La prière et l’amour sont intimement liés, comme l’eau l’est à la source, le sang au cœur, l’âme au corps. De grands priants comme Thérèse de Lisieux et Charles de Foucauld ont témoigné par leur vie que plus nous aimons, mieux nous prions. La prière, comme l’amour, exige la relation, la présence, la réciprocité, l’union. Il me semble que le Carême est un temps idéal pour éveiller le désir de prier et d’aimer. Un acte d’amour Est-ce que Dieu est au cœur de notre vie ? Si oui, la prière le sera aussi. Dieu nous aime et désire entrer en relation avec nous. La foi chrétienne nous le présente comme un Dieu Trinité qui n’est qu’amour et lumière. Le Père envoie son Fils dans le monde par l’Esprit Saint pour instaurer son royaume d’amour et de paix. Il nous sauve du péché et de la mort par la croix et la résurrection...
Le blogue de Jacques Gauthier
Le 15 août, l’Église célèbre l’Assomption de la Vierge Marie, et le 22 août, la royauté de la Mère de celui dont « le règne n’aura pas de fin » (Luc 1, 33). Nous croyons en la puissance d’intercession de Marie qui a connu la gloire éternelle dans son corps et dans son âme. Le Père a voulu que la mère de son Fils soit aussi notre mère et notre reine, afin que, soutenus par sa prière, « nous obtenions dans le royaume des Cieux la gloire promise à tes enfants » (Prière d’ouverture de la messe de Marie Reine). Cet aspect triomphal de la royauté de Marie, si cher aux Églises d’Orient, découle de sa maternité, qui est liée à la paternité divine, puisque le Père engendre éternellement le Verbe. Le peuple chrétien salue depuis des siècles Marie Reine, mais comme l’exprime si bien Thérèse de Lisieux, Marie est plus mère que reine. Ou...
L’ermite missionnaire Charles de Foucauld, canonisé à Rome le 15 mai 2022, définit la prière comme un regard amoureux tourné vers Jésus qui nous regarde avec amour, même si nous ne ressentons pas toujours son amour. « Prier, c’est penser à Dieu en l’aimant », note-t-il dans ses méditations. Que ce soit cinq minutes ou une heure, chacun est libre de fixer quotidiennement un rendez-vous d’amour avec Dieu. Quel est le moment de la journée qui nous convient le mieux pour prier : le matin, le midi ou le soir? La prière va pénétrer toute notre vie si nous fixons un moment précis où nous nous tenons simplement devant Dieu, avec des mots ou en silence. L’important est de persévérer, ou de nous remettre à prier si nous avons arrêté. Il ne faut jamais se décourager, nous sommes toujours des « commençants » dans la prière. Force, courage, consolation La prière donne aux personnes croyantes...
Une nuit, j’ai rêvé à la douceur de Dieu. Ou à son amour, si vous préférez. Je dormais profondément quand j’ai été envahi d’une lumière bienfaisante qui inondait mon corps d’une bonté et d’une douceur sans pareilles. Cette clarté berçait mon âme « comme un petit enfant contre sa mère » (Ps 130, 2). Je murmurais : « Je t’aime, Jésus. Je t’aime ». Ne vous méprenez pas, mes rêves ne sont pas toujours d’une telle élévation, mais ça arrive parfois, comme s’ils étaient un prolongement de ma relation au Christ. « Je dors, mais mon cœur veille », dit la bien-aimée du Cantique des Cantiques. Goûter la douceur de Dieu En me réveillant ce matin-là, je ressentais une grande joie. Mon temps habituel d’oraison silencieuse était vide de toute distraction, comme si le Christ reposait en moi. Il me brûlait le cœur de sa douce humilité : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples,...
Interview avec Antoine Pasquier, « Dieu est près de nous dans nos nuits », dans le magazine Famille Chrétienne du 22 octobre 2022, p. 24-27. Auteur prolifique d’ouvrages sur la prière et les saints, le poète et essayiste québécois publie En sa présence, une autobiographie spirituelle. L’occasion de nous dévoiler les secrets de son intimité avec Dieu. Qu’il est exquis d’écouter Jacques Gauthier. Pas seulement parce que son accent québécois nous fait vibrer et nous incite à la bonne humeur, mais parce que ses paroles sont aussi poétiques, spirituelles et dépouillées que sa foi. Avec lui, la prière semble si facile. À l’occasion de sa venue en France pour la promotion de son autobiographie spirituelle En sa présence, publiée aux éditions Artège, le poète et essayiste aux quatre-vingts ouvrages de spiritualité n’a pas résisté à l’envie de venir raconter à Famille Chrétienne, dont il fut autrefois chroniqueur, le long compagnonnage de Dieu dans sa vie. Votre...
