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Le blogue de Jacques Gauthier

Qui est Léonie Martin?

Lorsque Grégory Turpin des éditions Première Partie à Paris m’a demandé d’écrire un livre sur Léonie Martin, je n’ai pas hésité longtemps. J’avais déjà publié, dans la même collection « Nés pour le Ciel », une biographie de son illustre sœur : Thérèse Martin, un fabuleux destin.

Une vie cachée

Léonie, née à Alençon le 3 juin 1863 et décédée à Caen le 17 juin 1941, a très peu écrit : des lettres à sa famille et quelques notes de retraite. C’est un peu mince pour un biographe. Heureusement qu’on peut consulter le site Internet des archives du Carmel de Lisieux. Il contient une véritable mine d’informations sur elle et sa famille, dont près de trois cent cinquante lettres envoyées à ses sœurs, et leur millier de réponses. Je m’en suis tenu surtout à cette correspondance régulière, et à ce que d’autres ont pu écrire sur elle.

Raconter sa vie demeure tout de même un défi. Non qu’elle soit inintéressante en soi, mais Léonie a toujours voulu rester caché, comme « l’humble violette », selon son expression, recherchant plus l’ombre que la lumière. Puis, je me suis souvenu de cette parole de Jésus : « Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Mt 5, 16).  

Leonie Martin

J’ai voulu, par cette biographie, mieux connaître celle qui se situe au milieu de la fratrie Martin, entre Pauline et Marie, Thérèse et Céline. Leurs parents Louis et Zélie, canonisés à Rome le 18 octobre 2015 par le pape François, n’ont pas recherché les honneurs et les premiers rangs. Ils ont montré à leurs enfants le chemin de l’Évangile par la prière fervente et l’amour des plus pauvres. Ils ont voulu aimer Dieu jusqu’au bout, dans la joie comme dans les épreuves. (Lire sur mon blogue: 12 juillet, saints Louis et Zélie Martin).

Léonie a tout de même donné du fil à retordre à ses parents. « Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? », auraient-ils pu dire avec un brin d’angoisse, comme bien des parents aujourd’hui. Ils ont beaucoup prié pour qu’elle trouve sa place dans le monde et dans l’Église. La grâce, mine de rien, a fait le reste, traçant un chemin de sainteté à même ses blessures : hypersensibilité, problèmes de santé, eczéma, difficultés scolaires, instabilité, mélancolie, tristesse. Ce qui ne l’a pas empêchée de croire à l’amour de Dieu et de devenir religieuse. Personne n’aurait misé sur elle, pourtant elle pourrait un jour être reconnue sainte par l’Église. 

Une vie blessée

De santé précaire dès sa naissance, Léonie Martin est restée fragile jusqu’à sa mort au monastère des Visitandines à Caen. Moins douée que ses quatre sœurs, devenues carmélites à Lisieux, elle fait figure de vilain petit canard qui inquiète grandement ses parents Louis et Zélie. Elle est renvoyée de l’école en raison de son indiscipline. La servante Louise s’est mise dans la tête de dompter son caractère. Elle la maltraite en secret durant plusieurs années, ce qui la blesse profondément. Elle cumule les gaffes et les échecs, dont trois essais ratés pour devenir religieuse.

Dans la famille, on l’appelle « la pauvre Léonie ». Avec le temps et la prière, surtout celle de sa mère et de la tante visitandine, sœur Marie-Dosithée, elle devient « la bonne Léonie ». Courageuse et déterminée, elle a une volonté à toute épreuve et un cœur d’or qui la rend attachante et dévouée. Sa force réside dans la faiblesse, que le Christ transforme en sainteté. Elle garde une confiance invincible en sa miséricorde. Il va la guérir progressivement des blessures profondes pour que l’Esprit Saint la conduise où il veut.

Léonie entre à la Visitation de Caen en 1899, à l’âge de trente-six ans, et prendra le nom de sœur Françoise-Thérèse. Elle trouve en la doctrine de saint François de Sales, fondateur de la Visitation avec Jeanne de Chantal, une spiritualité incarnée dans le réel quotidien, qui est aussi celle de sa sœur Thérèse, où le fruit délicieux de l’amour n’est autre que l’abandon.

Il lui faudra bien des nuits et des larmes pour s’accepter telle qu’elle avec ses imperfections. Elle est persuadée que ses fragilités et ses limites ne sont pas incompatibles avec la sainteté. Ses sœurs de sang vont beaucoup l’aider par leurs conseils et leurs lettres : ne pas s’apitoyer, faire confiance, vivre l'humilité, tout accueillir comme une grâce, ne regarder que Jésus.  En misant tout sur Jésus, elle deviendra une « vraie religieuse », ce qui veut dire pour elle : être une sainte religieuse. Sa gentillesse et son humilité charmeront les sœurs visitandines, ainsi que les visiteurs qui la rencontreront.

