Propos recueillis par Nathalie Calmé dans un entretien donné pour la revue Sources, Suisse, no 52, septembre 2021, p. 24-27. Vous dites souvent « Chaque âge a sa grâce ». Pourriez-vous illustrer cette parole à la lumière de votre propre expérience ? Oui, c’est vrai ! C’est une phrase poétique qui a un pouvoir évocateur. Lorsque je rencontre des personnes qui se plaignent de leur âge, qui n’acceptent pas ce qu’ils vivent ou ne profitent pas du moment présent, je leur rappelle que « chaque âge a sa grâce »… Chaque âge a sa beauté, sa musique, sa couleur. Chaque âge est un don. Un artiste ne sculptera pas une œuvre ou ne peindra pas un tableau de la même manière à vingt ans et à soixante ans. À quarante ans, j’ai traversé une crise profonde. J’ai eu une double pneumonie, la vie n’avait plus de sens, j’étais désabusé. J’étais affecté d'une morosité qui s'accompagnait d'une persistante sensation...
Le blogue de Jacques Gauthier
Nous te rendons grâce, Seigneur Jésus, pour le don de l’Esprit Saint à l’Église. Elle est ton corps répandu dans le monde, peuple de Dieu rassemblé pour l’Eucharistie.Emplis nos cœurs de ta lumière bienfaisante. Que le Défenseur qui procède du Père et du Filsnous donne la force de témoigner de l’Évangile.Qu’il nous transforme un peu plus en ton amour,nous purifie de tout ce qui éloigne du Royaume,alors nous demeurerons en communion avec toi. Envoie sur nous ton Esprit de sagesse,et notre tristesse se changera en joie. Qu’il mette en nous tes sentiments de paix,pour que nous la répandions dans le monde. Apprends-nous à voir ce monde avec tes yeux. Que l’Esprit Créateur nous conduise vers toi,qui es le chemin, la vérité et la vie.Qu’il nous rappelle tes paroles de salut pour que nous devenions une bonne nouvelle,une prière qui prolonge ton offrande au Père. Viens, Esprit de Pentecôte et de sainteté,souffle béni et source vive dans nos cœurs, enivre-nous de ta présence...
On peut se demander pourquoi il y a une si grande attirance de nos contemporains pour la méditation de type orientale, comme la méditation de pleine conscience, et une telle méconnaissance de l’oraison chrétienne, appelée aussi prière contemplative. Contrairement à certaines techniques orientales et psychologiques de méditation, il ne s’agit pas de se dissoudre dans un tout impersonnel, mais de chercher la rencontre du Dieu vivant dans une relation interpersonnelle d’amour qui nous ramène vers les autres. Un état d’éveil À l’heure des réseaux sociaux et des chaînes d’information continue, des portables et des tablettes, la méditation de pleine conscience, mindfulnessen anglais, est très populaire. Elle désigne un état d’éveil où la personne est attentive à son expérience sensorielle, cognitive, émotionnelle, ainsi qu’à tout ce qui l’entoure. Inspirée du bouddhisme, cette pratique se vit dans l’attention au moment présent et demande un arrêt pour mieux voir, une paix pour mieux accueillir, un...
Notre temps axé sur la performance et la vitesse manque terriblement de poésie. Heureusement, il y a le mois de mars, et le retour de la poésie dans l’espace public avec son Mois de la poésie au Canada et le Printemps des poètes en France. Les artistes sont « des tenaces, des résistants de la beauté, des combattants du verbe et de l’écrit », lit-on sur le site du Mois de la poésie 2018. « Résister parce que c’est un acte de vie ». Je viens de remporter le prix de poésie Le Droit 2018 pour mon 21e recueil, Un souffle de fin silence (2017, Le Noroît). «Le jury a souligné le rythme soutenu et efficace de l’œuvre, où la vie est joliment illustrée de la naissance à la mort, comme les saisons qui passent. Le jury a aimé cette poésie vécue et incarnée.» (Patrice Gaudreault, rédacteur en chef du Droit, à la remise du prix au...
