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Le blogue de Jacques Gauthier

Revenir à notre coeur d'enfant

Quand mes deux petites-filles sont à la maison, il m’arrive de les emmener au parc. Alors, c’est la fête ! Elles courent partout, sautent, glissent, perdent l’équilibre, se relèvent. On dirait qu’elles oublient le temps qui passe, tandis que leur grand-papa, lui, se fatigue assez vite. Mais en les regardant jouer avec une telle insouciance, je retrouve mon cœur d’enfant et je m’ajuste à leur rythme. Elles m’apprennent l’émerveillement, la joie, la simplicité, le sourire.

Jacques et Sara Eve

La gratuité du jeu

Dans Regards et jeux dans l’espace, le poète Saint-Denys Garneau écrit : « Un enfant est en train de bâtir un village / C’est une ville, un comté / Et qui sait / Tantôt l’univers ». C’est sérieux un enfant qui joue, il est totalement concentré dans ce qu’il fait, tout occupé à bâtir son univers intérieur. « Joie de jouer! paradis des libertés! », écrit le poète.

Que nous soyons enfants ou adultes, le jeu nous décentre de nous-mêmes, rompt avec la routine, nous projette dans la gratuité de l’instant présent. Il ne faut pas en abuser, bien sûr. Je pense aux personnes dépendantes des jeux vidéo et des loteries. Dans leur cas, le jeu ne libère plus, il aliène et enchaîne. Il ne crée plus rien. Il n’est plus fils de la joie, mais de la tristesse.

L’enfant trouve spontanément en lui le jeu qu’il aime, qui le stimule. Tout peut devenir un terrain de jeu sans que ce plaisir devienne de la compétition. Sa joie faite de rien, ou de si peu, le repose de l’école, de la performance, du travail. Notre tâche n’est-elle pas de rayonner la joie ? Il est bon de faire des choses inutiles, de rêver, de chanter, d’être là, un peu comme Dieu qui devient un enfant.

Dans le livre des Proverbes, la Sagesse est personnifiée par un être énergique qui vit en présence de Dieu et qui grandit à ses côtés, « jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant ses délices avec les fils des hommes» (Proverbes 8, 30-31). Dieu comme un enfant ? Pourquoi pas ? C’est ce que vivons chaque Noël en célébrant la venue du Verbe de vie en notre chair, Jésus, l’Emmanuel. Lui-même dira à ses disciples : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » (Matthieu 19, 14)

L’enfance spirituelle

Dans sa légèreté d’être, Thérèse de Lisieux illustre sa petite voie de la sainteté par l’image de l’enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son père. Elle va vers Dieu en prenant avec confiance l’ascenseur de l’amour que sont les bras de Jésus. Cette voie de l’enfance spirituelle n’a rien à voir avec l’infantilisme, avec les caprices des bambins. Ce n’est pas être crédule, passif, innocent, mais accueillir la miséricorde, s’émerveiller des actions du Seigneur, tout attendre de lui.

Il y a en nous un enfant qui n’en finit plus de naître, de grandir. Donnons-lui sa part de jeu, de fête, de poésie, de prière, de silence. Et pour revenir à notre cœur d’enfant, rien de mieux que de jouer avec nos enfants et petits-enfants, en toute gratuité, pour la joie du Père qui nous veut heureux. Le soir venu, nous pouvons lui adresser cette prière toute simple : «Père, rends-moi tout petit comme un enfant pour que je m’abandonne en toute confiance sur ton cœur et que je m’endorme dans ton sourire». 

Texte paru dans Prions en Église Canada, 2 avril 2017, p. 35-36.

Pour aller plus loin: Dix attitudes intérieures. La spiritualité de Thérèse de Lisieux et Petit dictionnaire de Dieu.  

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jeudi 12 décembre 2024

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