Le blogue de Jacques Gauthier
Le Triduum pascal: l'amour plus fort que la mort
Tout au long de l’année liturgique, Dieu vient à nous et nous allons à lui. Nous célébrons son amour plus fort que la mort. Ce mystère de salut culmine à ce que les premiers chrétiens appelaient « la Grande Semaine », qui va du Dimanche des Rameaux jusqu’à Pâques. Durant cette semaine sainte, l’amour se concentre sur trois jours comme en un point lumineux, un feu divin qui irradie de l’intérieur et qui envahit tout : le Triduum pascal.
Sommet de l’année liturgique, le Triduum commence le soir du Jeudi saint pour se terminer au dimanche de Pâques. Il ne s’offre pas à nous comme un spectacle, mais comme une rencontre avec le Christ. Nous suivons Jésus dans les derniers moments de sa vie, nous faisons nôtres ses sentiments, nous célébrons sa Pâque, c’est-à-dire son passage de ce monde à son Père. Voici quelques gestes que l’Église propose dans sa liturgie et qui nous aide à mieux prier notre libération, à nourrir aussi les petites liturgies que nous pouvons vivre à la maison.
Jeudi saint
Dernier repas de Jésus. Il a gardé le bon vin pour la fin, il tient table ouverte pour ses amis. C’est lui qui sert, il donne tout, « il est le vivre et le couvert » (Patrice de La Tour du Pin). À l’église, nous faisons mémoire de la nouvelle Pâque que Jésus instaure dans son corps. Nous reprenons le geste du lavement des pieds, le rite du service. Le pain devient son corps livré, le vin son sang versé pour nous. Nous adorons le saint sacrement au reposoir après la messe. L’autel est dépouillé, nous entrons dans un temps de veille qui rappelle la prière de Jésus au Jardin des Oliviers.
Nous t’adorons Seigneur Jésus, toi qui es réellement présent dans le saint sacrement. Donne-nous la grâce de passer une heure avec toi, de t’accompagner dans ton agonie. Notre chair irradie de ta présence. Nous devenons Eucharistie. Merci, Seigneur.
À la maison, nous prenons un repas avec du pain sans levain. Nous pouvons aussi nous laver les mains ou les pieds entre nous. Le soir, avant d’aller au lit, nous prions en silence afin de communier aux sentiments de Jésus avant sa mort.
Vendredi saint
Ce jour est dédié au mystère de la Croix. Le Vendredi saint, c’est tout l’amour cristallisé en Jésus. Dieu va jusqu’au bout de l’amour : «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1), avons-nous rappelé la veille. L’office de la Croix en après-midi est unique, ce n’est pas une messe. L’Église se rappelle les souffrances et la mort de Jésus; en sa chair le mal meurt. Quelques fidèles auront fait une procession, une marche du pardon, dans les rues avant d’arriver à l’église où l’on célèbre la Passion du Seigneur.
La liturgie commence sobrement par l’entrée silencieuse du ministre qui se prosterne devant l’autel dépouillé. C’est toute l’Église qui adore en silence, toute la création qui gémit. Puis, c’est la lecture de la Passion, la grande prière universelle, la procession de la croix, - « Voici le bois de la croix qui a porté le salut du monde » -, la vénération collective et la communion au corps du Christ. Le soir, il y a souvent la célébration du chemin de la croix. Nous pensons à Marie au pied de la Croix, notre mère, la Stabat Mater. À la maison, nous jeûnons en nous privant d’un repas ou de quelque chose d’autre. Nous prions devant un crucifix.
Seigneur Jésus, tu as souffert par amour, soutiens toutes les personnes qui souffrent en ce moment. Aide-nous à porter notre croix chaque jour, donne-nous la force de pardonner comme tu l’as fait, augmente en nous la foi, l’espérance et l’amour, car quand ta croix s’élève, le monde renaît.
Samedi saint et Veillée pascale
Samedi saint, jour du vide et de l’absence, temps du grand silence et de la joyeuse espérance. C’est le sabbat du Christ, son grand repos. Il n’y a pas de célébration liturgique à l’église. Le grain est jeté en terre pour éclore en vie nouvelle. Nous attendons avec foi sa résurrection.
Nous prévoyons quelques fleurs pour la maison et préparons des mets spéciaux pour le repas de Pâques. Nous revêtons notre cœur d’un habit de lumière pour la Veillée pascale, la « Veillée des veillées », la nuit bienheureuse où éclatera la joie de Pâques pour cinquante jours de fête. Alléluia! Chanterons-nous enfin. Oui, le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité.
Ô Christ ressuscité, prépare-nous à la grande solennité pascale, à la nuit du vrai bonheur. Enflamme-nous au contact du feu nouveau. Ravive en nous les eaux frémissantes du baptême. Que nous te chantions tous ensemble un chant nouveau pour les siècles des siècles. Amen.
Mon texte est également paru dans Prions en Église Canada, Triduum pascal 2014, p. 147-149.
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
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