À l’heure de la diversité et de la laïcité, Noël dérange. Pour les uns, la symbolique de cette fête chrétienne est trop présente dans l’espace public. Pour d’autres, les traditions héritées des ancêtres sont obsolètes : sapin, crèche, messe, cantiques, réveillon, cadeaux. De plus, la consommation excessive entraîne un gaspillage inutile qui nuit à la planète, alors que tant de gens n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Puis, il y a l’autre Noël, où l’on célèbre une naissance qui nous dépasse, une présence que l’on attend. On chante « l’amour infini » du « divin enfant » endormi sur la paille, « entre le bœuf et l’âne gris ». Depuis deux mille ans, il met au monde l’espérance en s’identifiant aux plus petits, en nous invitant à plus de simplicité et de partage. Sa lumière illumine la nuit, son mystère s’entoure de silence : « Douce nuit, sainte nuit ! Dans les cieux ! L'astre luit ». La foi...
Le blogue de Jacques Gauthier
La loi 21 sur la laïcité de l’État au Québec a été adoptée sous bâillon le 16 juin. Les signes religieux pour les employés de l’État en position d’autorité sont désormais interdits, incluant les directeurs d’école et enseignants du primaire et du secondaire du secteur public. Le débat durait depuis plus de dix ans, mais il n’est pas clos pour autant. La loi est déjà contestée devant les tribunaux. Deux visions s’affrontent : le multiculturalisme canadien et le nationalisme québécois, les droits des minorités et l’affirmation de la majorité. Ce qui nous ramène à la question de l’identité québécoise. L’identité, qu’elle soit personnelle ou collective, est toujours en devenir. Elle est faite de racines et de chemins qui ne sont pas figés dans le temps et l’histoire. Il y a plus de 400 ans, des gens venus d’ailleurs se sont enracinés en Nouvelle France avec leur langue et leur foi. D’autres ont...
Jacques Grand’Maison, illustre théologien et sociologue du Québec, est décédé le 6 novembre à Saint-Jérôme d’un cancer des os. Il avait bien préparé son départ en nous laissant dans un dernier livre son diagnostic sur l’état des mœurs au Québec : Ces valeurs dont on parle si peu. Il signait ainsi son testament spirituel, dénonçant la superficialité et le manque de repères de la société québécoise. Ce constat sévère à la fin de sa vie peut sembler pessimiste, mais l’amoureux du pays s’inquiétait du vide spirituel de ses contemporains et de l’héritage à offrir aux nouvelles générations. Tel un prophète du désert, un veilleur d’aurore, il observait la vie à l’ombre des Laurentides, son puits artésien, pour en chercher le sens et discerner les signes des temps. Lui, le sociologue du quotidien, le théologien du peuple, tenait de ses parents une « espérance têtue », selon l’expression de Gaston Miron. Il partageait avec beaucoup...
Rencontre avec Bernard Perroy pour la revue française Feu et Lumière , no 337, avril 2014, p. 10-11. Le titre de l'article: "Jacques Gauthier. Une prise de parole au coeur de la cité". Jacques Gauthier, Québécois, est connu pour ses livres et ses conférences sur la petite Thérèse, la famille, les âges de la vie… Époux, père, grand-père, théologien, enseignant, essayiste et poète, il témoigne pour F&L de sa vie de foi et de son engagement de chrétien au coeur de la cité. F&L : Quel est le secret d’une telle activité ? Jacques Gauthier : Je fais oraison tous les matins depuis vingt ans et Anne-Marie, mon épouse, également de son côté. Le secret de la fécondité est là, dans ce cœur à cœur fidèle, même si c’est dans la foi, dans la sécheresse ; il y a une sorte de transfusion qui s’opère… Et c’est l’oraison qui féconde la « prise de...
Nous ne sommes pas seuls à habiter la terre. Depuis longtemps, des gens venus d’ailleurs arrivent au Québec avec leurs coutumes et leurs croyances. Ils découvrent un territoire aux saisons bien marquées, s’adaptent en douceur, s’intègrent plus ou moins, deviennent nos voisins. On s’apprivoise mutuellement, nous créons des liens, comme dirait Saint-Exupéry. Tranquillement, la méfiance se transforme en confiance, l’ignorance en connaissance et la tolérance en respect. S’il y a parfois des mésententes, des incompréhensions, si le bon sens ne se fraye pas toujours un chemin d’eux à nous et de nous à eux, on essaie de trouver des accommodements raisonnables. Et on finit la plupart du temps par s’entendre, hors des tribunaux, car ils font partie un peu de la famille, « et les humains sont de ma race » (Gilles Vigneault). Y avait-il péril en la demeure pour qu’un gouvernement minoritaire propose une charte de la laïcité qui divise la population...
- Pape François, Lumen Fidei, Parole et Silence.Le dimanche du Christ-Roi marque la fin de l'année liturgique et de l'Année de la foi. Une belle occasion de lire la première lettre encyclique du pape François, Lumen Fidei, La porte de la foi. Il complète un texte commencé par Benoît XVI. Ce texte lumineux écrit à quatre mains est une belle synthèse du mystère de la foi. Il aborde surtout la foi comme un don de Dieu, une écoute et une réponse de notre part à partir de la Bible, du Christ et de l'Église. - Andrea Tornielli, François, le pape des pauvres. Novalis.En complément à cette lecture, je vous propose une biographie du pape François du journaliste italien Andrea Tornielli et traduite par le bibliste québécois Jean-Pierre Prévost. L'auteur présente la vocation du cardinal Bergoglio, sa mission en Argentine, son élection comme pape. Bref, voici une vie "transpercée par le regard...
