laisser consumer par cet amour purifiant et transformant dans les petits riens de la vie ordinaire. La sainteté est alors notre faiblesse noyée dans la miséricorde divine. La fragilité, accueillie comme une grâce, même dans la nuit la plus noire, devient un moyen pour nous offrir totalement à l’amour du Père, du Fils et de l’Esprit.
L’image de cette sainteté pour tous est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son père ou de sa mère. Toutes les « âmes faibles et imparfaites », comme elle l’écrit, peuvent donc accéder à ce type de sainteté, car c’est Dieu lui-même qui est leur sainteté.Sa petite voie utilise les moyens ordinaires pour devenir saint : simplicité, humilité, abandon, droiture, audace. Le pape François reprend ces caractéristiques dans son exhortation sur la sainteté Gaudete et Exsultate en opposant la tristesse à la joie, l’égoïsme à l’amour, l’anxiété à la prière, la négativité à l’humour.
« Si nous vivons tendus, prétentieux face aux autres, nous finissons par être fatigués et épuisés. Mais si nous regardons leurs limites et leurs défauts avec tendresse et douceur, sans nous sentir meilleurs qu’eux, nous pouvons les aider et nous évitons d’user nos énergies en lamentations inutiles. Pour sainte Thérèse de Lisieux, « la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leurs faiblesses. » (no 72)
Tout attendre de Dieu
Dans notre monde en proie à tant de peurs et de suspicions, Thérèse ne propose pas une sainteté à rabais, mais nous invite à la confiance, à laisser tomber nos masques. Sa petite voie n’a rien à voir avec l’infantilisme, avec les caprices de l’enfant. Ce n’est pas être crédule, passif, innocent, mais accueillir la miséricorde, s’émerveiller des actions du Seigneur, tout attendre de lui. Cela ne veut pas dire que l’on ne fait rien et qu’on se résigne au péché ; au contraire, on travaille à la transformation du monde et on s’unit à la croix de Jésus.
Thérèse comprend par expérience que l’amour infini du Dieu Père, Fils et Esprit se complaît surtout dans ce qui est faible, délaissé, éprouvé. Sa petite voie est marquée par cette présence en elle de l’amour trinitaire. Elle sait que la plus grande joie que l’on peut faire à Dieu est de se laisser aimer par lui, puisqu’il n’est qu’amour, relation de personne à personne, et que c’est dans la nature même de l’amour de se donner et d’être reçu, de se répandre et de rayonner.
La jeune carmélite, dans les derniers mois de sa vie, prodigue un enseignement précieux sur sa petite voie. Elle ne compte pas sur ses mérites, ne s’étonne pas de ses faiblesses, mais espère en Dieu, étanche la soif de Jésus par sa foi en la miséricorde. Elle ne s’appuie pas sur ses propres forces, mais prend l’ascenseur de l’amour. Elle laisse faire Jésus, qui agit dans les petites choses du quotidien. Elle ne s’attribue aucun progrès, ne se décourage pas, mais reconnaît que tout vient de Dieu. Elle fixe son regard sur Jésus, sans se complaire dans la souffrance.
« Tout est grâce », disait Thérèse. Sa spiritualité ne se résume pas en une pratique ou vertu particulière, mais en une intention fondamentale du cœur qui se manifeste par une ouverture confiante à l’action de Dieu et par un désir brûlant de vivre d’amour. « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour », disait son maître spirituel, Jean de la Croix.
La petite voie avec Thérèse de Lisieux, Paris, Éditions Artège, 2018, 132 pages, 4,90€.
Disponible au Canada le 7 février 2019 aux Éditions Novalis.
Pour aller plus loin: Dix attitudes intéreures. La spiritualité de Thérèse de Lisieux (Novalis/Cerf).
Lire également quelques articles sur Thérèse dans ce blogue, dont celui-ci sur sa petite voie.
J'ai aussi collaboré au Magazine Thérèse, préparé par les artistes Grégory Turpin et Natasha St-Pier, qui chantent les poèmes de Thérèse avec amour et conviction depuis plusieurs années.
Vidéo de 35 minutes de ma chaîne YouTube sur Thérèse et l'oraison de sécheresse, ajoutée le 17 mai 2020.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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