Un chemin d’humilité

Thérèse avait promis qu’elle s’occuperait de sa sœur après son entrée dans la Vie le 30 septembre 1897. Elle a drôlement tenu parole. Le 21 novembre 1898, Léonie écrivait à ses trois sœurs du Carmel de Lisieux : « Je suis remplie de bonne volonté et de confiance sans bornes en Jésus qui ne cesse de me prévenir de tant de grâces. Avec cela, je le sens, je peux m’envoler à tire d’ailes ». Elle relit sans cesse l’Histoire d’une âme de Thérèse et lit tout ce qu'on écrit sur sa soeur, intégrant mieux que quiconque sa petite voie de confiance et d’amour qui l'aidera à se dépasser par amour pour le Christ. Elle témoignera avec beaucoup d’humilité et de simplicité au procès de béatification de celle qui deviendra « la plus grande sainte des temps modernes ».

Un jour, un prêtre demande à une religieuse qui se trouve à la porterie du couvent des Visitandines à Caen un entretien avec Léonie Martin, devenue sœur Françoise-Thérèse. « Je vais en parler à notre Mère », répond-elle, « mais je ne crois pas la chose possible. » L’ecclésiastique exprime son regret. Et la sœur de lui dire, en s’esquivant : « Franchement ! Vous n’y perdrez rien. » L’attente se prolonge. L’abbé sort déçu, un brin scandalisé. Croisant dans la rue son ami, M. Esnault, l’aumônier des Visitandines, il lui fait part de sa stupeur devant l’attitude de cette religieuse. L’autre éclate de rire : « Cher ami, elle vous a bien berné ! C’est à Léonie elle-même que vous avez eu affaire ! »

Un autre jour, un cardinal s’exclame : « Vous êtes donc la sœur de Thérèse ? », et Léonie de répondre humblement : « Oui, Éminence, mais cela ne me rend pas sainte du tout. » Elle parlera toujours de sa célèbre sœur sans se faire valoir, rétorquant avec humour : « Noblesse oblige, je suis d’une famille de saints, il ne faut pas que je fasse tache. »

Pour Léonie, être sainte, c’est tout centrer sur Jésus, le consoler en mourant à soi-même, le glorifier en aimant sa faiblesse, lui faire plaisir dans les petites choses du quotidien, comme être fidèle au premier son de cloche, ne pas parler trop fort quand ce n’est pas le moment, conserver une certaine égalité d’humeur, s’efforcer de sourire, au moins intérieurement, sans se décourager de ses fautes. Elle est comme un petit enfant qui se jette avec confiance et beaucoup d’amour dans les bras de son « tendre Père des Cieux », écrit-elle. « C’est ainsi qu’agissait ma Thérèse, je compte sur elle, à bon droit, pour m’aider et me conduire au Ciel . »

Elle marche en toute confiance avec sa petite sœur, devenue sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus en 1925. Comme elle, Léonie se sait aimée de Dieu, même si elle ne ressent pas toujours cet amour, surtout dans sa vie d'oraison. Elle se livre à son action transformante avec toute sa vulnérabilité. Au terme d’une retraite spirituelle en novembre 1927, elle écrit : «Plus je serai petite et effacée, moins je serai tenace et attachée à ma manière de voir et d’entendre les choses ; plus je serai heureuse parce que, très unie au bon Dieu, la vertu me sera plus facile en me passionnant, comme ma Thérèse, pour l’oubli.»

Quand on regarde la vie de Léonie Martin, comme celle de sa sœur Thérèse, nous ne désespérons pas de nos échecs et de nos imperfections, car nous savons que nous sommes toujours aimés de notre Père. Il nous arrive d’avoir peur devant l’inconnu, de douter devant une situation stressante, de nous replier sur nous-mêmes. À ces moments-là, il suffit de faire un acte de foi et de nous abandonner à Dieu en accomplissant notre travail du mieux qu’on peut, par les moyens ordinaires de la confiance, de l’espérance et de la simplicité.