Saint François d’Assise a loué le Seigneur pour messire frère Soleil : « Il est beau, rayonnant, d’une grande splendeur, et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole. » L’a-t-il fait pour notre frère tournesol? Sans doute, mais implicitement, puisque qu’au début de sa grande louange cosmique qu'est le Cantique des créatures, il dit : « Loué sois-tu Seigneur, dans toutes tes créatures »... Si le soleil est vu comme le symbole de la splendeur divine, je considère le tournesol comme un symbole de l’oraison, appelée aussi prière contemplative. Se tourner vers le Christ Le tournesol, mot emprunté à l’italien tornasole, signifie «qui tourne avec le soleil». Cette grande plante nous rappelle l’importance de nous tourner vers le Christ en tout temps, ce «soleil de justice» aux rayons guérisseurs. La personne qui s’expose au Christ à chaque heure devient en quelque sorte un tournesol de Dieu. Au début de la...
Voici le 84e article de l'École de prière de mon blogue, commencée en février 2013. Il me semble que je commence sans cesse, que je ne sais pas prier. De fait, nous sommes toujours des commençants dans la prière, nous marchons avec l'Esprit Saint qui prie en nous, qui vient en aide à notre faiblesse, qui nous aide à tenir bon sur les chemins inédits de la prière du coeur, de l'oraison silencieuse, de la contemplation surnaturelle. La prière est un élément constitutif de l’être humain. Présente dans les différentes civilisations, elle provoque une parole qui exprime les croyances et les désirs, souvent de manière poétique et symbolique. Elle révèle notre aspiration profonde à entrer en relation avec un être transcendant qu’on appelle Dieu. Des prières à la prière Quelle a été la première prière de l’humanité? Demande ou louange, personnelle ou communautaire, autour du feu ou au moment de la mort?...
Jésus raconte une parabole où il montre deux hommes en prière : l’un est pharisien, l’autre est publicain, un collecteur d’impôts à la solde des Romains (Luc 18, 9-14). Jésus reproche au pharisien son autosatisfaction et son mépris du publicain, alors que ce dernier se tient à distance, n’osant pas lever les yeux vers le ciel et se frappant la poitrine. Jésus déclare que c’est le publicain qui est en règle avec Dieu, car « quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 18, 14). L’humilité, c’est nous reconnaître pécheurs et tout attendre de Dieu dans la confiance. Elle permet d’accueillir nos faiblesses dans la prière, à la manière du publicain qui se tient à l’arrière du temple : « Ô Dieu, aie pitié de moi, qui suis un pécheur. » (Luc 18, 13.) Dieu reconnaît les humbles, car il est lui-même doux et humble de coeur...
J’aime m’asseoir devant les crèches de Noël et méditer en silence le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. J’y vois un signe merveilleux de l’amour invincible du Père pour nous, lui qui a « tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean 3,16). Pendant l'Avent, je prends davantage conscience que Dieu est toujours à l’œuvre dans ma vie. "Dieu est à l'oeuvre en cet âge / Son jour va se lever!" (Didier Rimaud). Il m'aide à devenir amour, comme lui. D’abord, par mon existence même qui demeure le lieu par excellence de mon expérience de Dieu. Ensuite, par la joie que j'éprouve à le suivre et à annoncer la Bonne Nouvelle dans les différents rassemblements où je suis invité à porter le Verbe qui parle du coeur au coeur: communautés, paroisses, groupes de prière, monastères. Pour tenir bon dans l'espérance et habiter la maison du coeur, je me ressource chaque jour dans le silence de...
Les évangélistes montrent souvent Jésus qui se retire seul, à l'écart, pour prier son Père. Que lui dit-il dans cet échange de deux regards, de deux désirs? Peut-être bien la même demande qu’à la Samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jean 4, 7). Peut-être loue-t-il son Père parce qu’il révèle ses secrets aux plus petits. En réalité, nous ne connaissons pas vraiment le contenu de la prière de Jésus. En revanche, nous savons que pour lui la prière découle d’une attitude intérieure faite de foi et d’amour, de confiance et de persévérance envers Dieu qu’il appelle Abba, « papa ». Si Jésus aime s’entretenir seul avec son Père, il prie aussi en compagnie de ses Apôtres, comme il l’a fait sur la montagne de la transfiguration (cf. Luc 9, 29). Il expérimente l’amour transformateur du Père qui lui donne force et consolation pour continuer d’annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume. Nos...