La prière est la respiration de l’âme, dit-on souvent. Depuis le jour de la Pentecôte, nous prions dans le souffle même de l’Esprit Saint. Il nous aide à descendre dans notre cœur pour le tourner vers notre vis-à-vis, Dieu; « Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28). Il nous maintient dans l’existence par son souffle, (ruah en hébreu, pneuma en grec, spiritus en latin). Bien respirer, c’est accueillir le souffle de l’Esprit qui unifie notre être dans ses trois grandes dimensions : corps, âme, esprit. Respirer dans l’Esprit Saint Si nous commençons la prière dans l’agitation, il sera difficile de nous concentrer et de nous recueillir. Comme l’exprimait saint Augustin dans ses Confessions : « Seigneur, tu étais au-dedans de moi, et moi j’étais au dehors ». La respiration est un moyen pour se détendre, aller vers l’intérieur pour se rendre disponible à l’action de l’Esprit...
Patrice de La Tour du Pin (1911-1975) a été l'homme d'une quête: celle du Dieu de joie, le Christ pascal. Cette quête l'entraîna sur les routes d'une aventure spirituelle des plus exigeantes et des plus originales. La première œuvre du poète, La Quête de Joie, publiée en 1933, contient en germe les intuitions de trois Jeux qu'il écrira pendant quarante ans sous le titre d'Une Somme de poésie, parue chez Gallimard. Il dialogua avec la culture de son temps, si souvent indifférente à la foi chrétienne. C’est de lui que vient cette phrase : « Tout homme est une histoire sacrée ». Il se dépassa en poésie pour accéder à une théopoésie où le langage symbolique est au service de la Révélation du Dieu Amour. Le jardinier des mots La Tour du Pin se décrit comme un « jardinier des mots » qui a voulu écrire la grande prière de l’homme...
Ô mon cœurpourquoi cesser de battrele temps est suspendula corde se noueil fait si blanc dedans Le pouls s’affaiblitle souffle s’éteintl’âme s’écoules’échappe du canalvers la mort amoureuse Plus rien que le videséparé du corpssans connaissancepupilles dilatéesailleurs dans le silence À quoi joues-tu amipour me fausser compagnieaprès tant d’annéesde rires et de larmesma quête t’a épuisé Je ne bouge plustombe de la chaisechoc salutaireje reste sans voixtu bats de nouveau Le sang n’a fait qu’un tourje reviens de la merattiré en son centrebaiser froid sur les mainsattachées par un fil Tu t’emballais plus jeunepour sortir de la cagequand passait le printempstu t’es envolé à partme jetant par terre L’ambulance est arrivéeje gémis dans la prièrele nom m’ouvre au réelpain rompu de la douleuroubliée pour un instant J’ai couru sans t’écouterépris des échos du cielje te laisse reposersur la civière étroitepour mieux palpiter à l’aube Ô mon cœurcompagnon de routeje prendrai soin de toià présent je saistout peut s’arrêter Pour aller plus loin:...
Je vous partage la recension de Bernard Plessy, agrégé de Lettres classiques en France, au sujet de mon recueil Un souffle de fin silence (éditions du Noroît). Elle est parue sous le titre Hymne à la vie sur le site Aleteia, 26 février 2017. Dans son dernier recueil, Un souffle de fin silence, Jacques Gauthier entame une véritable quête poétique à travers les différents âges de la vie. Un poète ne raconte pas sa vie. Il l’évoque : il en fait apparaître ce qui lui donne sens. Avec les mots, sur fond de silence, il a tout pouvoir. Le coquillage du souvenir, appliqué à l’oreille interne, lui restitue le poème originel, l’entrée dans son histoire – et c’est comme le film très pudiquement charnel de sa naissance. La méditation du soir lui permet d’anticiper sa mort – et c’est une hymne à cette nouvelle entrée dans la Vie, splendide testament spirituel sur « l’art de mourir en joie. »...
