
Un jour, je participais à une table ronde sur la poésie et le sacré. Je parlais de la beauté des poèmes de saint Jean de la Croix. Mon interlocuteur écrivain partageait mon admiration, mais il ne comprenait pas la foi du poète. Comment croire en un Dieu qui envoie son Fils dans le monde pour nous sauver sur une croix? me lança-t-il. En effet, sans la foi, comment adhérer à un tel mystère? Saint Paul évoque très bien ce paradoxe d’un Dieu qui s’abaisse par amour jusqu’à s’anéantir sur la croix pour nous élever par sa résurrection (Ph 2, 6-11). Paradoxe chrétien d’unir ainsi souffrance et joie, vendredi saint et Pâques, puisque l’amour de Dieu absorbe tout. Paradoxe du langage qui a besoin du silence pour méditer ce mystère de la kénose divine (anéantissement). Paradoxe de Dieu qui a besoin de nous pour se révéler. Paradoxe de se vider de soi...