Jésus fait preuve d’une grande originalité et d’une profonde familiarité avec Dieu en le nommant Abba. Cette expression araméenne utilisée par les enfants pour appeler leur père est l’équivalent de « papa ». C’est peut-être le plus beau nom de Dieu, même si son mystère est impénétrable. Le Père parle toujours en son Fils Jésus, même lorsque nous pensons qu’il se tait. « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé » (Matthieu 6, 8). Nous avons besoin de mots, de noms, pour traduire qui est Dieu : El, mot hébreu qui évoque la puissance et qui donne « le Très-Haut » ; YHWH, nom imprononçable qui désigne l’être et le devenir, traduit par « Seigneur », « l’Éternel » ou « Yahvé ». Que ce soit Théos, Deus, Dieu, Abba est peut-être le nom qui dit le mieux ce qu’il est : amour. Notre Père En apprenant à ses disciples à...
« Le sentiment universel de piété a donné la prière, et celle-ci produit de la religion », écrivait le poète Novalis. Littéralement, prier est un acte de religion par lequel on s’adresse à Dieu. Ainsi, quand un événement se fait menaçant ou que la mort frappe à la porte, la personne a souvent le réflexe d’implorer un être supérieur qui peut la secourir. Mais prier, c’est aussi se mettre en présence de Dieu en se recueillant, en méditant sa parole, en le rencontrant tout au long de la journée par des actes intérieurs de foi, d’espérance et d’amour. Prier ainsi dans le silence nous apprend à mourir. Car ce n’est pas une mince affaire que de durer dans la prière, d’être attentif au mystère de Dieu, de lui offrir notre patience devant son silence, de nous abandonner à sa miséricorde en nous laissant transformer par son Esprit d’amour. Mourir à soi-même...
Dans le christianisme, la méditation signifie surtout deux choses : une forme de prière intérieure et une manière de « ruminer » la Parole de Dieu, appelée lectio divina. La première forme est appelée oraison ou prière contemplative, et s’est surtout développée à partir des écrits de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix. La lectio divina d’abord été pratiquée chez les Pères de l’Église et les moines. Les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola sont une autre manière de méditer la Parole de Dieu. Se tenir au centre C’est le mérite du moine bénédictin John Main (1926-1982), et de son fils spirituel Laurence Freeman, d’avoir rendu accessible une forme de prière très simple qui remonte aux premiers siècles de l’Église et qu’on avait un peu oubliée. Pour Main, le mot « méditation » veut dire : se tenir au centre de notre être, c’est-à-dire en Dieu. Il va s’appuyer sur ce que dans l’hindouisme on...
Les 8 et 9 décembre 2017, les Amis du Père Caffarel ont organisé un colloque international au Collège des Bernardins, à Paris : « Henri Caffarel, prophète pour notre temps ». Cette manifestation avait pour objectif de montrer l’influence du père Caffarel (1903-1996) dans le monde, de présenter sa pensée et ses intuitions sur la théologie du mariage et sur la prière intérieure. J’avais été invité à prononcer une conférence intitulée Henri Caffarel, maître d’oraison, qui est devenue un livre. J’ai déjà partagé mon exposé sur ce blogue : L’oraison selon Henri Caffarel. Voici que le texte intégral de toutes les conférences et interventions, ainsi que la transcription des tables rondes assurée par le comité de rédaction, ont été publiés en 2018 aux éditions du Cerf. Nous découvrons en 300 pages la vocation de cet homme de Dieu pour qui le Christ était tout dans la vie. Nous suivons le fondateur des Équipes Notre-Dame qui développa la spiritualité conjugale dans...
La prière ne marche pas à côté de la vie, elle est dans la vie. Et comme la vie n’est pas parfaite, notre prière ne l’est pas non plus. Ne nous décourageons pas. On peut s’adonner partout à la prière, comme une amitié à Dieu au fil des rencontres. C’est une prière de pauvre, fréquente et spontanée, simple et profonde, qui se nourrit à même la vie. La vie devient prière, même si l’on croit ne pas savoir prier. Prière et amitié Dieu nous aime. La prière est un dialogue secret et plein d’amour qui n’appartient qu’à nous et Dieu. Il nous offre sa présence sans que rien n’y interfère, même pas nos faiblesses. Celles-ci deviennent même une occasion d’expérimenter sa miséricorde infinie. La prière est une noce où l’Époux nous invite à sa table. Sa coupe débordante de vin nouveau fait danser notre cœur de joie, même si nous ne ressentons...
