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Le blogue de Jacques Gauthier

École de prière (15) Je ne ressens rien


Il est normal parfois de ne rien ressentir dans la prière, puisque toute émotion vient des sens et que Dieu est au-delà du sensible. C’est ce que le poète mystique Jean de la Croix appelle « la nuit obscure » : nuit par les sens et la raison qui sont privés de goût, nuit par la foi elle-même qui nous fait croire ce que nous ne voyons pas, nuit par Dieu lui-même qui est au-delà de tout ce qu’on pourrait en dire et comprendre. Ce Dieu, que «nul n’a jamais vu» (Jean 1, 18), mais que Jésus est venu révéler comme Père, est «un Dieu caché» (Isaïe 45, 15). Consolons-nous, tous les grands spirituels ont connu cette épreuve de l’aridité dans la prière. Dans la sécheresse spirituelle, Dieu semble absent, indifférent, caché dans un lourd silence. Ce sentiment d’être abandonné de Dieu est ressenti comme un vide intérieur, une solitude aride, un manque existentiel....

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Le toucher de la foi


La foi est un don de Dieu qui appelle une réponse libre de notre part. L'acte de croire est une expérience qui englobe toute la vie. La foi chrétienne n’est pas d’abord une doctrine ou une morale, c’est un toucher et une rencontre. Un contact avec DieuLe toucher de la mère auprès de son nouveau-né permet un contact par où l'amour s'exprime. Jean-Paul II, qui a fait sa thèse de doctorat sur la foi chez Jean de la Croix, parlait de la foi comme « un contact avec le mystère de Dieu ». On touche Dieu par la foi, à l’exemple de cette femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée » (Marc 5, 28). Jésus lui dira que sa foi l’a guérie. Il a saisi la main que cette femme lui tendait dans la foi pour la toucher à son...

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Quand prière et poésie s'embrassent


Quelle a été la première prière de l’humanité? Demande ou louange, personnelle ou communautaire, autour du feu ou au moment de la mort? Qui pourrait le dire? Par contre, les textes des civilisations les plus anciennes ont souvent été des prières. Qu’on pense aux hymnes rituels inscrits sur du papyrus de l’Égypte antique. L’acte de prier provoque une parole qui s’exprime dans toutes les langues, souvent de manière poétique et symbolique. Les plus belles prières sont souvent de remarquables poèmes que l’on retrouve dans les religions et sagesses. Le poète Novalis écrivait : « Le sentiment universel de piété a donné la prière, et celle-ci produit de la religion ». Des expressions du désir Mais prière ne rime pas nécessairement avec poésie, même si elles sont des expressions du désir. Le travail sur le langage n’est pas le même, le rythme des mots et le sens du texte diffèrent. La prière puise à une...

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Comme je vous ai aimés



Qu’il est difficile d’aimer, chante Gilles Vigneault. Nous en faisons l’expérience tous les jours dans nos relations. Pourtant, notre coeur n’est-il pas fait pour cela, aimer ? Le nouveau-né qui est privé d’affection peut se laisser mourir. C’est le besoin le plus fondamental de notre être : aimer et être aimé. Jésus a fait de l’amour fraternel son testament, un secret qu’il nous laisse avant de partir pour que nous vivions heureux: « aimez-vous les uns les autres ». Ce message est toujours d’actualité, même si amour rime souvent avec souffrance. Comment aimer ? L’amour ne se commande pas. D’ailleurs, n’est-ce pas naturel d’aimer, puisque nous sommes créés à l’image d’un Dieu qui n’est qu’Amour ? Pourtant, Jésus nous commande d’aimer ; il parle même d’un commandement nouveau. Oui, nouveau, car Jésus nous demande d’aimer comme il a aimé. C’est le « comme » qui fait toute la différence. Ce n’est pas le pourquoi aimer qui intéresse Jésus, mais le comment : « comme...

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Journée mondiale de la poésie


21 mars, journée mondiale de la poésie. Pourquoi? Parce que la poésie est inutile comme l'amour, la beauté, l'art, donc nécessaire pour vivre. Ce n'est pas rentable et productif, sauf pour alerter les injustices, éveiller à la beauté, résister contre toute espérance. Poésie: lucidité d'une conscience, un souffle qui veut durer. Nous en avons bien besoin aujourd'hui. Pour vous accompagner en ce début de printemps, voici un peu de mon "art poétique", texte que l'on retrouve à la fin de mon recueil La vie inexprimable. Accompagnement Il me semble que « la vie inexprimable » de René Char, neuve et merveilleuse, renvoie comme en écho à la « vraie vie » de Rimbaud, à cet ailleurs rêvé dans l’absence, forme supérieure de présence : « J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges » (Une saison en enfer). Le poète reste imbibé de cette vie offerte au grand vent que le mouvement manifeste plus...

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Mon ami Jean de la Croix



Le 14 décembre est la fête liturgique de saint Jean de la Croix (1542-1591). Je me rappelle ma rencontre avec ce grand poète mystique. J'avais vingt et un ans lorsque j'ai lu ses écrits pour la première fois. Je vivais alors à l'Arche de Trosly-Breuil, en France, en réponse à une redécouverte de Jésus et de son Église. Tout me déconcerta dans cette œuvre : les symboles poétiques, l’anthropologie médiévale, la théologie scolastique. Pourtant, cette lecture me marqua au plus profond de l’être, car une soif ardente de connaître Dieu m’animait. Je trouvais enfin quelqu’un de fiable qui répondait à ma quête spirituelle en me proposant des moyens concrets pour aller à Dieu dans la joie et l’espérance.Le poète espagnol présentait clairement et lucidement les grands éléments de la vie intérieure, ses nuits et ses aurores, ses exigences et ses illusions. Ses mots me brûlaient de l’intérieur, sans que je cherche vraiment à les comprendre....

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La lumière du mystère


         Dans Le Devoir du samedi 24 novembre, Jean-François Nadeau commence son article Cessez-le-feu en citant un extrait de l’audience générale de Benoît XVI : « Si, face au mystère, la raison ne voit que l’obscurité, ce n’est pas à cause de l’absence de lumière, mais de son excès. » Je ne sais pas si Monsieur Nadeau a lu tout le texte, mais il conclut que la raison, ici la lumière, apparaît comme un ennemi, et que pour Benoît XVI, l’obscurité n’est autre que la lumière totale. Il l’accuse de détourner le sens des mots, avec « tous ces papes de l’obscurantisme, qu’ils soient catholiques, juifs ou musulmans ». Hors, le pape dit tout le contraire dans cette catéchèse du mercredi 21 novembre, en lien avec l’Année de la foi qu’il a lui-même décrétée. Il affirme que devant le mystère de Dieu, trop de lumière ne cache pas à la raison cette lumière, mais l’aveugle, tant...

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