Une petite visitandine pour l’éternité

Tout au long de sa vie religieuse, Léonie ne sera responsable d’aucun emploi, mais toujours « aide à ». Aide à l’économat en 1905, aide à l’infirmerie en 1913, à nouveau aide réfectorière en 1915. Elle écrit à sa sœur Pauline, non sans humour : 

« Je suis restée dans mon modeste emploi de réfectorière. Vu mon incapacité, je dois me trouver très honorée que l’on veuille bien me confier quelque chose dans la maison du bon Dieu où tout est grand. Quand parfois je me surprends à désirer autre chose, ou que je suis prise d’ennui et de dégoût, vite je fais un plongeon dans la volonté de mon Dieu, car en réalité il n’y a bien qu’elle que je veux et que j’aime uniquement. » 

Ses sœurs de la Visitation ont brossé un portrait attachant et clairvoyant d’elle. Nous le retrouvons dans les archives de la Visitation de Caen. Le père franciscain Stéphane-Joseph Piat, qui a été le biographe de sa famille, en relate les grandes lignes dans le livre qu’il lui consacre en 1966, Léonie, une sœur de sainte Thérèse à la Visitation. En voici de larges extraits, que je reprends dans ma biographie:

« Les Supérieures disaient d’elle : “Elle n’est pas très intelligente, mais elle a le bon sens normand”. Déficiente en orthographe et en calcul, elle ne brillait pas davantage dans les joutes d’idées. Elle avait peine à lire le latin. Son jugement s’avérait juste, mais avec une réelle lenteur, et une certaine étroitesse qui la rendaient parfois obstinée dans ses points de vue. Elle avait le besoin de la perfection en toutes choses, le culte de l’ordre poussé jusqu’à la superstition, le souci méticuleux de tout ranger : d’où des retards d’exécution, des occasions d’agacement pour l'entourage et des conflits mineurs s’achevant toujours par des excuses spontanément offertes et par un aveu sans artifice : « Vous avez raison de me reprendre ; c’est vrai, je suis insupportable, et, de surcroît, inconvertissable » […]

Le caractère, ouvert et droit, s’affermissait de jour en jour. La sensibilité demeurait vive, quelque peu démonstrative, sans rien d’affecté ni d’excessif. Léonie ignorait tout du genre « bonne sœur », comme de l’allure « grande dame », alors si courue dans les cloîtres. Si elle avait facilement l’œil humide, cela ne durait guère.

Sa mémoire, rompue aux plus hautes performances – elle retenait aisément les quelque deux cents pages des Constitutions et du Directoire –, la mettait en possession de tout le répertoire de M. Martin, en fait de chants, de poésies et d’anecdotes. Elle en émaillait avec beaucoup d’à-propos les entretiens et les fêtes de Communauté, jouant agréablement de sa voix faible, mais vibrante, au timbre harmonieux […]

On la taquinait volontiers. Elle s’y prêtait de bonne grâce, riant la première de ses maladresses à la besogne ou de ses bévues à l’office […]

Elle était naturelle en tout, nullement guindée, et si bonne qu’on ne lui tenait pas rigueur de ses petites manies. Rendre service sans acception de personne faisait ses délices. Elle semblait ne s’y point contraindre, mais au contraire s’étonner qu’on daignât accepter son aide. C’est que, sous l’action de Thérèse et de sa voie d’Enfance, elle tournait de plus en plus en humilité paisible le complexe d’infériorité qui l’habitait depuis toujours et qui aurait pu la paralyser. Dieu avait jeté sur elle comme un voile d’ombre, qui lui cachait ses qualités solides et ses vertus de pur métal. « Moi, je n’ai rien, disait-elle, je suis une pauvre loque. » (Voir la nouvelle édition du père Piat, Léonie Martin. La sainteté inattendue d’une sœur de Thérèse. Éditions Emmanuel, 2017, p. 117-120. 

Entre dans la joie de ton Seigneur

Léonie Martin est installée à l’infirmerie du monastère de Caen depuis janvier 1941. Une fenêtre donne sur la chapelle, où elle peut se tourner vers Dieu la nuit. Elle souffre en silence, comme elle l’a fait une grande partie de sa vie. Elle est incapable de prier, alors, comme Thérèse elle ne dit rien à Jésus, elle l’aime tout simplement. 

Ses dernières lettres surprennent par leur candeur et leur transparence. Le ton est résolument à la confiance et à l’action de grâce, avec cette pointe d’humour et d’autodérision qui désamorce les tensions. Elle est prête à mourir, l’âme en paix. 

Le 29 mai, une bronchite aggrave son état. La supérieure se tient à ses côtés. On se préoccupe de ses funérailles, en cette période troublée par la Seconde Guerre mondiale. Le 3 juin, on souligne l'anniversaire de ses soixante-dix-huit ans. À cette occasion, elle reçoit une bénédiction spéciale de Pie XII, elle qui a été si souvent oubliée dans son diocèse, contrairement à ses soeurs carmélites. « Mon petit cœur craque de joie et de reconnaissance », écrit-elle à ses deux sœurs du carmel de Lisieux, Pauline et Céline.