Le gouvernement Marois joue le tout pour le tout en durcissant sa position sur le projet de loi 60 au titre officiel : « Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que l’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodements ». Alors qu’on s’attendait à des adoucissements, le ministre Drainville a plutôt serré la vis. Le port des signes religieux ostentatoires est interdit aux employés de l’État dans les garderies, les écoles, les universités, les hôpitaux, les municipalités. Le gouvernement peut aussi étendre les obligations de la loi à des personnes et sociétés avec qui il est en lien par contrat. Le droit de retrait est limité dans le temps et pas accordé à tous. Il y aura une commission parlementaire sur ce projet de loi, mais le gouvernement ne semble pas prêt à des concessions. Il n’a pas consulté les partis de l’opposition,...
Ce qui devait être un débat sur la laïcité au Québec prend de plus en plus les allures d’un règlement de compte contre la religion. Des articles de femmes influentes, comme Janette Bertrand et Lise Payette, voient en celle-ci l’arme par laquelle les hommes dominent les femmes. Il faut donc s’en libérer, sinon c’est l’aliénation. Ce fut leur expérience des années 50 et 60, mais ce n’est pas nécessairement celles de toutes les femmes. Certaines se sont réapproprié leur religion, vivent avec joie leur engagement de foi. Si la société a changé, l’Église aussi, mais pouvons-nous le reconnaître, tant le malaise religieux est grand au Québec et les blessures profondes? Le problème, ce n’est pas la religion, c’est ce qu’on en fait. Elle peut être source de domination ou de libération. On confond trop aisément intégrisme et religion. Bien sûr, on trouve de l’intégrisme dans toutes les religions, mais c’est très...
L’auteure dramatique Janette Bertrand s’invite au débat sur la Charte des valeurs et passe à la table avec son menu cosigné par une vingtaine de Québécoises, les « Janette » : Le manifeste des « Janette » - Aux femmes du Québec. Comme apéro, le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes. Pour elle, ce droit semble compromis au nom de la liberté de religion. Je ne pense pas, tant l’égalité entre les sexes fait l’unanimité au Québec. La question est plutôt celle-ci : Est-ce que ces deux droits fondamentaux, bien protégés par les chartes des droits et libertés du Canada et du Québec, ont valeur égale ? Y a-t-il une hiérarchie des droits ? De là découle tout le reste. Mme Bertrand sort le plat principal en affirmant que « les hommes ont de tout temps et encore de nos jours utilisé la religion dans le but de dominer les femmes ». Notez bien, « les » hommes et non...
Il y a dix jours, le ministre Bernard Drainville présentait son projet de Charte des valeurs québécoises. C’était mal parti dès le début avec ce nom fourre-tout. Depuis, on est resté dans le flou. Des sondages le montrent, les Québécois sont divisés plus que jamais. Pourquoi ne pas avoir appelé tout simplement ce projet de loi : Charte de la laïcité ? J’en parlais dans mon blogue Charte de laïcité ou de valeurs : valeurs des uns, droits des autres. Nous sommes tous d’accord pour l’égalité entre les hommes et les femmes, pour la défense de la langue française, pour un État laïque et neutre, pour des accommodements raisonnables. Jusqu’ici, ça va. Mais quand la neutralité de l’État va jusqu'à interdire à ses employés le port de signes religieux visibles, là, ça se divise. Cela heurte de front les droits inaliénables de la liberté de conscience et de religion, de l’autonomie morale de chaque...
Dans le document sur la Charte des valeurs québécoises, Parce que nos valeurs, on y croit », il est écrit : « La religion a occupé un rôle fondamental dans l’histoire du Québec ; nous devons protéger cet héritage. C’est pourquoi le gouvernement propose de préserver les éléments emblématiques du patrimoine culturel du Québec, qui témoignent de son parcours historique. Le crucifix de l’Assemblée nationale, la croix du mont Royal ainsi que les éléments toponymiques qui ornent le paysage québécois, tels les noms des municipalités et des écoles, en sont quelques exemples. Nous souhaitons ainsi assurer la séparation de l’État et des religions ainsi que la neutralité et le caractère laïque de nos institutions, tout en protégeant notre héritage culturel et historique ». Cela semble contradictoire: un état qui se dit laïque mais qui garde un symbole religieux au lieu même où les élus légifèrent. Pour moi, qui a mis le Christ au cœur de ma vie,...
Valeurs des uns, droits des autres Le titre « Charte des valeurs québécoises » ratissait large. Des fuites calculées ont permis au gouvernement de tâter le pouls de la population, préparé la table au projet de la charte dévoilé le 10 septembre par le ministre Bernard Drainville. Il n’y a pas eu de surprises, puisqu’on savait en gros ce que la charte contenait. Le Québec est un État laïque qui n’a pas à promouvoir une religion plus qu’une autre, ça aussi on le savait. Avec cette charte, l’État se donne quelques règles concernant la laïcité pour un mieux « vivre ensemble », « Parce que nos valeurs, on y croit », d’après le titre du document présentant les orientations gouvernementales. Aux croyances religieuses des autres, voici celles du gouvernement Marois. Une charte de laïcité La neutralité religieuse de l’État, l’égalité entre les hommes et les femmes, il n’y a rien de spécifiquement québécois là-dedans. Ces valeurs communes...
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