Écouter, s'approcher, témoigner

Le 28 octobre 2018, à la messe de clôture du Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel », le pape François a livré une homélie magistrale sur la mission. Il voulait ainsi replacer la vocation des jeunes catholiques dans une perspective évangélique de disciples-missionnaires. La vocation est toujours liée à une mission : nous sommes choisis pour être envoyés. Retour sur cette homélie.

À partir de la rencontre de Jésus avec l’aveugle Bartimée (Marc 10, 46-52), le pape souligne trois étapes fondamentales dans le cheminement de foi. Ces étapes se déclinent en trois attitudes clés pour toute personne qui évangélise, un peu comme Jésus avec les pèlerins d’Emmaüs : écouter, s’approcher, témoigner. 

L’apostolat de l’oreille

L’écoute est première dans la mission. L’aveugle Bartimée est seul le long de la route; il n’a personne pour l’écouter. Quand il veut parler, des gens le rabrouent pour qu’ils se taisent. Mais Jésus entend son cri et le laisse parler. Il n’est pas expéditif; il prend le temps de l’écouter, de se laisser déranger. Pour le pape François, « voilà la première étape pour faciliter le cheminement de foi : écouter. C’est l’apostolat de l’oreille : écouter, avant de parler. »

Il suffit de se mettre à l’écoute de la vie, nous dit encore le Pape, en évitant les bavardages, en se concentrant sur les besoins du prochain, du jeune : « Je voudrais dire aux jeunes, au nom de nous tous, les adultes : excusez-nous si, souvent, nous ne vous avons pas écoutés ; si, au lieu de vous ouvrir notre cœur, nous vous avons rempli les oreilles. » 

Se faire proches

La deuxième attitude est de se faire proche « avec un amour de prédilection pour chacun ». C’est ce qu’a fait Jésus en s’identifiant à l’aveugle : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (v. 51). Le pape exhorte à ne pas être des doctrinaires ou des activistes, des maîtres de tout le monde ou des experts du sacré, mais des témoins de l’amour de Dieu qui poursuivent son œuvre à sa manière, dans la proximité, en se salissant les mains avec Jésus. « Demandons-nous si nous sommes des chrétiens capables de devenir proches, de sortir de nos cercles pour étreindre ceux qui "ne sont pas des nôtres" et que Dieu cherche ardemment ».

Témoigner au nom de Jésus

Le témoignage par amour au nom de Jésus constitue la troisième étape et attitude pour la personne qui évangélise. Il ne suffit pas de témoigner de n’importe quelle manière, mais par amour et au nom de Jésus. 

Aujourd’hui, tant de personnes cherchent des raisons de croire, d’espérer et d’aimer, mais si peu s’intéressent à elles. Pour François, « il n’est pas chrétien d’attendre que les frères en recherche frappent à notre porte : nous devons aller vers eux en portant Jésus ». Il n’y a rien de passif dans la mission. Le pape réitère son appel à être une « Église en sortie », comprise comme la totalité du peuple de Dieu qui évangélise. 

Le cri de Bartimée est un bel exemple de prière de foi pour nous qui sommes parfois découragés devant la mission : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi » (Marc 10, 47). L’aveugle avait besoin du salut, de rencontrer le Christ. « Dans la rencontre Jésus passe, dans la rencontre palpite le cœur de l’Église. Alors, non pas nos sermons, mais le témoignage de notre vie sera efficace », nous rappelle François, en nous invitant à valoriser les charismes de l’Esprit et en évitant tout cléricalisme.

Paru dans le Prions en Église Canada, juillet 2019, p. 181-182.
Lire aussi mon article du blogue sur l'exhortation Christus vivit: La lettre du pape François aux jeunes.

Pour aller plus loin: Notre coeur n'était-il pas brûlant? (Parole et Silence) Comment devenir saint? (Novalis).