Jeudi matin, 12 juin, l’infirmière la trouve sans connaissance au pied du lit. Elle est paralysée du côté droit et elle a perdu l'usage de la parole. Elle reçoit l'extrême-onction. Elle demeure cinq jours dans une lente agonie, serrant dans les mains le chapelet de sa sœur aînée Marie, qui est décédée au Carmel de Lisieux le 19 juillet 1940, et baisant le crucifix de Thérèse. On place devant elle une statue de la Vierge du Sourire, en murmurant ces vers de sa petite sœur : « Toi qui vins me sourire au matin de ma vie/ Viens me sourire encor, Mère, voici le soir. »

Lundi 16 juin, jour anniversaire de la grande apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie, visitandine de Paray-le-Monial qui l'a guérie dans son enfance. Son état s’envenime. On devine sur ses lèvres le mot : « Maman ! » Elle s’anime un peu quand, à voix basse, on répète à son oreille l’Acte d’Offrande à l’amour miséricordieux de sa chère Thérèse.

17 juin 1941, peu après minuit, elle fixe d’un regard très tendre sa supérieure qui est près d’elle. Elle lui sourit et elle pousse deux petits soupirs en expirant doucement et en fermant les yeux. Elle passe de l’ombre à la lumière. Il est 1 h 30 du matin. Selon son désir, la communauté entonne le Magnificat, non le De Profundis habituel.

La nouvelle de son décès est transmise par la radio dans le monde entier. Les messages de sympathie affluent de partout. Pie XII offre personnellement la messe à son intention. La supérieure écrit au cardinal Suhard, archevêque de Paris, qui l’avait rencontré plusieurs fois et qui l’aimait beaucoup. Il répond :

« Combien je suis d’esprit et de cœur auprès du cher monastère de Caen, au moment où il pleure la disparition de celle qui fut au milieu de lui une fleur d’édification et de sainteté ! comme sa sainte petite sœur. Sœur Françoise-Thérèse fut au milieu de vous l’humble violette qui embaumait le monastère de la sainteté […] Ce sont de telles âmes qui attirent, non seulement sur la maison qu’elles habitent, mais sur le monde entier, les bénédictions du Ciel. »

Qui aurait pu prévoir une telle mission et un tel rayonnement de Léonie auprès des familles, surtout à partir des années 1970 ? Selon moi, elle est celle qui a le mieux compris et mis en pratique la petite voie d’enfance spirituelle de Thérèse, à cause justement de sa petitesse et de son amour, de ses blessures et de ses fragilités. Les couples et les parents ne se sont pas trompés ; ils reconnaissent en elle un modèle de persévérance en qui le Christ a fait des merveilles. Plusieurs vont prier près de sa tombe, dans la chapelle de la Visitation à Caen. Sa vie difficile peut inspirer les jeunes d’aujourd’hui qui doutent d’eux-mêmes et qui peinent à trouver un sens à leur vie.

Vox populi, vox Dei. Léonie est déclarée servante de Dieu en janvier 2015 par Mgr Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux. Sa cause de béatification est ouverte à Rome depuis mars 2020. Le 3 février 2021, la Congrégation pour la cause des saints reconnaît la validité du procès diocésain. L'examen de ses vertus pourrait permettre de la déclarer vénérable, le prochain pas d’une éventuelle béatification, si telle est la volonté de Dieu. 

Prière

Seigneur Jésus, médecin des âmes et des corps,
nous te rendons grâce pour ta servante Léonie,
qui a cherché les réalités d’en haut
avec ses blessures et ses limites.
 
Par la puissance de ta résurrection,
elle est passée de la mort à la vie,
de la blessure à la joie,
de l’épreuve à la victoire.
 
Qu’elle nous obtienne la grâce que nous lui demandons.
Qu’elle nous aide à vivre les Béatitudes avec toi, Seigneur.
Que l’Église la vénère un jour comme la sainte
des petits et des familles, pour ta joie et la nôtre.

Léonie Martin. Qu’est-ce qu’on va faire de toi? (Coll. Nés pour le Ciel) Paris. Première Partie, 2023, 160 pages + photos, 13,90€. Diffusé au Canada par Novalis, 23,95$.
Voir la bibliographie et la chronologie de la vie de Léonie à la fin du livre.

Pour aller plus loin: mes livres sur Thérèse de Lisieux.
Les articles consacrés à Thérèse et la famille Martin sur mon blogue.
Mes vidéos sur Thérèse et la famille Martin dans ma chaîne YouTube.
Site des archives du carmel de Lisieux: https://archives.carmeldelisieux.fr/
Site de Léonie des Visitandines de Caen: https://www.leonie-martin.fr/

Ma vidéo de 45 minutes sur la vie et la mort de Léonie Martin, ajoutée le 20 avril 2023. Regarder sur ma chaîne YouTube, ou ici:

 

Mois de mai, mois de Marie
L'espérance en la miséricorde divine
 

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mercredi 3 juillet 2024

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