Reviendras-tu, Esprit Saint,illuminer mes coins sombresquand la Parole me travaille,dilater ce pays intérieurquand le Verbe me visitedepuis le jour de mon baptême? Reviendras-tu, Esprit Saint,souffler sur ma braisequand je veille dans la prière,allumer ma lampe qui vacillequand retentit le cri de l’Épouxdepuis l’onction de la confirmation? Reviendras-tu, Esprit Saint,embraser mon attente d’eucharistiequand l’astre tarde à paraître,enflammer mon désir de pardonquand l’aube se figedepuis la nuit de la foi? Reviendras-tu, Esprit Saint,me donner un cœur nouveauquand je chancelle sur la route,éclairer mes pas de ta lumièrequand je lutte pour la justicedepuis le feu de la Pentecôte? Première version dans Prières de toutes les saisons (Bellarmin / Parole et Silence), p. 125.Voir aussi La prière chrétienne, guide pratique (Presses de la Renaissance). Vidéo de 21 minutes sur l'Esprit Saint, dans laquelle je récite la prière "Reviendras-tu, Esprit Saint. Vidéo ajoutée le 21 mai 2021.
J’aime bien me représenter l’oraison intérieure comme un chemin que l’on fait en marchant. Plus qu’un simple rite à accomplir, l’oraison est d’abord une expérience à vivre. Au début de mon cheminement spirituel, j’accordais de l’importance à telle posture, à la manière dont je respirais et priais, au silence, aux consolations que je pouvais ressentir. Mais avec le temps, cela est devenu moins important. J’ai compris que ce n’est pas la posture du corps qui est centrale, mais l’attitude intérieure qu’elle suscite, comme l’intention d’être en présence de Dieu, quoiqu’il arrive, même si je suis dans une grande aridité et que les distractions m’envahissent. En tant qu’être de relation, je me reçois de Dieu dans la prière intime qui me relie à lui dans une expérience de communion, mais non de fusion. La prière de Jésus S'il ne faut pas absolutiser les méthodes ou techniques de prière, celles-ci peuvent tout de...
De Beyrouth à Parisde Damas à Bamakon’est-ce pas le même air de novembrequi répand sur les corpsle chaud et le froidl’amour et la haine Du désert à la merle ciel et l’enfer se croisentpour quelle victoire Qu’est-il arrivé au vent du sudpour qu’il apporte la mort au nordil s’est levé plein de vie à l’estcomment s’est-il couché à l’ouestdans le sang et les larmes Des victimes jonchent les rueséchouent sur les plagesn’étaient-elles pas habitéesdu même souffle Quel coursier en furies’envole du fond de l’Orientlaissant une poussière de pétrolequi colle à la peaudes pays démembrés Où se cache la brise légèrequi panse les plaies de l’âmeson eau vive qui désaltèredu mal de vivredes pertes de l’exil Arrivés nus sur cette terredans une nuit pleine de trousnous résistons à la bourrasqueet dressons bien hautsur le mât de l’espérancel’oriflamme de la paix durable
Après un long hiver, nos frères les oiseaux nous reviennent de partout. En les regardant voler, en les entendant chanter, même très tôt le matin, je me dis que Dieu a créé les oiseaux pour sa joie et la nôtre. Au premier chapitre de la Genèse, le souffle de Dieu tourne sur les eaux comme un battement d’ailes. Après avoir créé la lumière, le firmament et la terre, il invente les arbres, puis les oiseaux d’un mouvement de sa paupière. Il fait chanter les arbres en y mettant les oiseaux de toutes les espèces. Jésus reconnaît la poésie qui éclate dans un vol d’oiseaux. Il nous invite à les regarder pour être libres comme eux, sans trop s'inquiéter du lendemain. « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup...
Un jour, j'assistais avec mon épouse à un récital d’un chanteur chrétien. J’étais assis de telle façon dans l’église qu’en regardant vers le chanteur je voyais ma compagne de profil. Un souffle ténu soulevait sa poitrine, battait comme une onde sur ses tempes. J’étais ému par cette expérience de présence. Mon regard en était un d’amour devant la vie qui passait par ce souffle fragile. Je respirais au même rythme qu’elle, respectant le secret de sa vie, la distance d’un soupir. Les personnes qui m’entouraient ne se doutaient de rien, pourtant je vivais une petite Pentecôte intérieure, comme il y en a tant dans nos vies, depuis le jour du «violent coup de vent» (Actes des apôtres 2, 2). J’avais l’impression de m’approcher du mystère de mon épouse, comme si ce souffle était un canal qui laissait couler son âme, une fuite par où s’échappait le souffle de Dieu qui respire...
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