Le blogue de Jacques Gauthier
Méditation biblique: Une histoire de pêche
L'Évangile est comme un grand jardin où nous entrons par tous les sens. Dieu y passe dans le concret de la vie à travers une odeur, une parole, un souffle, une sueur, un parfum, une larme, un repas, un lac, un métier. Il se révèle aussi par toutes sortes de paraboles et d’histoires, dont une de pêche miraculeuse.
Avance au large
« Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth : la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu » (Luc 5, 1). Il voit deux barques et leurs équipages qui lavent les filets, signe que le travail est fini. Les pêcheurs ont peiné toute la nuit sans rien prendre. Ils ont hâte d’aller dormir. D’un geste audacieux, Jésus monte dans une des barques, celle de Simon, lui demande de s’éloigner du rivage, s’assoit pour enseigner la foule. Après cela, il dit à Simon, le pêcheur expérimenté : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson » (Luc 5, 5). Quelle perte de temps, semble dire Simon, d’autant plus qu’il fait jour et que la pêche en eau profonde, « c’est pas un cadeau », comme on dit! Pourtant, il s’exécute, car la parole du Maître semble efficace.
À sa grande surprise, il y a tant de poissons que les filets se déchirent. D’autres compagnons viennent à la rescousse. Simon expérimente par tous ses sens la puissance de Jésus, ses bras ne fournissent pas à la tâche. Il prend alors conscience de la distance qu’il y a entre lui et le Maître : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Luc 5, 8). Isaïe avait eu la même crainte sacrée lors de sa rencontre de Dieu : « Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures » (Isaïe 6, 5). De son côté, saint Paul dira, « je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre » (1 Corinthiens 15, 9). La vérité de l’humilité ouvre le cœur au salut. C’est par notre faiblesse accueillie comme une grâce que la force de Dieu peut mieux se déployer.
N’ayez pas peur
Dieu appelle qui il veut, toujours à partir de ce qu’il est. Jésus rejoint de simples pêcheurs là où ils vivent, dans leurs barques, leur milieu de travail, et il en fait des pêcheurs d’hommes, non sans encouragement : « Sois sans crainte » (Luc 5, 10). Il choisit ses disciples parce qu’il a besoin d’eux, encore aujourd’hui. Si nous nous ouvrons à son action inattendue, là où nous sommes, nous découvrirons avec Pierre la joie d’avancer au large de la mission, l’audace de pêcher en eau profonde, sans peur, puisque Jésus libère en nos profondeurs un océan de confiance.
Un intrépide successeur de Pierre, béatifié par Benoît XVI le 1er mai 2011, avait commencé son pontificat par ces mots : « N’ayez pas peur ». Jean-Paul II, si donné à Jésus et à l’Église, avait repris cette autre parole du Maître dans sa lettre sur le nouveau millénaire : « Avance au large » (Luc 5, 4). Benoît XVI a repris le gouvernail à sa manière douce et humble. Et c’est ainsi que, malgré les tempêtes, un souffle d’espérance continue à gonfler la voile de l’Église sur la mer du monde. L’appel retentit toujours, et la réponse de foi aussi : « Moi, je serai ton messager : envoie-moi » (Isaïe 6, 8).
Prière
À propos de l'auteur
Marié et père de famille, poète et essayiste, son oeuvre comprend plus de 80 livres, parus au Québec et en Europe, et traduits en plusieurs langues. Il a enseigné vingt ans à l'Université Saint-Paul d'Ottawa. Il donne des conférences et retraites que l'on retrouve dans sa chaîne YouTube. Pour en savoir plus: Voir sa biographie.
Derniers articles de cet auteur
Sur le même sujet:
En acceptant, vous accéderez à un service fourni par un tiers externe à https://www.jacquesgauthier.com/
Commentaires