Dans l’oraison intérieure, nous accueillons l’amour du Dieu Père, Fils et Esprit qui n’est pas toujours perceptible à nos sens. On peut dire que c’est Dieu qui s’aime en nous, comme l’exprime le cistercien Guillaume de Saint-Thierry dans son traité La contemplation de Dieu : Ô aimable Seigneur, tu t’aimes encore toi-même en nous, quand tu envoies dans nos cœurs l’Esprit de ton Fils qui, par la douceur de l’amour, par la véhémence de la bonne volonté que tu nous inspires, crie : « Abba, Père! » Ainsi, tu fais de nous ceux qui t’aiment; bien mieux, ainsi tu t’aimes toi-même en nous. (Sources chrétiennes 61, Cerf) Une présence d’amour Telle fut l’expérience d’une femme mariée que le père Henri Caffarel présenta dans le livre Camille C. ou l’emprise de Dieu. Élevée dans un milieu familial athée, la jeune Camille perçoit pendant les vingt-cinq premières années de sa vie une mystérieuse présence d’amour au plus profond de son...
On peut se demander pourquoi il y a une si grande attirance de nos contemporains pour la méditation de type orientale, comme la méditation de pleine conscience, et une telle méconnaissance de l’oraison chrétienne, appelée aussi prière contemplative. Contrairement à certaines techniques orientales et psychologiques de méditation, il ne s’agit pas de se dissoudre dans un tout impersonnel, mais de chercher la rencontre du Dieu vivant dans une relation interpersonnelle d’amour qui nous ramène vers les autres. Un état d’éveil À l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’information continue, des portables et des tablettes, la méditation de pleine conscience, mindfulnessen anglais, est très populaire. Elle désigne un état d’éveil où la personne est attentive à son expérience sensorielle, cognitive, émotionnelle, ainsi qu’à tout ce qui l’entoure. Inspirée du bouddhisme, cette pratique se vit dans l’attention au moment présent et demande un arrêt pour mieux voir, une paix pour mieux accueillir, un...
Dans son Histoire d’une âme, Thérèse de Lisieux définit ainsi la prière : « C’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus ». On peut dire la même chose de l’oraison chrétienne, qui est une forme de prière intérieure et silencieuse où l’on porte un simple regard d’amour vers le Christ qui nous aime. Une relation de personne à personne Comme toute relation de personne à personne, l’oraison est « une réalité simple et complexe, à la portée de tous », écrit Henri Caffarel au début des Cinq soirées sur la prière intérieure. Il suffit de s'arrêter, d’accueillir le moment présent comme une grâce, de s'asseoir en silence dans la confiance au Christ, de l’aimer et de se...
Pour aller à Dieu dans l’oraison intérieure, il est important de trouver le chemin de ce que la Bible appelle le « cœur ». L’Esprit Saint peut nous aider à découvrir ce lieu de notre cœur habité par le Père et le Fils. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14, 23). Toute personne est dotée de ce cœur profond, ce « château intérieur », disait Thérèse d’Avila, où Dieu demeure en permanence. C’est le lieu de notre véritable identité, de notre unicité, de notre âme. « Qu’il faut qu’une âme soit grande pour contenir un Dieu », écrivait Thérèse de Lisieux à sa sœur Céline. Le cistercien André Louf évoque cet éveil du cœur dans son livre Seigneur, apprends-nous à prier. Il signale que toute méthode de prière vise cet objectif : retrouver le cœur et l’éveiller en...
Dans Une saison en enfer, Rimbaud écrit que « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes ». Or, s’il est un lieu privilégié où se déroule ce combat spirituel, c’est bien l’oraison, appelée aussi prière contemplative ou prière de silence. Que de chrétiens la commencent avec enthousiasme et l’abandonnent en cours de route. Y a-t-il plus d’anciens combattants que de jeunes recrues pour cette forme de prière intérieure ? Ne nous décourageons pas, nous pouvons toujours reprendre les armes si nous le voulons, car c’est avant tout une question de désir, de volonté, d’amour, de foi. L’oraison n’est pas une guerre pour surperhéros, elle est au plus un combat spirituel pour les pauvres que nous sommes. Je veux ce que tu veux Le père Henri Caffarel (1903-1996) a montré dans ses nombreux livres que l’oraison est une orientation libre de tout notre être vers Dieu. « Seigneur, je veux de cette oraison ce...
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