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Le blogue de Jacques Gauthier

À Dieu, Benoît Lacroix (1915-2016)

Le bon père Benoît Lacroix est entré dans la vie le 2 mars et les témoignages d’affection continuent d’affluer dans les journaux, réseaux sociaux, blogues… Il a beaucoup aimé le peuple du Québec, l’accompagnant dans ses passages, l’invitant à ne pas oublier ses racines, sa devise : « Je me souviens ». On se rappelle donc de lui avec tendresse ces jours-ci.

Benoit Lacroix

Hier, des centaines de personnes ont défilé devant sa dépouille exposée en chapelle ardente dans l’église du couvent Saint-Albert-le-Grand à Montréal. François Gloutnay en donne un bon compte-rendu dans le média Présence. En ce 10 mars, jour de ses funérailles, la communauté se rassemble autour de Benoît pour entendre la Parole de Dieu, prier en silence, célébrer l’Eucharistie, remercier le Seigneur pour tout ce qu’il a fait de merveilleux dans sa vie. Ce sera plus une action de grâce qu’un hommage. Ma foi me dit que l'enfant de Bellechasse, le fils de saint Dominique, ne s'est pas éteint, mais allumé au feu du Ressuscité qu'il a entrevu dans la joie près du fleuve. 

Il y a eu beaucoup de beauté, de bonté et de vérité chez ce dominicain doué pour le bonheur et l’amour. Je l’ai rencontré brièvement à quelques reprises et, comme plusieurs, j’ai été touché par sa chaleur humaine, son sourire coquin, son sens de l’humour, sa sagesse de campagnard, sa profonde érudition, sa simplicité d’enfant, sa sérénité dynamique. Ami des poètes et des saints, il était allumé comme eux, ouvert à tout ce que la vie pouvait lui apporter de joie et de souffrance. Il s’est amusé durant un siècle sur cette terre, accueillant avec humilité le moment présent, de l’aube au crépuscule. Compagnon du silence et des livres, passeur de cultures, il a récolté à pleines mains la moisson d’œuvres d’auteurs connus et inconnus, qu’ils soient du Moyen Âge ou d’aujourd’hui.

Le centenaire aux yeux bleus voyait toujours le bon côté des choses, ce qui en surprenait plusieurs. Il ne désespérait pas de l’humanité. Je pense que c’était un fruit de sa méditation de l’Évangile, de sa foi en la résurrection du Christ, qui prolongeait sa « messe sur le monde », pour reprendre l’expression de Teilhard de Chardin. Quand on l’interrogeait sur Jésus et la foi, il avait les mots qui parlaient à ses contemporains. À ceux et celles qui auront eu la grâce de le côtoyer, le père Lacroix leur aura fait expérimenter la gratuité de l’amour. Il ne lui restait plus que cela dans sa vieillesse, aimer.

Heureusement, il nous reste aussi ses articles, ses nombreux livres. Je me souviens que lorsque Noël et Pâques arrivaient, Le Devoir lui offrait sa page éditoriale. Retrouver cette parole « reliante » dans ce quotidien était rafraîchissant, voire rassurant. J’avais écrit au journal pour le remercier à l’occasion de son dernier texte paru le 24 décembre 2010, alors qu’il avait 95 ans. Voici un extrait, que je trouve de circonstance, et que l’on retrouve dans Le Devoir du 29 décembre 2010, sous le titre Merci Benoît Lacroix :

«  Benoît Lacroix s’ouvrait au mystère, tel un mystagogue qui s’émerveille à la manière des enfants, à qui appartient le Royaume, nous dit Jésus. Il invitait à sa table ceux et celles qui leur ressemblent : les sages, les poètes et les mystiques. Il savait boire à son propre puits et désensabler la source de la tradition chrétienne en l’ouvrant à la poésie et aux autres religions. Sa plume va me manquer, mais je respecte son silence, « ce langage sacré dans lequel on goûte l’amour », écrivait Marie de l’Incarnation ».

Je termine en reprenant ces mots de notre amie commune dans la voie de l’enfance spirituelle, Thérèse de Lisieux, décédée le 30 septembre 1897. « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie et tout ce que je ne puis vous dire ici-bas, je vous le ferai comprendre du haut des Cieux ». 

Pour connaître la vie et l'oeuvre de Benoît Lacroix, je vous renvoie à ce long article de Frédéric Barriault, paru le 7 mars, sous le titre, Père Benoît Lacroix: un homme d'exception. Il y a également de nombreux témoignages que vous trouverez sur Internet.  

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mercredi 3 juillet 2024

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